"Montrer que c'est faisable à l'eau"
- Publié le 21-06-2007 à 09h35
Entretien avec Philippe Gilbert, à propos du dopage, de sa saison, de ses espoirs, de son avenir
REMOUCHAMPS Philippe Gilbert n'a jamais mâché ses mots, notamment à propos du dopage. "À la Française des Jeux, on en parle peut-être un peu trop , sourit-il. Quand je vois que Marc (Madiot, le patron de son équipe) se dispute avec certains de ses collègues à chaque course, je me demande si on ne devrait pas mieux se taire un peu..." Mardi, le Liégeois commentait pourtant avec satisfaction les mesures prises par l'UCI (voir nos éditions d'hier).
Vous restez pourtant réaliste.
"J'ai dit à mes équipiers qu'il ne faut pas s'enthousiasmer trop vite. Certains vont certainement user des arguments juridiques, mais c'est une bonne chose, qu'enfin, l'UCI pousse dans le même sens que ceux qui combattent le dopage. Tout ce qui est fait dans ce sens, nettoiera le milieu."
Il en a besoin ?
"Oui, quand on est propre, on a envie que cela bouge. l y a eu avant et après 1998. Avant, c'est le passé. Il y a eu deux mondes, je n'ai connu que le deuxième et, parfois, je me demande si c'est mieux maintenant."
C'est grave, ce que vous dites.
"Il y a des moments, où je doute, où je me dis : Je ne ferai pas carrière ! Mais je veux y croire. J'ai toujours pensé que je pourrais faire carrière en étant propre. Je rêve de gagner une grande course et de montrer que c'est faisable à l'eau."
Il y a des exemples, ou alors c'est à désespérer de tout !
"Certainement. Je pense que Boonen défend les mêmes valeurs. Sur ce qu'il dit, ce dont on parle, je trouve qu'il a beaucoup de valeurs. Évidemment, tout le monde doute de tout. Dès qu'un type gagne, il est douteux. S'il ne gagne plus, on doute encore. Regardez, dans son cas, il suffit dans un sprint d'être un poil moins fort, 2 % par exemple, ça fait la différence."
Dans son livre, qui a provoqué le scandale que l'on sait chez T-Mobile, l'ancien soigneur Jeff D'Hont a des propos élogieux à votre égard, à ce propos. Qu'en pensez-vous ?
"Ça fait plaisir, c'est bien. Il m'avait demandé s'il pouvait me citer dans son livre. Quand je suis passé pro, en 2003, il était à la Française des Jeux. Je crois qu'il y est encore resté deux ans et demi. Je ne le connaissais pas et encore moins son passé (NdlR : D'Hont a été impliqué et condamné dans l'affaire Festina). Il ne parlait jamais de ses histoires. Il a dû changer car franchement, je n'ai jamais rien vu ou entendu de sa part. Je dirais même que pour tout ce qui est entraînement et conseils à un jeune, il était très bon. Quand on est néo-pro, on ne se connaît pas, on a besoin de conseils."
Parlons d'autre chose. Vous avez encore un an de contrat à la Française, vous resterez en 2009 ?
"D'abord, on ne sait toujours pas quel sera l'avenir de l'équipe au-delà de 2008. Jusqu'alors, je suis sous contrat avec l'équipe. Après? Je verrai. Chez nous, je peux faire mon programme sans pression. L'an dernier, on a raté notre Tour. On s'est fait un peu engueuler mais c'est tout. Marc savait qu'on avait fait notre possible."
Vous êtes souvent seul dans les finales.
"Beaucoup de coureurs sont seuls. Quand il faut se battre pour être sélectionné, ce n'est pas évident non plus, il y a le risque de trop s'entraîner. Ce qui est sûr, c'est que je ne resterai pas quinze ans en France. J'aimerais voir d'autres courses, courir en Italie, en Espagne. J'aime bien les semi-classiques italiennes, ce sont des courses qui me conviennent, mais elles ne sont pas au programme de notre équipe..."
© La Dernière Heure 2007