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Les Schleck se dévoilent

Eurosport
ParEurosport

Publié 30/06/2009 à 18:45 GMT+2

Ces deux-là sont inséparables. Bien plus que des coéquipiers et bien moins que des rivaux. Frank et Andy Schleck sont avant tout deux frangins dont le talent n'a d'égal que la complicité. Elle transparait à chaque ligne de l'entretien croisé qu'ils nous ont accordé avant le Tour de France.

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Crédit: Eurosport

Parlez-nous d'abord du lien très fort qui vous unit, car les gens ne mesurent peut-être pas à quel point vous êtes proches, y compris en ce qui concerne vos carrières respectives.
Frank SCHLECK: C'est vrai que nous deux, on a une relation très, très spéciale et c'est ce qu'on a toujours essayé de faire comprendre aux gens: si lui, il gagne, c'est moi qui suis beaucoup plus ému que pour une des mes propres victoires et là, à Liège-Bastogne-Liège, je n'ai pas pu cacher que j'étais très ému et très content que le "petit" frère gagne. Parce qu'avant c'était toujours: "Andy, le frère de Frank" alors que maintenant, c'est "Frank, le frère d'Andy.
Andy SCHLECK: Pour nous, la famille, ce sera toujours plus grand que le cyclisme donc il n'y aura jamais de problèmes entre nous deux à propos d'une course.
Frank: Même pour un maillot jaune!
Votre passion commune pour le cyclisme contribue quand même à solidifier cette relation…
Frank: On aime le vélo, on a une passion énorme pour le vélo, mais la vie, une famille, ça ne se crée pas sur un vélo. Ca se crée dans l'éducation et donc bien avant de penser à faire du vélo, avant d'être coureur professionnel. L'homogénéité d'une famille... enfin je ne sais pas comment expliquer... mais ça commence beaucoup plus tôt que la passion du cyclisme.
N'y a-t-il quand même pas une forme de rivalité entre vous? La concurrence est inévitable…
Andy: Je suis cinq années plus jeune que lui. Avant, il était plus fort que moi. On va dire qu'on avait beaucoup de discussions et à la fin de la discussion, il y avait toujours un "fight", et je n'avais jamais ma chance. Maintenant, on n'a plus ça. Maintenant, j'ai une chance de le battre, mais à l'époque...
Frank: C'est toujours comme ça. Mais pas en compétition, parce qu'en compétition, on travaille ensemble. Mais si on va à la pêche ou on joue à la Playstation, c'est toujours la compétition.
Andy: C'est une grande (il insiste sur ce mot) concurrence!
Votre équipe avait cadenassé la course l'an dernier sur le Tour. Avez-vous les moyens d'en faire de même cette année?
Frank: C'est vrai que l'année passée, on avait montré que l'on avait une équipe très, très forte, qui a vraiment laissé des traces sur le Tour de France. Cette année, on a encore un groupe solide. On a des coureurs qui sont très expérimentés. Je pense qu'on est au minimum aussi fort que l'année passée.
L'an dernier, Carlos Sastre avait profité de cette force collective pour remporter le Tour. Vous ne nourrissez aucun regret?
Andy: A l'Alpe d'Huez, Frank était peut-être le plus fort, mais il était bloqué à cause du maillot jaune. La veille, à Jausiers, c'était moi qui était le plus fort et j'aurais pu gagner l'étape et peut être aussi à l'Alpe d'Huez. Mais bon. Après, on travaille pour une équipe, on voulait gagner le Tour dans l'équipe, et c'était Carlos le plus fort. On a fait un travail d'équipiers exemplaires pour Carlos sur toutes les étapes après l'Alpe d'Huez, dans l'Alpe et avant l'Alpe. A la fin, on était content, on n'avait aucune frustration.
Frank: Aucun. Je n'aime pas qu'on dise que j'ai abandonné le maillot jaune. Le plus important était de gagner le Tour et je pense que Carlos a montré qu'il était un très grand coureur. Je suis content qu'on ait choisi cette tactique là parce que c'était lui le plus fort. Il a mérité sa victoire.
Revenons à ce Tour 2009. Pensez-vous que les Pyrénées permettront de faire une grosse différence d'emblée?
Andy: Je pense que c'est un peu tôt dans la course. Nous serons encore dans la première semaine. Ce sont des étapes parfaites pour des échappées avec pourquoi pas un scénario à la Voeckler, quand il prend le maillot jaune en 2004, c'est-à-dire un coureur pas favori du Tour qui s'empare du maillot pour une semaine ou même jusqu'aux Alpes. C'est un long Tour, et il y a peut être des équipes qui ne veulent pas trop travailler dans les étapes plates pour être en forme la dernière semaine. C'est un scénario qui est possible.
Vous seriez donc prêts à sacrifier un maillot jaune temporairement pour ne pas supporter le poids de la course?
Frank: Ca dépend. Bien sûr que c'est motivant d'avoir le maillot jaune. Si on a le maillot jaune à 5 centimètres, il faut le prendre, parce que, après, peut-être que tu ne l'auras plus jamais et tu te diras "j'aurais dû...". Avoir le maillot jaune, c'est quelque chose de très spécial. C'est un honneur. Mais c'est vrai qu'on a vu l'an dernier lorsque Cadel (NDLR: Evans) a eu le maillot jaune pendant sept jours avec une ou deux secondes d'avance sur moi. S'il avait laissé ces deux secondes, il n'aurait pas fait la course et aurait dépensé moins d'énergie derrière moi. Et peut-être que pour lui, ça aurait changé quelque chose à la fin du Tour. Parce qu'il a laissé beaucoup de forces pour défendre ces deux secondes, alors qu'il savait très bien qu'il allait me battre dans le dernier chrono. C'est toujours un équilibre à trouver.
Ya-t-il une étape que vous redoutez particulièrement, pour une raison ou une autre?
Frank: On craint toutes les étapes…
Andy: Peut-être l'étape qui finit avec comme dernier col la Colombière et qui compte cinq cols. Ce ne sont pas de très très hauts cols, mais l'accumulation des ascensions fera des dégâts, je pense.
Frank: Le col de Romme, c'est vraiment casse-pattes, il est très dur, il est long...
Andy: Et raide !
Le grand moment de ce Tour sera l'ascension du Ventoux, la veille de l'arrivée…
Frank: Andy, qui est plus jeune que moi, connaît le Ventoux mieux que moi, car il est allé en vacances quelques fois là-bas et il faisait des chronos. Combien tu mettais, Andy?
Andy: Une heure, c'était mon record, mais ce n'est pas depuis Bédoin. J'ai commencé en bas, là où ça monte fort, et en une heure, j'étais en haut. C'est pas mal pour un junior!
Frank: C'est vraiment un col mythique et je ne peux que dire toutes mes félicitations à ASO. C'est quand même un grand mythe de faire le Ventoux. Finir l'avant-dernière étape en haut du Ventoux, du sommet duquel on voit pratiquement toute la France, c'est mythique, c'est très grand, c'est très spécial.
Andy: La chaleur, c'est le plus grand problème du Ventoux, je pense. Quand on va le faire, en bas, dans la forêt quand il n'y a pas de vent, il fera très chaud. Quand je l'ai fait en junior, c'était à cette époque-là, il faisait une chaleur incroyable, peut-être 40°C. Ce sera un jour où on va espérer la pluie !
Andy, que vous inspirent les éloges de la presse à votre égard, notamment après votre victoire dans Liège-Bastogne-Liège?
Andy: Moi, je lis la presse luxembourgeoise, ce sont trois ou quatre journaux! Non mais, bien sûr, j'entends tout ça, mais c'est à moi de travailler pour atteindre ce niveau. Quand on en a parlé au Tour du Pays basque, j'évoquais trois classiques mais j'étais plus motivé et concentré pour Liège. C'est pour moi la plus belle, et aussi la plus dure, de l'année. C'est peut-être dans nos gènes. Après, je fais mon truc et j'espère faire un beau Tour de France. Mais si, à la course suivante, je suis derrière, la presse s'étonnera que je sois derrière.
Frank: Après sa victoire à Liège, c'est exceptionnel, Andy a gardé son sang-froid. Deux ou trois jours après, on était ensemble, on buvait un verre au bar, et il a signé des autographes aux gens. Il a gardé la tête froide, il n'a pas oublié d'où il venait. C'est ce que l'on a retenu de notre éducation: ne pas oublier que tu es un garçon comme un autre. Il a gardé ses pieds sur terre, tout le monde admire cela chez lui, c'est pour cela qu'il est respecté, pour cela que tout le monde l'aime.
Lequel de vous deux va gagner le Tour en premier?
Frank: Si je te laisse gagner le Tour de France, combien tu me payes?
Andy: Je te paye une belle voiture.
Frank: Ca devrait pouvoir se faire.
Andy: Et toi, quelle course tu aimerais gagner dans le futur?
Frank: C'est quand même le Tour, ce serait pas mal. Je ne vais pas dire que je vais le gagner mais bon....
Andy: Et les courses d'un jour?
Frank: Les courses d'un jour ? Liège-Bastogne-Liège !
Andy: Oui, bon, comme moi quoi (Rires).
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