Warren Barguil : « Le Tour, San Remo et… Paris-Roubaix ! » [Vidéo]

Par Philippe Priser

Avant d’aller reconnaître les étapes alpestres du prochain Tour de France (29-août-20 septembre) en compagnie d’une partie de ses coéquipiers d’Arkéa-Samsic, Warren Barguil nous a fait quelques confidences à deux pas de la ria d’Etel. Le champion de France évoque la Grande Boucle mais aussi Milan - San Remo et Paris-Roubaix, qu’il va découvrir, et son avenir chez Arkéa-Samsic.

Warren Barguil, c’est bientôt l’heure de partir en stage…

Oui, je pars dans les Alpes jeudi prochain (jusqu’au 2 juillet) avec une partie de l’équipe Arkéa-Samsic. On va reconnaître les étapes 15, 16, 17 et 18 du prochain Tour de France. On sera une dizaine (Rosa, Bouet, Hardy, Russo…). J’ai hâte de revoir les copains et le staff. Je repartirai ensuite en stage à Isola 2000 (dans les Alpes-Maritimes), du 14 au 28 juillet, ce qui me permettra de reconnaître les premières étapes du Tour. Quatorze jours d’altitude. Je vais aussi effectuer une dizaine de jours en tente hypoxique à la maison (Kervignac).

Warren Barguil tout sourire dans « son » Morbihan.
Warren Barguil tout sourire dans « son » Morbihan. (Photo Elen Rius/Arkéa-Samsic)
Comment avez-vous vécu le confinement ?

Franchement, ça s’est bien passé. Je suis resté à la maison, j’ai essayé de courir à pied dans le périmètre d’un kilomètre. Cela m’a un peu saoulé parce que c’est de la surface dure alors que j’aime bien aller courir dans les bois. J’ai fait beaucoup de home-trainer. Le plus dur pendant le confinement, c’était de ne pas voir la famille et les amis. J’ai la réputation d’un hyperactif mais, sincèrement, j’ai bien vécu le confinement. Avec le petit (Raphaël, 8 mois), on avait de quoi faire. Avec Gaby (sa femme), on l’a vu faire ses progrès, c’était cool.

Cela doit être frustrant de se préparer tout l’hiver pour la saison et d’être contraint de s’arrêter après huit jours de course…

Disons que cela aurait été vraiment frustrant si je m’étais blessé. Si j’avais été le seul dans ce cas. Là, c’était pareil pour tout le monde. Pas de souci, donc.

A un peu plus d’un mois de la reprise des courses, avez-vous également l’impression que c’est une nouvelle saison qui va démarrer ?

Oui et non. Oui dans la mesure où lorsque je vais reprendre la compétition (le 1er août en Occitanie), cela interviendra près de cinq mois après ma dernière course (Paris-Nice). Cinq mois, c’est plus qu’une trêve hivernale. Et non parce que le travail effectué durant cette longue coupure a permis de faciliter la transition. Avec les outils que l’on a à notre disposition, on a la possibilité de faire du spécifique sur home-trainer, de maintenir les acquis de l’hiver. Du coup, je pense que l’on sera davantage dans la continuité de la saison. C’est ce que j’essaye de me dire en tout cas. Après, certains (comme Roglic) n’ont quasiment pas encore couru en 2020, c’est ça qui est fou. Dumoulin (Tom), lui, ça fait plus d’un an !

Connaissez-vous votre état de forme ?

Je pense que ça va. J’ai effectué beaucoup de fond. J’ai notamment fait une sortie de 300 bornes. C’est un peu comme si on était en janvier 2021. A un gros mois du début de la saison. Après le déconfinement, j’ai d’abord roulé sans intensités de programmées. Bon, parfois, j’ai un peu « bourinné ». Là, je suis reparti sur une préparation classique Tour de France. On verra le travail qu’il reste à effectuer lorsque les courses vont reprendre.

Ma dernière course de la saison sera Paris-Roubaix.
Toutes ces incertitudes et la densité exceptionnelle du calendrier rendent cette seconde partie de saison drôlement excitante…

Personne ne sait où l’on va. Certains ont peut-être trop roulé, d’autres pas assez. Certains ont tellement fait de home-trainer qu’ils pourraient être un peu cramés. Entre la date de la reprise et celle du Grand départ du Tour de France, niveau condition, ce sera compliqué de rectifier le tir. Et puis, dans le meilleur des cas, la saison va durer trois mois. Ma dernière course de la saison sera Paris-Roubaix (le 25 octobre).

Paris-Roubaix ?

Oui, cela fait un moment que j’ai très très envie d’essayer. Je me sens bien sur les pavés et là, pour terminer l’année, c’est l’occasion rêvée. Paris-Roubaix, c’est un mythe. Je vais donc enchaîner Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, Amstel Gold Race et, deux semaines après, Paris-Roubaix. C’était déjà en négociation avant le confinement (il rigole). Je vais d’ailleurs découvrir deux monuments du vélo en 2020 : « Roubaix » et Milan-San Remo (le 8 août). Pour avoir la distance dans les jambes, j’ai fait 300 kilomètres (à 35 km/h de moyenne), l’autre jour à l’entraînement. J’irai là-bas pour aider Nacer (Bouhanni). J’espère être dans le final. Oui, j’ai fait 300 bornes à l’entraînement pour ça. Les grimpeurs-puncheurs, les mecs très endurants marchent à Milan-San Remo.

Warren Barguil à l’entraînement.
Warren Barguil à l’entraînement. (Photo Elen Rius-Arkéa-Samsic)
Et lors du prochain Tour de France, savez-vous déjà quel sera votre rôle ? Emmanuel Hubert, le manager d’Arkéa-Samsic, a évoqué celui d’un électron-libre.

C’est exactement ça. En début de saison, Nairo (Quintana) était le meilleur grimpeur du monde. Personne ne pouvait le suivre. S’il arrive au départ du Tour dans cette condition, ce sera normal de l’épauler. Sans arrière-pensée, je serai à son service. Etre le coéquipier de quelqu’un qui a le podium du Tour de France dans les jambes, cela n’arrive pas tous les jours. Je ne vais pas pleurer sur mon sort. Cela ne me dérange pas de faire le travail. Quand on me dit merci et que l’on me rend la pareille plus tard, il n’y a jamais de problème.

Si Nairo termine sur le podium à Paris et que je lève les bras sur une étape…
Est-ce que cela revient à dire que vous n’aurez pas d’ambition personnelle au départ de Nice ?

Non. L’an dernier, j’étais placé au classement général (10e à Paris), du coup, je n’ai pas pris assez de risque. Cette fois, je vais pouvoir jouer sur cette alliance avec Nairo. Je ne vais pas être focalisé sur le général, je veux bien être le trouble-fête. Je vais oser. Personnellement, je préfère gagner une étape plutôt que de terminer 5e du Tour de France. Si Nairo termine sur le podium à Paris et si je lève les bras sur une étape, mon Tour sera plus que réussi.

Selon vous, qui est le favori du prochain Tour de France ?

Ben, Nairo (il sourit) ! En fait, il y en a quatre qui se dégagent : Nairo, Egan (Bernal), Roglic et Chris (Froome). Il revient de loin mais il ne lâchera pas l’affaire comme ça. Il a beaucoup bossé pendant le confinement. Ça va se jouer à l’usure. Ca va être un Tour de France très physique, en troisième semaine, ça va faire très très mal.

Pensez-vous que les événements du début d’année vont modifier la donne du Tour ?

Non. Avec les capteurs de puissances, les camps d’entraînement en altitude, tout le monde sait s’entraîner. Ce ne sont plus les courses qui amènent les coureurs en forme. Avant, ça roulait beaucoup moins vite en janvier. Maintenant, lorsque l’on arrive au Tour de Provence, on fait quasiment les mêmes watts que sur le Tour de France.

Comment se passe votre relation avec Quintana ?

Avant son arrivée dans l’équipe, je n’avais pas de rapport avec lui. Je le trouvais un peu froid. Finalement, ce n’est pas du tout le cas. Lors du Tour de Provence, tout s’est très bien passé entre nous. Je ne suis pas surpris de le voir à ce niveau. Il est libéré. Il m’a impressionné en début de saison.

Une semaine avant le départ du Tour, vous allez remettre votre maillot bleu-blanc-rouge en jeu. Est-ce que vous pensez au doublé ?

Je suis un peu déçu que Plumelec n’organise plus le championnat de France. Pour la défense du titre, c’est un circuit qui pouvait me correspondre. Maintenant, si la course reste dans le Morbihan (Grand-Champ ?), je ne vais quand même pas faire la fine bouche. Et puis, l’an dernier, à La Haie-Fouassière, ce n’était pas forcément un parcours pour moi. L’important, c’est que le maillot tricolore reste dans l’équipe.

Ce maillot, si vous ne le conservez pas, vous ne l’aurez pas porté beaucoup…

Oui, c’est un crève-cœur. C’est comme ça… J’aurais bien aimé le porter sur les classiques en Belgique. Porter un maillot bleu-blanc-rouge en course ou à l’entraînement, ce n’est pas la même chose. C’est comme ça.

Etes-vous candidat à une sélection pour les championnats du monde ?

Bien sûr. Je n’ai pas revu Thomas Voeckler depuis le confinement. J’ai très envie d’y aller, j’espère qu’il aura une petite place pour moi en équipe de France. Ce n’est pas tous les ans que l’on a un parcours de championnat du monde aussi difficile.

Warren Barguil : « Le Tour, San Remo et… Paris-Roubaix ! » [Vidéo]
(Le Télégramme/Philippe Priser)
Parlons de la formation Arkéa-Samsic. A l’instar de Nairo Quintana, on a l’impression que vous avez trouvé ce que vous étiez venu chercher (en 2018)… 

J’ai toujours cru au projet. J’ai connu quelques déboires lors de ma première saison, je l’assume. Mais j’ai ensuite remis les points sur les i l’an dernier. Arkéa-Samsic a bien évolué, elle n’a certainement pas à rougir d’une WorldTour. Sincèrement, j’ai trouvé l’équipe qui me correspondait. Je souhaite d’ailleurs y terminer ma carrière (il est sous contrat jusqu’à fin 2023). S’ils veulent bien toujours de moi…

Votre fin de carrière n’est pas programmée ?

Ah non, pas du tout. Je vais avoir 29 ans, j’ai envie de courir jusqu’à mes 35-36 ans. Pourquoi pas encore dix ans d’ailleurs ?

Et l’après-vélo ?
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Je ne sais pas… Ah si, j’ai envie de faire un truc dans le vélo. Pas forcément de devenir directeur sportif. J’ai une idée en tête, je la garde pour moi. J’ai le temps avant de vous l’annoncer…

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