CYCLISME - Entretien avec Damien Touzé coureur pro chez COFIDIS mais licencié à l'UV Neubourg (Eure)

La saison route est terminée pour Damien Touzé, coureur de l'équipe COFIDIS. L'heure est au bilan pour le licencié de l'UV Neubourg, médaille de bronze au championnat de France.

Même si Damien estime être passé à côté de quelque chose de grand, il se console avec la médaille de bronze.
Même si Damien estime être passé à côté de quelque chose de grand, il se console avec la médaille de bronze.
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La saison sur route vient de se terminer pour Damien Touzé, coureur de l’équipe COFIDIS. L’heure est au bilan pour le licencié de l’UV Neubourg (Eure), dont les moments forts de 2019 ont été, son 1er grand Tour, avec la Vuelta, et sa 3e place au championnat de France.

La saison route vient de s’achever. Quel bilan en tire tu ?

Un bilan plutôt satisfaisant, avec principalement ma 3e place au championnat de France professionnel sur route, et un grand tour réussi. J’ai aussi obtenu de bonnes places : 3e de la Polynormande, 5e de la 4e étape du Tour de la Provence, 7e de la 2e étape du Tour de Wallonie.

Ta sélection parmi les huit coureurs de COFIDIS pour disputer le Tour d’Espagne a été une surprise ou tu t’en doutais un peu ?

En début de saison ce n’était pas prévu dans mon programme. Ça s’est dessiné après le championnat de France. C’était donc une bonne surprise. Ils ont vu que j’étais en condition et que je marchais fort.

Quel a été ton sentiment quand tu l’as appris ?

Du bonheur. À 23 ans j’allais faire mon premier grand Tour, en étant le plus jeune de l’équipe. Déjà j’avais failli participer au Tour de France. On était deux, avec Julien Simon, et il restait une place. Ils ont finalement préféré mettre Julien. Logique, il a terminé 2e, et moi 3e du championnat de France. J’étais donc remplaçant numéro 1.

Quel était ton objectif personnel sur cette Vuelta ?

C’était de décrocher un top 10 sur une étape. Je ne suis pas passé loin, puisque j’ai fait 11e de la 19e étape et 12e de la 3e étape. Mon objectif était aussi de ne pas subir tous les jours, mais d’être acteur aussi de la course. Comme ils ont vu que j’étais en bonne condition, j’ai pu joueur ma carte sur deux trois étapes.

Qu’est-ce qui t’a manqué pour un top 10 ?

Pas grand-chose. Dans un sprint, c’est beaucoup du placement, ça se joue des fois à rien. Quand je fais 11e, il y a Rémy Cavagna qui gagne tout seul, et derrière on arrive à une trentaine au sprint pour la 2e place. J’étais à la lutte avec des garçons comme Valverde, Roglic. C’est compliqué aussi de les battre.

Pour quelles qualités penses-tu avoir été retenu dans l’équipe ?

Mes qualités de rouleur et puncheur. C’est vrai que dans l’équipe on avait beaucoup de grimpeurs. Il fallait aussi des garçons qui roulent pour prendre le vent, et placer les grimpeurs dans les meilleures conditions avant les ascensions décisives. Savoir frotter était aussi un atout pour placer les leaders.

Tu termines à la 108e place. Satisfait ?

Le général, c’est anecdotique. Je ne suis pas un coureur de classement général, mais plus pour jouer des étapes. Ma grosse satisfaction est d’être allé au bout, en étant encore bien physiquement dans la dernière semaine.

Que retiendras-tu de ce premier grand Tour ?

Que c’est dur, ça fait mal aux jambes (rires). Le plus important, c’est la gestion de la fatigue sur les trois semaines. Il faut s’économiser tous les jours dès qu’on peut, essayer de récupérer plus que les autres. Sur le vélo on apprend sur soit même, on repousse ses limites, mais hors course, Il faut être dans le détail, que ce soit au niveau de la récupération, du sommeil, ou de la nourriture.

Le plus difficile ?

Les journées de repos. Car on se relâche, et le lendemain c’est toujours difficile de repartir pour une étape. On en a eu deux, c’est ce qui m’a fait le plus mal.

La montagne s’est bien passée ?

Oui, j’avais fait un stage montagne juste avant à Isola. Pendant deux semaines j’ai bien travaillé en altitude. Puis on a des braqués adaptés, et on est entraîné pour.

Un coureur t’a-t-il impressionné ?

Oui, le Slovène Pogacar, de l’équipe UAE Emirates. Il n’a que 21 ans, et il a gagné trois étapes. Notamment la dernière qu’il remporte avec 1’40 » d’avance sur les leaders, ce qui lui permet de terminer sur la 3e marche du podium. C’est sa première année de pro, c’est un grimpeur. L’année dernière il a gagné le Tour de l’Avenir.

Penses-tu que ta 3e place au championnat de France a été déterminante dans ta sélection ?

Oui, complètement. Ils ont vu que j’étais en forme, et aussi prêt pour le haut niveau.

Un mot sur cette 3e place. Quatre mois après, bonheur ou toujours des regrets ?

Il n’y a qu’un championnat de France dans l’année. Faire 3e dans les conditions où ça s’est passé, il y a forcément de la frustration, et toujours des regrets. Champion de France tu portes le maillot bleu, blanc rouge pendant un an. C’était un circuit qui me convenait à merveille. Il y aura d’autres occasions, mais c’est vraiment dommage d’être passé à côté de celle-là. Je suis passé tout prêt de quelque chose de grand, car si je suis champion de France, ça change ma saison et peut-être aussi toute ma carrière.

C’est-à-dire ?

Avec le maillot sur les épaules, c’est presque une certitude, j’aurais été retenu dans l’équipe pour disputer le Tour de France. Le champion de France ne participe pas obligatoirement au Tour, mais pour la pub et l’éthique de l’équipe, avoir le maillot bleu, blanc, rouge dans le groupe, c’est un plus.

L’équipe était déjà formée ?

Oui, mais ils gardent toujours une place jusqu’au championnat de France. Et cette place c’est certain, je l’aurais eu. Là, ils ont choisi de sélectionner Julien Simon. Normal, il a terminé 2e et moi 3e.

Dans le final de ce championnat de France, avais-tu des consignes pour aider ton équipier Julien Simon à aller chercher la victoire ?

En fait, toute la course on était avec Julien les deux coureurs protégés. Il y avait 4 COFIDIS dans l’échappée, deux ont été désignés pour rouler, pendant que moi et Julien on s’économisait pour le final. Sauf que dans ce final, on s’est retrouvé encore à deux dans le bon coup à dix kilomètres de l’arrivée.

Et là, qu’elles ont été les consignes ?

À ce moment-là on avait plus de voiture suiveuse derrière, donc plus de consignes au niveau du directeur sportif. On ne savait plus trop quoi faire, et là, avec Julien Simon on ne s’est pas trop parlé.

Et alors ?

Alors, j’étais le plus jeune, je me suis mis un peu à son service pour le sprint final. Guillaume Martin était sorti au km. Julien s’est retourné et m’a regardé. J’ai compris qu’il me demandait de faire l’effort. Ce que j’ai fait. On le reprend à 400 m de la ligne. Et comme le sprint pour la gagne s’est lancé à 300 m, venant de fournir un gros effort, c’était devenu compliqué pour moi de sprinter. Je parviens quand même à revenir pour faire 3e. C’est ce qui me donne des regrets.

Tu penses qu’en la jouant personnel tu pouvais rafler le titre ?

Oui. J’avais déjà fait 4e à cette arrivée-là en coupe de France. Je savais comment faire le sprint. Si je n’avais pas fourni l’effort pour revenir sur l’homme de tête, et lancé le sprint, j’aurais été plus vite pour la gagne.

De plus avec Julien Simon vous étiez plus rapide que Warren Barguil ?

Oui, Barguil était le moins rapide de nous trois. Après, c’était une arrivée en cuvette. Il est arrivé de derrière, et avec l’aspiration, voilà il m’a passé.

Vous en avez rediscuté avec Julien Simon ?

Non, c’en est resté là.

Quel est le point positif de ta saison ?

Je dirais que pour une première saison au haut niveau, c’est ma régularité. Puis pas de problème physique, je n’ai pas été malade.

Et le point négatif ?

Ne pas avoir levé les bras. J’ai tourné autour de la victoire. Ce sera mon objectif pour la saison prochaine.

Quel est ton programme actuellement ?

Vacances. Quatre semaines sans vélo, ça va faire du bien. Je pars au soleil en République Dominicaine.

Pour quand la reprise ?

Je vais remonter sur le vélo pour le plaisir à l’occasion du duathlon du Neubourg qui se déroule le 16 novembre. C’est important pour moi d’être là, c’est la seule course organisée par mon club à laquelle je peux participer.

Et pour la compétition ?

Ce sera en janvier en Argentine au Tour de San Juan. Ensuite en mars je serais présent sur les classiques Fandriennes, Paris-Roubaix, le Tour des Flandres, où mes qualités devraient me permettre de jouer ma carte.

Le Tour d’Espagne peut être un bon tremplin pour un autre grand Tour ?

Oui, mais pas pour le Tour de France. Pour l’année prochaine on a plus parlé de ma participation au Tour d’Italie en mai. Après la Vuelta, le Giro me plairait bien. Bien sûr, si je suis en forme, et que je parviens à montrer de belles choses pendant les classiques.

Tu restes chez COFIDIS ?

Oui j’ai encore un an à faire. Et là on est en discussion pour une saison supplémentaire. D’autant plus que dès cette nouvelle saison l’équipe passe en World Tour, c’est-à-dire au même niveau que la FDJ ou encore AG2R. Il n’y aura plus besoin d’invitation pour les grandes courses.

Que peut-on te souhaiter pour la saison 2020 ?

De parvenir à lever les bras, et de poursuivre ma progression au fil des courses, tout en continuant à apprendre le métier. De ne pas connaître de grosses blessures.

Un mot sur le tracé du Tour de France 2020 ?

Avec de la montagne presque tous les jours, et pas beaucoup d’arrivées au sprint, il n’est pas trop fait pour moi. Dès le départ dans le sud, c’est dur tout de suite, avec le final de Paris-Nice. Mais bon, même si ce Tour n’a pas un profil pour moi, si on me proposait d’y aller, je ne dirai pas non.

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