Adrien Garel : « Le niveau a vraiment changé »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Adrien Garel n’a pas traîné. De retour chez les Amateurs après trois années chez les professionnels, le coureur de bientôt 25 ans a remporté ce samedi sa première course sous les couleurs de Sojasun espoir-ACNC. Il s’est imposé à l’occasion du Grand Prix de Saint-Hilaire-du-Harcouët, épreuve Elite Nationale (voir classement). C’est un coureur ravi qui a raconté sa course à DirectVelo.

DirectVelo : Te voilà vainqueur dès ta course de reprise chez les Amateurs !
Adrien Garel : Je suis vraiment content. Maintenant, tous les feux sont au vert et c'est plutôt cool. Cette victoire fait du bien au moral parce que ce n'est jamais facile de redescendre de chez les pros. Si on redescend, c'est que le manager n'a pas cru en nous. Ça me fait plaisir parce que je sais que j'ai toujours été sérieux et qu'on m'a toujours dit que ça payait. Aujourd'hui, le sérieux paie encore.

Comment s'est passée la course pour toi avant le final ?
Ça essayait souvent de sortir, mais on était souvent à contre-temps avec l'équipe. Heureusement pour nous, Loudéac était dans le même cas, ils ont eux aussi bien roulé. Ça nous a bien aidés. Je suis sorti dans un groupe de trois pendant un petit moment, mais encore à contre-temps. Là, j'en ai fait beaucoup. Mais comme j'ai dit aux mecs, il faut savoir perdre pour gagner. Quand on a été repris, je me suis dit que j'allais me refaire la cerise pendant deux tours avant de tout donner pour le sprint. Finalement, ça a marché.

Comment as-tu géré ton sprint ?
J'étais tellement concentré dans mon sprint que je ne sais même plus quelle roue j'ai pris. Je ne sais même plus si c'était un coureur de Côtes d'Armor ou de Rouen (les couleurs du maillot se ressemblent un peu NDLR). On est parti sur la droite de la route. J'avais peur que ça revienne, mais finalement ça s'est bien passé. Je n'ai pas pris de vague. J'étais quand même vigilant pour ne pas prendre de vague et me faire enfermer. J'étais sur le qui-vive. Un coureur a déboîté et a lancé à 200 ou 300 mètres de la ligne. Je me suis dit qu'avec l'élan, il fallait mieux passer tout de suite, plutôt que de me ralentir. Du coup, j'ai lancé et je vais au bout. J'ai eu de la chance. Je me suis relevé à cinq mètres de la ligne, mais le deuxième revenait assez vite. J'ai eu peur sur la ligne mais c'est quand même passé. Perdre une course comme ça, ça aurait été con quand même.

« C'ÉTAIT UN PEU LA ROULETTE RUSSE »

C’était finalement le scénario parfait pour toi...
Personnellement, j'aurais aimé que ça bordure un peu plus, que ça fasse plus le tri. Parce que même si je gagne au sprint massif, c'est un peu la roulette russe. Surtout avec une arrivée comme ça, avec une grande descente avant. Il faut une petite part de chance. Heureusement pour moi, elle était là. J'ai trouvé la bonne roue au bon moment. Mais j'aurais préféré que ça fasse un peu plus la course et que je me retrouve un peu plus devant. Malheureusement ou heureusement, je pense qu'il y aura beaucoup de courses qui vont arriver au sprint massif, quand il y a comme aujourd'hui beaucoup d'équipes et peu de coureurs par équipe. Ça redistribue beaucoup les cartes à chaque fois. Je pense que ça sera souvent comme ça sur ce début de saison.

Vous étiez près de 200 coureurs au départ....
J'étais déjà venu ici quand j'étais espoir 2e année, au CC Nogent-sur-Oise, il y a cinq ans de ça. Aujourd'hui, on était 200 au départ. J'ai préféré ça, même si ça court un peu bizarrement. J'ai essayé de transmettre mon expérience aux mecs, mais c'est plus compliqué. Même moi, parfois, je ne comprenais pas trop tout ce qu'il se passait. On revenait parfois à 15 mètres et d'un coup plus personne ne roulait. Et là, l'échappée reprenait vite 30 ou 40 secondes. La course était compliquée à lire, mais finalement on s'en sort bien.

Comment as-tu trouvé le niveau ?
Il y avait un gros niveau. Le fait en plus qu'il y avait à la fois beaucoup de coureurs mais aussi beaucoup d'équipes, ça fait une grosse émulation. Ça court bien. Ça court de plus en plus comme les pros, on le voit notamment avec Loudéac qui estune équipe réserve. Ça ne m'a pas trop changé. C'est sûr, je me fais plus plaisir. Maintenant, j'ai gagné, mais je ne suis pas du tout au-dessus du lot. J'ai même passé quelques moments critiques dans la bosse. Il faudra faire le taf, parce que le niveau est là en amateur. De toute façon, ceux qui marchent le mieux en amateurs marchent directement en arrivant chez les professionnels. Ils sont prêts. Aujourd'hui, il y a très peu de places pour beaucoup de candidats. C'est de plus en plus dur de passer pro. Il y a de plus en plus de monde, donc ça s'entraîne encore plus dur pour y arriver. Je trouve même qu'en trois ou quatre ans, le niveau a vraiment changé. Ça a vraiment évolué. Les amateurs sont de plus en plus professionnels dans leur approche des grosses tâches, même s'il y a une différence entre les structures comme Vendée U ou Loudéac qui ont pu partir en stage et d'autres comme nous qui n'avons pas pu. Mais après, ça se rééquilibrera dans la saison.

DE RETOUR SUR LA PISTE

Tu sors d’un stage avec l'Équipe de France sur piste...
J'ai bien bossé cet hiver avec un retour sur la piste. J'ai eu un gros stage sur piste cette semaine. Je pense que ça m'a fait du bien. Je n'ai que 2000 kilomètres sur route depuis le début de l'année. C'est sûrement moitié moins que la plupart des meilleurs qui étaient au départ. Mais je compense justement avec la piste qui m'a refait du bien et m'a remis un petit moteur à essence à la place du moteur diesel de mes années chez les pros. Peut-être que si les courses faisaient 180 bornes, je serais moins bien que certains, mais sur des courses de 130-150 kilomètres, le travail sur la piste m'aide beaucoup. Chez les pros, ça m'aurait sûrement coûté, mais chez les amateurs ça permet de refaire des intensités en jouant. C'est plus marrant de se faire mal ensemble sur la piste que tout seul sur la route.

Quels sont tes objectifs cette saison ?
L'objectif, avec le club, c'est d'en gagner le plus possible, mais surtout d'en faire gagner le plus possible aux autres. Je visais des courses comme le Tour du Loir-et-Cher ou le Tour de Bretagne, mais elles sont annulées. On verra ce qu'il va rester. Pour l'instant, il reste les manches de la Coupe de France, mais c'est compliqué de se fixer de réels objectifs sachant que peut-être dans deux semaines, ça sera annulé. Yvonnick Bolgiani m'avait toujours dit que chez les amateurs, il fallait prendre toutes les courses pour les gagner et je suis d'accord avec lui. Je pars cette année avec cet état d'esprit. C'est sûr que ça ne réussira pas tous les week-ends, mais si on peut déjà prendre du plaisir avec les mecs à chaque fois, c'est déjà le principal.

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