INTERVIEW. Cyclisme - Mondiaux : "C'était dans un coin de ma tête" confie Julian Alaphilippe après son deuxième titre mondial consécutif

  • Qui est le plus heureux des deux ? Julian ou Marion Rousse ?
    Qui est le plus heureux des deux ? Julian ou Marion Rousse ? AFP - KENZO TRIBOUILLARD
Publié le , mis à jour
Recueilli par P.Louis

l'essentiel Le néo-double champion du monde ne se présentait en favori ce dimanche 26 septembre à Louvain (Belgique), pour la course en ligne des championnats du monde. Mais il l'avait tout de même bien noté : ce parcours lui convenait. Il a attaqué, il a gagné. 

La vie de champion ne manque pas de contraintes. Celle de champion du monde « réélu » est pire. Après les félicitations (celles des Français bien sûr mais aussi d’« adversaires » comme Zdenek Stybar ou Mathieu Van der Poel et puis Marion), le podium, le pipi réglementaire, des télés, d’autres télés, Julian Alaphilippe est arrivé en retard à la conférence que Van Baarle et Valgren avaient déjà quittée. Ses larmes du podium séchées, Loulou a répondu sans émotion particulière avant de nous quitter sur un étonnant : « Joyeux Noël » ! Le cadeau du patron bien avant l’heure.

Julian, pouvez-vous comparer ce titre à celui de l’an passé ?

C’est très différent. À Imola, j’avais tout fait pour réussir le championnat qui était mon but principal, mon objectif. J’étais prêt à gagner, je voulais gagner. Après, je viens de passer une année avec ce maillot de champion du monde et elle a été assez spéciale. Pour être honnête, je pensais à la semaine prochaine, au moment où je ne l’aurais plus. Et puis j’ai travaillé très dur ces dernières semaines et j’avais autour de moi aujourd’hui une équipe très forte, avec un état d’esprit formidable. Elle a fait une grande course et j’ai gardé le maillot.

Aviez-vous préparé cette tactique, est-ce que tout s’est déroulé comme prévu ?

On avait effectivement un plan qui ressemblait à ça, mais on pouvait le modifier en fonction de la course. J’étais dans un rôle libre, je pouvais attaquer, accompagner les attaques et si tout devait se terminer au sprint, c’était pour Florian. Je me suis senti bien toute la journée. Je devais passer à l’attaque, je n’allais pas attendre le sprint. Après, il ne fallait pas se focaliser sur un seul mec, sur Wout van Aert, il n’était pas le seul adversaire, il y avait aussi Colbrelli, Van der Poel et d’autres…

Vous avez en partie caché votre jeu, vous sembliez dire en arrivant en Belgique que vous alliez le laisser ce maillot…

Non, il y avait une part de vrai, je pensais vraiment que j’allais le laisser. L’an dernier, c’était une émotion incroyable de gagner le championnat du monde, et puis de porter ce maillot toute une saison. J’ai eu à cœur de le faire briller, de me faire plaisir, mais aussi d’être à sa hauteur et bien sûr ça m’a demandé beaucoup d’énergie. Avant d’arriver ici, j’avais un drôle de sentiment. J’étais presque content que l’année soit passée même si j’ai trouvé qu’elle était passée trop vite. J’étais prêt à partir sur de nouveaux objectifs, sur autre chose.

Et finalement vous le gardez au moins pour une année supplémentaire…

Bon, dans un coin de ma tête, j’avais quand même envie de bien faire, d’assumer mon statut. C’est ce que j’ai réussi mais maintenant, je vais avoir besoin de temps pour réaliser. En arrivant ici, je n’avais pas imaginé que je repartirais avec le maillot, vraiment pas…

Les derniers kilomètres ont semblé très longs…

C’était horrible. Je me suis vraiment fait violence. Je pensais à mon petit dans le final, j’ai tout lâché, à l’arrache. Il y avait beaucoup de supporters pour la Belgique et pour Wout van Aert. D’après ce que j’ai pu entendre, ils n’avaient pas forcément des mots très gentils mais je tiens à les remercier car j’ai appuyé encore plus fort grâce à eux. C’était quand même incroyable de voir autant de monde autour du circuit. Évidemment, dans le dernier tour, les Belges m’ont pas mal demandé de ralentir (sourire) mais je comprends, c’est normal…

Vos supporters pensaient parfois que ce maillot vous a empêché d’être vous-même….

Je suis toujours le même coureur. J’aime courir j’aime attaquer j’aime quand il y a du mouvement mais quand tu as ce maillot, c’est vrai, tu n’es jamais tranquille, tout le monde te regarde, tout le monde suit ce que tu fais… Moi je n’ai rien changé là-dessus et j’ai voulu continuer à courir comme je sais, à attaquer, à gagner avec mon cœur…

Vous savez combien de Français avaient réussi à conserver le titre ?

Non…

Aucun…

Alors ça me fait plaisir d’être le premier, d’être un peu plus dans l’histoire, et ça fera encore quelque chose à raconter à mon petit Nino…

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Les commentaires (2)
bleuil Il y a 2 années Le 27/09/2021 à 07:44

une course comme j ai jamais vu tout y etait....bravo julian.. un sacre champion du monde

tino Il y a 2 années Le 26/09/2021 à 23:30

campéon Julian