Interview : Quentin Pacher "Lever les bras une 1ère fois"

Interview : Quentin Pacher "Lever les bras une 1ère fois"

Cinquième du Tour du Langkawi, septième et quatrième de deux étapes sur le Tour de France, Quentin Pacher a été l'auteur d'une saison pleine et a fait parler une fois de plus son caractère offensif. Pour cette saison 2021 qui arrive à grand-pas, le coureur de B&B Hotels-Vital Concept espère réussir, pour la première fois, à lever les bras et souhaite également goûter à nouveau à la folie du Tour dont l'équipe bretonne a plutôt fait honneur cette année.

Vous venez de finir la saison 2020 le 11 octobre dernier à l'occasion de Paris-Tours. On imagine que la saison 2021 est d'ores et déjà dans votre tête ?

Bien-sûr, la coupure hivernale est une période qui va assez vite. Pour moi, ça a été trois semaines de repos.

L'entraînement a depuis repris crescendo. En raison du Covid19, l'équipe n'a pas voulu nous réunir au mois de décembre pour le traditionnel stage. Du coup, je vais partir à Tenerife le lendemain de noël pour préparer au chaud cette nouvelle année.

Quel bilan faites-vous de cette saison qui vient de se terminer ?

Un bilan positif. L'objectif, pour moi, en début d'année, était de faire partie de l'équipe qui allait participer au Tour de France du moment où on a appris notre sélection. Alors, bien entendu, ce n'était pas une fin en soi et on avait pour ambition de faire briller les couleurs de l'équipe. C'est ce que je pense avoir réussi à faire de mon côté tout en étant disponible pour Bryan (Coquard) et Pierre (Rolland). J'attendais de faire mon premier Grand Tour et de découvrir ainsi mes capacités de récupération. Ça m'a conforté dans l'idée que j'étais capable de m'exprimer sur ce genre de course. Ça me laisse donc de l'espoir pour la suite.

L'envie d'y retourner doit être grande...

Forcement. J'ai été vraiment content de mon niveau de performance, content de découvrir l'univers du Tour de France. Pour moi, ça surpasse toutes les courses qu'il y a autour. Puis pour cette édition 2021, il y a aussi l'envie de découvrir un Tour qui se fera, je l'espère, dans des conditions normales c'est à dire en juillet et avec du public. De toute façon, une fois qu'on a goûté au Tour on a qu'une seule envie c'est d'y revenir. Alors, il y a d'autres courses pendant la saison qui seront aussi importantes, mais le Tour de France reste le point d'orgue.

Un Tour que B&B Hotels-Vital Concept découvrait également. Ce fut plutôt une réussite ?

Oui, la direction sportive de l'équipe a été satisfaite. On a été offensif tout au long du Tour avec des coureurs comme Pierre (Rolland) et moi. Mais à côté de ça, on a été présent dans les sprints avec Bryan (Coquard). Il a été très régulier. Finalement, il a juste manqué la cerise sur le gâteau c'est à dire la victoire. Je crois qu'on a fait toutes les places du Top 10 sauf la première. Pierre a fait second, Bryan a fait troisième, moi j'ai été quatrième. Une victoire, et ce Tour aurait été exceptionnel pour nous. Mais on s'est montré à la hauteur de l'événement.

Cette absence de victoire, à titre personnel, c'est un regret ?

Ce n'est pas évident. Quand on a vu le planning condensé de la saison, on se doutait bien que le niveau allait être très relevé partout. J'ai participé au Tour de l'Ain, c'était d'un niveau Tour de France. Vous prenez l'équipe Ineos, elle est arrivée avec trois vainqueurs du Tour. C'est donc compliqué d'avoir des regrets sur ce genre de saison un peu particulière. Si j'avais gagné une course, cela aurait été une grande réussite. Mais ne pas en avoir gagné n'est pas non plus un échec.

On espère que la saison 2021 aura un calendrier un petit peu plus classique. Avez-vous une idée, justement, de votre programme pour les premières courses de l'année ?

Pour nous, la particularité c'est qu'on est dépendant des invitations du fait de notre statut de Continentale Pro. C'est donc un peu compliqué de tirer des plans sur la comète car on ne sait pas exactement où est ce qu'on sera invité. J'espère qu'on participera à quelques Ardennaises. J'ai participé deux fois à l'Amstel, et j'aimerais bien cocher cette période, non pas pour jouer la gagne, il faut savoir rester à sa place, mais pour pouvoir progresser et continuer d'aller chercher des résultats. Ce sont des courses qui font rêver. J'aimerais pouvoir être là dans le final de courses comme ça. Après, il y aura le Tour mais ça arrivera plus tard dans la saison. Quoi qu'il en soit, pour moi qui n'ait pas encore gagné une course ce sera une priorité de lever les bras l'an prochain.

Y a-t-il une course, justement, où vous souhaiteriez vous imposer ?

Dans ma situation, je ne vais pas faire la fine bouche (rires).

Avec votre tempérament offensif, on vous voit un peu sur tous les terrains. Comment vous décririez-vous en tant que coureur ?

Je dirais que je suis plutôt un puncheur. Après, je travaille dans d'autres secteurs pour pouvoir être performant sur des ascensions un peu plus longues. Mais c'est un travail sur du long terme. Là où je suis le plus fort pour l'instant, c'est quand c'est vallonné mais que ce n'est pas trop montagneux. J'essaie de progresser là-dessus aussi parce qu'on le voit : les échappées qui vont souvent au bout sur le Tour ce ne sont pas forcément sur des étapes pour puncheurs mais plutôt sur de la moyenne montagne. Il faut donc que j'arrive à passer des cols qui durent trente minutes avec les tous meilleurs. C'est un axe sur lequel j'essaie de progresser. Mais ma nature première c'est d'être un puncheur.

Revenons au Tour. Rien n'est acquis pour la participation de B&B Hotels-Vital Concept à la prochaine édition. Vous êtes confiants ?

Les cartes sont rabattues tous les ans. Même si on a marqué des points les années passées, il faut partir dans l'optique que rien n'est acquis. C'est comme ça qu'on est performant et qu'on tire tout le monde vers le haut. Après, on ne sait pas à quel date vont être officialisées les invitations. La seule chose qu'on peut faire, et c'est ce qu'on a fait jusqu'à présent, c'est de se concentrer sur nous et d'essayer de faire notre meilleur vélo. Si ça doit venir, ça viendra. Mais c'est sûr que c'est un objectif. C'est clair, net et précis.

Un mot sur le recrutement de l'équipe ?

Il y a des coureurs d'expérience qui arrivent comme Cyril Lemoine ou Jonathan Hivert. D'autres que je connais un peu moins. Ça devrait solidifier toute l'équipe d'avoir des coureurs comme ça qui ont du vécu.

Pour conclure, que peut-on vous souhaiter pour 2021 ?

Je dirais lever une première fois les bras et souhaiter à toute l'équipe de revenir sur le Tour en essayant d'être aussi performant que cette année et peut-être même un peu plus.

Propos recueillis par Alexandre Paillou

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