Interview, Alexandre Geniez "Je rêve de relever les bras"

Interview, Alexandre Geniez "Je rêve de relever les bras"

Après quatre années contrastées chez AG2R-La Mondiale, Alexandre Geniez a décidé de rejoindre la formation Total-Direct Énergie à l'intersaison. L'occasion de se relancer pour le grimpeur de trente-deux ans qui reste sur une année 2020 bien compliquée. Ennuyé par des soucis de santé, le natif de Rodez veut retrouver avant toute chose la condition. Il sera temps, ensuite, de penser à relever les bras.

Quelles sont vos impressions après ces premiers mois passés au sein du Team Total-Direct Énergie ?

C'est un groupe très intéressant où il y a beaucoup de jeunes. Il y a une partie de l'équipe que je connaissais déjà de mes années en amateurs, mais il y a aussi toute une partie qui est passée par le Vendée U. Ce sont des jeunes plein de motivation qui ont envie d'apprendre. Je prends beaucoup de plaisir.

Pourquoi avoir décidé de rejoindre la formation de Jean-René Bernaudeau ?

Déjà pour changer de programme de courses. Faire moins d'épreuves World Tour et revenir sur des courses où il y a plus de choses à jouer. Puis Total-Direct Énergie dans le peloton français a l'image d'une équipe plus familiale avec un vrai côté humain. C'est ce qui m'a attiré aussi.

Vous êtes plusieurs coureurs à être arrivés d'AG2R-La Mondiale. Ça aide pour s'intégrer dans le collectif ?

C'est sûr que ça aide, après je connaissais déjà pas mal de coureurs donc l'intégration n'a pas été très compliquée.

Quel bilan faites-vous de ces quatre années passées chez AG2R-La Mondiale ?

Les deux premières très bonnes et les deux dernières compliquées. Notamment à cause de soucis de santé qui m'ont fait perdre du temps. À côté de ça, j'ai vécu des super moments aussi avec l'équipe. Je pense aux Tre Valli Varesine (1er en 2017), la Vuelta (victoire d'étape en 2018) ou le Giro (11ème en 2018). Il y a donc eu vraiment du très bon et du pas bon.

Niveau santé, justement, comment allez-vous aujourd'hui ?

Ça va. J'arrive à bien m'entraîner, donc c'est déjà pas mal. J'attends maintenant de voir les sensations que j'aurai sur les courses, mais pour le moment je suis satisfait. Le début de saison va être très léger de toute façon, il faut prendre son temps et ne pas griller les étapes.

Avez-vous une idée de votre calendrier à venir ?

Je vais reprendre pour le week-end Drôme / Ardèche et après il n'y aura pas beaucoup de jours de courses sur les mois de mars et avril.

Quel va être votre rôle au sein de l'équipe ?

Ça va être d'accompagner Pierre Latour sur les grosses courses en montagne et après d'aller jouer ma carte ou les échappées sur d'autres épreuves plus accessibles.

Avez-vous un objectif précis cette saison ?

Je pense qu'il ne faut pas faire trop de plans cette année car tout risque de bouger avec le Covid. Il faut déjà retrouver la condition, si j'en retrouve une assez bonne les résultats devraient rapidement suivre. C'est pour ça que je fais tout pour retrouver les jambes que j'avais jusqu'au printemps 2019. Je rêve de relever les bras. L'année 2020 est à effacer.

Comment avez-vous vécu, à ce titre, cette année si particulière ?

Ça a été compliqué car je n'avais pas de sensations lors du début de saison. Je ne savais pas trop d'où ça venait. Cela a vraiment été une année galère entre le Covid, les courses du début de saison qui n'ont pas marché comme je voulais. Même après la reprise c'est resté en dent de scie. Ça n'a pas été facile.

Tout autre chose, un mot sur l'interdiction par l'UCI des deux fameuses positions sur le vélo qui font débat. Quel est votre avis à ce sujet ?

Je ne suis pas du tout favorable à ces changements. Après, c'est un avis personnel. Mais je pense qu'il y a tellement d'autres choses à faire et qui ont un impact sur la sécurité. Que ce soit à l'entraînement comme en course d'ailleurs. On parle toujours des courses, mais à l'entraînement on est en danger aussi. Pour revenir à ces deux positions, je pense qu'ils le font plus pour l'image du cyclisme que pour le côté sécurité car ce sont des positions qui ne sont pas très naturelles. Mais ça fait partie du vélo. À un moment donné, si il y a des coureurs qui arrivent à faire la différence en utilisant ses positions, je ne vous pas l'intérêt de les interdire. Par contre, au niveau de la sécurité il y a d'autres choses à faire.

Lesquelles, par exemple ?

Je reviens sur l'entraînement, mais on est régulièrement en danger. J'ai beau habiter dans une région qui est relativement tranquille, il y a malgré tout certains automobilistes qui nous font des frayeurs. Alors ce n'est pas la majorité, c'est peut être même qu'un pour cent. Mais c'est déjà suffisant. Sur les courses, on a vu des arrivées comme sur le dernier Tour de Provence qui font débat. Je me rappelle aussi d'une étape sur la Vuelta. C'est quand même répétitif. Sur le Tour du Pays Basque, c'est toujours le même problème aussi. Changer ça, ce n'est pas très compliqué à mettre en place et l'impact serait bien plus important.

Puis il y a aussi les ravitaillements. Chaque année il y a des chutes et on ne fait jamais rien. C'est toujours le même principe qu'il y a trente ans. Il faut que ça évolue maintenant.

Revenons à la course. Si vous aviez une baguette magique, quelle épreuve vous souhaiteriez remporter cette année ?

Une étape du Tour. C'est quelque chose qui me fait rêver.

Justement, vous serez présent au départ du prochain Tour de France ?

Je ne sais pas du tout. Dans un premier temps, je veux retrouver mes jambes. Si c'est le cas, je pense que j'aurai ma place sur le Tour. Mais vraiment avant toute chose, je veux retrouver des bonnes sensations. Je cours après ça depuis 2020.

Propos recueillis par Alexandre Paillou

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