Interview Mihkel Räim : 'Je veux prouver que certaines équipes ont eu tort'

Interview Mihkel Räim : 'Je veux prouver que certaines équipes ont eu tort'

Non reconduit fin 2020 au sein de la formation Israel Start-Up Nation et sans contrat à l’aube de la saison 2021, Mihkel Räim a trouvé refuge après quelques mois dans l’équipe Continentale polonaise HRE Mazowsze Serce Polski. Grâce à ses bons résultats, le Champion d’Estonie en titre a trouvé finalement une place au sein d’une formation UCI ProTeam pour la saison 2022, à savoir Burgos-BH. Rencontre avec un homme qui croit en sa bonne étoile.

 

Mihkel, après une année 2020 plutôt chaotique, ton contrat au sein de la formation Israel Start-Up Nation nest pas renouvelé. Comment as-tu vécu psychologiquement et moralement cette perte demploi ?

Cela a été très difficile. D’une part parce qu’il y avait l’épidémie de Covid-19 et d’autre part aussi parce que j’étais au sein de cette formation depuis 5 ans et que j’y faisais de bons résultats mais malheureusement, il n’y a pas eu au final de nouveau contrat. J’avais espéré qu’ Israel Start-Up Nation me garderait une année supplémentaire parce que j’avais été utile à l’équipe et que l’année 2020 avait été une année très étrange.

Après plusieurs mois dattente, tu retrouves enfin un contrat au sein de la formation polonaise HRE Mazowsze Serce Polski, ce fut un soulagement pour toi ?

Bien sûr, j'étais si heureux. J'avais l'impression que c'était encore mon premier contrat pro. Mais cela m'a aussi donné un peu de stress parce qu’à nouveau j'avais besoin de prouver que j’avais le niveau pour courir à un niveau supérieur.

As-tu eu des contacts avec dautres équipes durant cette période ?

J'aurais pu rouler dans une autre équipe, c'est sûr. J’avais d’ailleurs des contacts avancés avec mes deux précédentes équipes amateurs, St Etienne et Pro Immo, mais je les gardais en plan C parce repasser ensuite de la catégorie amateur à professionnel, c’est très dur. Il y avait aussi d'autres équipes continentales qui s'intéressaient à moi, mais j'aurais dû y rouler gratuitement, sans argent. Ce n'est pas quelque chose que je souhaitais faire.

En supposant que tu naies pas eu de contrat pour 2021, avais-tu un plan de back-up ?

En fait non, je n'avais qu'un seul plan : revenir dans le peloton pro. C'était mon seul objectif, alors j'ai fait All-in  sur ça.

Le moins que lon puisse dire, cest que tu les as en contrepartie bien remercier avec 5 succès (3 étapes, 1 classement général final et surtout un nouveau titre national dEstonie). Pas mal pour un coureur dont aucune équipe ne voulait ?

Je savais que je pouvais le faire. C'était une assez bonne saison mais loin d’être au Top. Mon hiver n'a pas été très bon au niveau de la préparation et j’ai dû courir très rapidement. Fatalement, le premier mois n’a pas été évident mais avec mon expérience, j'ai quand même obtenu de bons résultats. Ensuite, en deuxième partie de saison, j'ai eu beaucoup de malchance et des blessures. Bien entendu, j'étais en  bien meilleure condition pour obtenir des résultats mais après les championnats nationaux, mes sensations se sont dégradées et j’ai décidé de faire une prise de sang. Mes valeurs sanguines, l'hématocrite, étaient très basses et cela expliquait les mauvaises sensations que j’avais depuis  2 semaines. J’étais toujours très fatigué. Après cela, début août, je suis allé au camp d'altitude mais après une semaine, je suis tombé à nouveau malade. Ensuite, j'étais aligné pour le Tour du Danemark, où je voulais faire de bons résultats, mais le premier jour, j'ai eu une grosse chute et après cela, mon corps était complètement bloqué. Je n'étais plus du tout bien sur le vélo. J’ai pris le temps de réparer tout cela mais alors après, j’ai eu un accident de voiture en Italie,  et encore une fois mon corps a été meurtri…

Comment sest passée ton intégration au sein de cette formation polonaise ?

Cela a été très facile. Mes coéquipiers ont été très gentils et nous n'avons eu aucun problème. Ils m'ont traduit les choses dont j’avais besoin et nous avons eu de bonnes relations.

Tu as participé au Championnat dEurope en Italie sur un parcours qui ne te convenait pas. Et tu nas par contre pas été retenu dans la sélection estonienne pour les Mondiaux en Belgique sur un parcours pour toi et surtout sur des routes que tu connais très bien. Une déception ?

En résumé, je suis allé aux Championnats d'Europe uniquement parce que j'étais tout près. En effet, nous avions couru là-bas et nous n’étions qu'à 2 heures de Trento. J'y suis allé parce que j’espérais pouvoir aider l'équipe, mais après l’accident de voiture, mon corps n'était pas prêt pour un tel effort. Aucune puissance.

A propos des Mondiaux, c'était seulement ma décision de ne pas courir là-bas parce que c'était trop proche des Championnats d'Europe et que je n'étais pas bien du tout. J'ai senti que j'avais besoin d'un physiothérapeute et de retourner en Estonie pour obtenir de l'aide. De plus, cette année, nous n'avons pas couru en Belgique et sur des pavés, c'est donc aussi pour cette raison que j’ai préféré renoncer aux Championnats du Monde. Je ne souhaitais pas y aller pour juste finir la course, je voulais essayer d’y faire un bon résultat.

Tu as participé à ton premier grand tour (Vuelta) lannée dernière, que retiens-tu de cette expérience sur une course de 3 semaines ?

C'était difficile, surtout après le Covid, parce que ce sont des courses avec un niveau d’intensité très élevé. J'ai beaucoup appris mais aussi beaucoup souffert. Je ne veux pas recommencer cette expérience tout de suite même si je pense qu'il est possible de monter sur le podium dans certaines étapes.

Est-ce que lun de tes objectifs, cest de participer  au moins une fois à la grande messe quest le Tour de France ?

Cela pourrait être très sympa de faire le Tour et aussi le Giro mais, avec ma nouvelle équipe, cela ne pourra être probablement que la Vuelta. Maintenant, je ne suis pas encore si vieux, peut-être que dans le futur je pourrais le faire.

Tu viens de signer pour 2022 un contrat avec la formation espagnole Burgos. Peux-tu nous raconter comment cela sest fait ?

Nous étions en contact l'année dernière durant une courte période et cette année, après les championnats nationaux, ils m'ont recontacté et en août, un pré-contrat a été conclu.

A 28 ans, tu arrives dans les meilleures années de ta vie. Quels sont tes principaux objectifs pour 2022 mais aussi pour les années futures ?

Lorsqu’on regarde maintenant le peloton pro, il semble que les meilleures années soient celles où tu as entre 20 et 24 ans. Néanmoins, j'espère que maintenant je vais me sentir de mieux en mieux, du moins pour les 3 prochaines années. J'aimerais obtenir  à nouveau des victoires et prouver encore une fois à certaines formations qu’elles ont fait des erreurs de ne pas me faire signer au sein de leur équipe. Je sais que ma nouvelle formation Burgos et moi-même, nous ne serons que des outsiders dans de nombreuses courses mais j'aime ça. J'espère que nous pourrons créer des problèmes aux plus grandes équipes.

Si tu pouvais choisir une course à gagner, et avec ton profil de coureur, ce serait quoi ? Paris-Roubaix ?

Paris-Roubaix bien entendu mais aussi le Tour des Flandres, l’Antwerp Port Epic et le Tro Bro Leon…

Interview réalisée par Christian Hiernaut

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