Une dernière Amstel pour Boogerd
- Publié le 21-04-2007 à 05h00
Le Hollandais a annoncé sa retraite mais il veut encore briller dans sa course
VALKENBURG A la veille d'aborder sa dernière Amstel Gold Race, Michael Boogerd s'est livré sans retenue au jeu des questions et des réponses sur la décision la plus difficile qu'il eût à prendre dans toute sa carrière : quitter le peloton en fin de saison (après le Tour de Lombardie).
Michael, pourquoi annonce-t-on sa retraite 6 mois avant l'échéance ?
"L'Amstel est ma course favorite. Et en plus, elle se passe dans mon pays. J'ai pensé qu'il s'agissait du bon moment. Certaines personnes, je le sais, vont me préparer une fête pour mon départ à la retraite. Il fallait leur donner le temps de l'organiser. En même temps, je ne savais pas, au début de la saison, que celle-ci allait être la dernière. J'espère que ceux qui hésitaient à venir, dimanche, à l'Amstel, seront définitivement convaincus et qu'ils débarqueront pour me voir briller une dernière fois dans cette classique."
Qu'est-ce qui vous a décidé à quitter définitivement le peloton ?
"C'est la combinaison de différents facteurs mais la raison la plus évidente est que je deviens vieux. Mon corps me le fait sentir de plus en plus souvent. En 2005, j'avais souffert d'une blessure (NdlR : essentiellement au niveau du dos qu'il doit faire recraquer régulièrement), qui m'a handicapé toute l'année suivante et même jusqu'à Tirreno-Adriatico cette année. Mon corps commence à présenter quelques failles. Mentalement, c'est difficile à accepter. On sent alors, dans ces conditions, qu'il devient difficile d'être coureur cycliste et de s'entraîner correctement... ce qui rend la décision que je viens de faire connaître plus aisée à prendre. Notez qu'à 25 ans, je m'étais promis d'arrêter le vélo à 32 ans. Le mois prochain, j'en aurai 35, donc je commençais à avoir un peu honte de n'avoir pas tenu ma parole."
Vous imaginez-vous l'an prochain dans le même rôle (de directeur sportif) qu'Erik Dekker ?
"Non. Je n'en suis pas tout à fait sûr mais je pense que ce n'est pas une fonction pour moi. En réalité, je n'ai pas encore d'idée de reconversion. J'ai dit que je n'y penserais que lorsque j'aurais arrêté ma carrière, je me tiendrai à ça. Je reconnais que ce moment est un peu étrange pour moi. Avant, j'ai toujours pensé, de manière assez laconique : Arrêter ? Et alors ! Mais cette nuit (NdlR : jeudi), je n'ai pas très bien dormi. Ma femme, qui était là, est retournée à la maison, je me suis retrouvé seul dans ma chambre de coureur, ça m'a fait tout drôle. Il faudra que je m'y fasse, à cette décision..."
Vous avez la voix un peu chevrotante.
"C'est vrai. La course, c'est ma vie et je me sens toujours dans mon élément, capable de peser sur le déroulement d'une épreuve. J'ai pratiqué ce métier au plus haut niveau : partir me fait, me fera quelque chose. Ma décision, toutefois, est spontanée. Je ne voulais pas faire comme Erik (Dekker) ou Marc (Wauters) et annoncer ma retraite un an à l'avance. Je voulais éviter ce moment que Wauters a connu, lorsque, dans la tête, il devient difficile d'être coureur. Moi, je ne ressens pas ça. Mercredi, j'étais à l'entraînement et je pensais à la course de dimanche avec ambition."
© La Dernière Heure 2007