"Les équipes devront nous imiter"
- Publié le 21-02-2008 à 06h45
David Millar, tombé dans la spirale de l'EPO par le passé, veut incarner la lutte antidopage
Bruxelles David Millar, une rumeur dit que vous avez écrit une lettre l'an passé à l'UCI, pour dire que vous ne vous sentiez plus à l'aise chez Saunier Duval, notamment en ce qui concernait le dopage. Est-ce vrai ?
"Non, ce n'est pas vrai. J'ai effectivement écrit à l'UCI l'an passé. Mais c'était pour évoquer mes points de vue à propos du dopage en général, dans le peloton. Cela n'avait rien à voir avec Saunier Duval en particulier."
On a l'impression que vous voulez être le porte-drapeau de la lutte antidopage...
"Je ne sais pas si je veux être le seul porte-drapeau, mais vu la situation actuelle du cyclisme et son image catastrophique, il faut des gestes forts. C'est pourquoi le projet de l'équipe Slipstream m'a directement parlé. Chez nous, le plan antidopage est très strict. C'est la tolérance zéro. Je pense qu'à l'avenir, toutes les équipes devront imiter notre mode de fonctionnement, avec des contrôles internes diligentés par un organisme indépendant et non par l'équipe elle-même, comme cela se fait quasiment partout ailleurs."
Certains suiveurs se disent parfois, qu'avec votre passé de dopé à l'EPO, vous ne pouvez pas être crédible dans cette lutte antidopage...
"Au contraire, je pense que dans mon cas, je suis même un exemple parfait pour incarner cette lutte pour un cyclisme nouveau. Le vélo a un passé très lourd à porter. Et je le reconnais; j'ai commis de graves erreurs en succombant à la spirale du dopage. Mais grâce à cette triste expérience, je peux conseiller les jeunes, les guider, pour qu'ils ne suivent pas la mauvaise voie que j'avais prise. Si on veut avancer dans la bonne direction, il ne faut certainement pas vouloir oublier le passé. Il faut s'en servir. En prouvant que l'on peut faire des résultats sans se doper. Juste en se montrant plus patient. Et en travaillant sérieusement."
Comment votre équipe, et son message de lutte antidopage, est-elle perçue dans le peloton ?
"Je dirais que nous sommes plutôt bien perçus. Dans ce contexte, la direction de l'équipe a d'ailleurs tenu à recruter des coureurs sur lesquels elle pouvait compter, mais aussi des gars appréciés au sein du peloton."
On a l'impression que, avec la politique de Slipstream, vous allez souvent être invités sur les grandes courses...
"C'est un de nos objectifs. Et nous nous sommes alignés au Tour du Qatar (NdlR : une course organisée par ASO, la Société du Tour de France) avec une forte équipe et surtout une bonne condition. Tous les jours, nous avons pesé sur la course, échouant de très peu dans le contre-la-montre par équipe (NdlR : battu de deux secondes par les Quick Step). On veut prouver qu'avec un système de contrôles internes très strict, on peut être compétitifs. Et on est déjà invités sur les principales courses italiennes, comme le Tour d'Italie, Tirreno - Adriatico et Milan-Sanremo (NdlR : ainsi que Paris - Nice, avant, probablement, de recevoir le précieux sésame pour le Tour de France et les classiques)."
Un petit mot sur vos ambitions personnelles en 2008 ?
"Tout simplement prendre du plaisir sur le vélo, bien encadrer les jeunes de Slipstream et emmener l'équipe au Tour de France en alignant au passage quelques résultats."
© La Dernière Heure 2008