Interview, Alexis Vuillermoz "Il y a une âme dans l'équipe Total Direct Energie"

Interview, Alexis Vuillermoz "Il y a une âme dans l'équipe Total Direct Energie"

Comme Pierre Latour et Alexandre Geniez, Alexis Vuillermoz a quitté AG2R La Mondiale à l'intersaison pour rejoindre la formation Total-direct Energie. Attiré par l'équipe Vendéenne depuis de nombreuses années, le natif de Saint-Claude (39) aborde cette saison 2021 avec beaucoup d'envie.

Après sept années passées chez AG2R La Mondiale vous avez décidé de rejoindre la formation Total-Direct Energie. Quelles en sont les raisons ?

C'est une équipe qui m'a toujours attiré depuis que je suis tout jeune. On avait un kiné en équipe de France de VTT qui était à l'époque chez Bouygues Telecom. Forcément, j'ai grandi avec ses histoires lors de ses massages. Après, il y a eu Europcar qui a eu une belle histoire aussi avec Thomas Voeckler et Pierre Rolland. Ils ont toujours eu un tempérament offensif. Il y a vraiment une âme dans cette équipe et j'avais à cœur de la rejoindre.

Comment se sont passées les tractations ?

J'étais encore sous contrat avec AG2R La Mondiale et Vincent Lavenu a accepté de me libérer. Je suis parti en bons termes, on a vécu une belle histoire ensemble. Après, comme dans un couple il arrive parfois qu'on ait des mésententes sur certains points. Il était peut-être mieux, du coup, que chacun avance de son côté. Je suis persuadé que l'équipe AG2R La Mondiale va avoir de très bons résultats, mais j'espère de mon côté aussi dénicher de beaux succès avec Total-Direct Energie.

Si vous deviez retenir un souvenir de toutes ses années passées là-bas, lequel mettriez-vous en avant ?

Forcément ma victoire sur le Tour de France (en 2015) même si je sais que ce n'est pas très original. Après, venant du VTT, AG2R La Mondiale est la formation qui m'a permis d'apprendre le métier de coursier. Avant de signer chez eux, je n'avais fait qu'une saison sur route. Ils m'ont permis de progresser.

Quel a été le discours de Jean-René Bernaudeau pour vous convaincre de signer chez Total-Direct Energie ?

Pour être honnête, c'est moi qui ai démarché Jean-René. D'autres équipes m'avaient approché, mais quand j'ai parlé à mon agent je lui ai dit que quitte à partir il y a une équipe qui me plairait bien c'est Total-Direct Energie. À partir de ce moment-là, j'ai appelé directement Jean-René pour lui faire part de mon envie de le rejoindre. Il a été très réceptif à ma demande et m'a accueilli les bras ouverts. Ça m'a touché.

Vous avez eu l'occasion de rencontrer vos nouveaux coéquipiers à l'occasion du stage de pré-saison qui a eu lieu en Espagne. Comment s'est passé l'intégration ?

Bien, je connaissais déjà pas mal de coureurs et de membres du staff qui étaient chez Sojasun notamment ou chez AG2R La Mondiale avec moi (Geniez et Latour). Forcément, ça aide. Puis il y a eu pas mal de coéquipiers qui sont venus en stage près de chez moi en décembre. C'était sympa car ça m'a permis de faire connaissance avec eux. J'ai eu l'occasion aussi de passer au siège de l'équipe qui est un lieu chargé d'histoire. J'ai eu un accueil très chaleureux et c'est quelque chose auquel j'attache beaucoup d'importance.

Total-Direct Energie s'est renforcé de façon significative à l'intersaison. Votre avis sur cet effectif 2021 ?

Ce qui est bien c'est que l'équipe s'est renforcée dans tous les domaines. Ça va nous permettre d'être compétitif sur plusieurs fronts. En plus, le groupe vit bien. On a l'impression de se connaître déjà depuis longtemps.

Quel va être votre rôle au sein de l'équipe ?

Je vais être un peu un électron libre sur certaines courses. Après, on a Pierre Latour qui est là pour le classement général et qui a déjà montré dans le passé qu'il avait des qualités de grimpeur et dans le domaine du contre la montre. La stratégie sera donc aussi d'accompagner Pierre et j'en suis très heureux car c'est quelqu'un que j'apprécie énormément.

Vous allez débuter la saison en France (GP la Marseillaise, Tour de Provence, Haut-Var, Drôme Classic, Faun-Ardèche Classic et Paris-Nice). Quels sont vos attentes pour ces premières courses ?

Je vais faire en sorte de monter en pression petit à petit. Le but n'est pas d'être à cent pour cent dès la première course. Ce qui sera important, c'est d'être performant sur Paris-Nice. Il y a aussi les Ardennaises qui me plaisent beaucoup.

Vous fixez-vous un objectif en particulier ?

Le premier, c'est Paris-Nice. C'est souvent dans les courses World Tour qu'on a le plus d'ambition.

Revenons un instant sur 2020. Quel bilan faites-vous de cette saison particulière ?

Si ça reste une année compliquée du point de vue de la pandémie, je suis très heureux de ma saison sportive. J'ai réussi à retrouver mon niveau après une fracture de la rotule fin 2019. Je n'ai pas couru pendant plus d'un an car j'étais censé reprendre en mars dernier et il y a eu le confinement. Pour autant, dès mes courses de reprises sur le Tour de l'Ain ou la Route d'Occitanie j'ai toujours été dans les quinze meilleurs au général. J'ai fait sixième d'une étape sur la Route d'Occitanie, j'ai souvent été présent lorsqu'il y a eu la bagarre. Sur le Tour de France, les deux premières semaines ont très bien fonctionné. La troisième fut plus compliquée avec une sinusite. J'ai fait aussi une très belle course sur la Flèche.

Ça m'a rassuré, car je craignais de ne pas pouvoir retrouver mon niveau. Mes doutes ont finalement été assez vite balayés.

Vous évoquiez le Tour de France. Il sera cette année aussi l'un des objectifs de l'équipe Total-Direct Energie. Vous êtes confiants pour décrocher une invitation ?

L'équipe a toujours participé au Tour de France depuis de longues années. Sportivement parlant, on a un très beau groupe. Je ne pense pas qu'on aura trop de difficulté à aller chercher notre sélection pour le Tour de France à la pédale. C'est ASO qui prendra sa décision, mais je pense que ça devrait se faire naturellement.

ASO et RCS ont demandé à l'UCI la permission de pouvoir inviter une formation supplémentaire. Quel est votre avis à ce sujet ?

Ce serait une bonne nouvelle pour les sponsors. On sait que les partenaires ont tous été impactés par la pandémie. On est sur une économie du sport qui est assez fragile. Si le sport ne va pas dans le sens des partenaires au moment où ils sont en difficulté ce serait dommage. C'est le moment de leur tendre la main.

D'ailleurs, que pensez-vous de ce système mis en place par l'UCI de récompenser la meilleure équipe Pro Continentale en lui laissant la possibilité de participer à toutes les courses de son choix ?

Sa place on la mérite grâce aux résultats et peu importe si on court à domicile ou pas. Je trouve que c'est une belle récompense pour l'équipe qui se donne les moyens et qui se bat toute l'année pour ça. Il ne faut pas avoir d'amertume si une formation étrangère vient un jour sur le Tour de France à la place d'une équipe française.

Pour conclure, si vous aviez une baguette magique quelle course souhaiteriez-vous remporter cette année ?

(Rires) Alors si j'ai une baguette très magique, en tant qu'ancien vététiste, je dirais les Jeux Olympiques car ça reste le graal dans le monde du sport.

Propos recueillis par Alexandre Paillou 

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