Peter Van Petegem: «Je suis toujours aussi motivé»
- Publié le 14-02-2006 à 07h26
Peter Van Petegem n'est pas victime d'un complexe Tom Boonen
HASSELT Il y a un an, Peter Van Petegem était encore le porte- drapeau de notre cyclisme. Douze mois plus tard, le Flandrien est rentré dans le rang, balayé par la vague Tom Boonen et ses exploits répétés, notamment sur le terrain de chasse même de son aîné. Une situation qui, bien loin de perturber le double vainqueur du Tour des Flandres et lauréat de Paris-Roubaix, convient sans doute à son tempérament réservé. Van Petegem n'a jamais apprécié les feux de la rampe. D'ail- leurs, une partie de la gloire qui entoure aujourd'hui le champion du monde, c'est aussi à Peter Van Petegem, le dernier étage de la fusée porteuse madrilène, que Tom Boonen la doit.
Le coureur de Brakel n'attend pas de son cadet un retour d'ascenseur et, au contraire, il compte bien, d'ici quelques semaines, repartir au combat dans les épreuves sur lesquelles il a bâti quasi toute sa carrière.
Peter, dans quel état d'esprit entamez-vous votre quinzième saison chez les pros?
«Je suis toujours aussi motivé et passionné par mon métier. S'il en était autrement, je ferais mieux d'arrêter et de passer à autre chose.»
D'autant plus que l'on arrive dans ce qui a toujours été votre période, celle de vos courses.
«En effet, si ça n'allait pas maintenant, je devrais me poser des questions. J'ai passé un hiver tranquille, sans problème particulier, même si, comme tout le monde, j'ai été un peu malade, à l'occasion.»
Aujourd'hui, après sa formidable saison 2005, Tom Boonen a pris l'ascendant, ce ne doit pas être facile à vivre pour vous.
«Il y a dix ans, c'était la même chose avec Museeuw et Tchmil. Maintenant, c'est Boonen. Ce qu'il a fait en un an, il m'a fallu dix saisons pour le réaliser. Et encore...»
Son arrivée vous fait quand même un peu d'ombre.
«Pas du tout, je ne prends pas ça comme cela. Et pour le cyclisme, pas seulement en Belgique, son éclosion est une vraie bénédiction. On a besoin de champions de son calibre et de son charisme.»
Pourtant, si le Tour des Flandres et Paris-Roubaix avaient lieu demain, il serait le superfavori. Peut-être d'ailleurs que la situation va mieux vous convenir, vous allez devenir l'outsider.
«L'an dernier, Boonen était déjà favori du Ronde.»
Oui mais moins que maintenant.
«Quand vous gagnez Harelbeke, vous devenez automatiquement favori du Tour des Flandres. L'inverse serait une erreur. Croyez- moi, je ne passe pas mes nuits à échafauder des plans pour voir comment je vais pouvoir le battre. D'ailleurs, pour que ça arrive, il faudra d'abord qu'on soit là tous les deux, en position de gagner. Et il n'y a pas que Boonen et Van Petegem comme prétendants au Tour des Flandres.»
Sa présence ne vous donne pas envie de chercher à diversifier un peu vos objectifs. Liège-Bastogne-Liège entre quand même un peu dans vos cordes.
«Oui mais le Tour des Flandres, je sais que je peux le gagner. Liège-Bastogne, surtout depuis l'an dernier et le changement de parcours, il faudrait un miracle. Sauf accident, je ne roulerai pas les classiques wallonnes. Comme les années précédentes, j'essayerai de briller du Volk jusqu'à l' Amstel, à l'exception de Milan-Sanremo que je laisserai de côté comme les deux dernières années.»
Vous changez un peu votre programme de préparation cette année.
«Par hasard. On ne roule pas la Ruta del Sol mais je débute mercredi au Tour d'Algarve, au Portugal. Le but, c'est d'être bien dès le Volk. Je l'ai gagné trois fois et je ne laisserai pas une possible victoire à un autre. Pour l'équipe, pour les sponsors, pour le public, pour les médias, c'est une course très importante. C'est là que la saison commence vraiment.»
Vous êtes en fin de contrat. Quel est votre avenir?
«Je penserai à cela après les classiques mais, après celles-ci, je compte bien encore rouler une ou deux saisons. De préférence dans cette équipe où je me sens bien. Il y a tout un groupe de jeunes de qualité. Je pense à un Steegmans par exemple. Cette année devrait être la sienne, vous verrez. J'aimerais continuer à encadrer leur progression. Donner des conseils ne m'a jamais rebuté. Un coup de main non plus...»
Oui, Tom Boonen le sait bien...
Eric de Falleur
© Les Sports 2006