Tom Bossis : Le report, « c'est un soulagement »

Crédit photo DR

Crédit photo DR

Tom Bossis vit au Japon depuis plusieurs années et dirige l'équipe Espoirs Yamanakako Cyclisme Formation dont deux coureurs évoluent cette année au VC Corbas Isatis. La structure est basée tout près du Mont Fuji et donc du parcours prévu pour l'épreuve sur route des Jeux olympiques. Le report des Jeux de Tokyo (lire ici) change les plans du Français qui devait servir d'appui logistique à l'équipe de France. Pour DirectVelo, il réagit à cette nouvelle situation.

DirectVelo : Au Japon, sentais-tu venir l'annonce du report des Jeux olympiques ?
Tom Bossis : Oui, on s'y attendait depuis quelques jours maintenant, mais tout est allé très vite. Au vu de la situation mondiale actuelle, organiser les Jeux à partir de juillet n'était plus possible. Et même si ça l'était encore, que ce soit l'équité sportive ou le retour sur investissement des différentes parties prenantes, ça n'en valait déjà plus la peine. Personnellement, le principal soulagement à l'heure actuelle est que le CIO ait donné la garantie qu'une annulation n'était pas envisagée.

Comment se passe la vie au Japon en cette période ?
Je suis de très près la situation des deux pays, le Japon et la France. Mon Twitter est dans les deux langues et c'est 50-50. L'écart s'est creusé très vite ces deux dernières semaines. Nous avons connu une grosse vague d'annulations au début du mois de mars, avant celle de la France, mais la situation s'est inversée, et nous n'avons jamais dépassé ce seuil depuis. La population japonaise est extrêmement propre et disciplinée, et habituée à réagir aux catastrophes naturelles, ce qui a probablement joué un grand rôle. À l'heure actuelle, on vit presque comme d'habitude, mais on sait très bien que la situation peut s'inverser du jour au lendemain. Nos deux Japonais présents en France, Hiryu Kayama et Yoshiaki Fukuda, doivent prendre un vol jeudi, en espérant que le Japon ne bloque pas les arrivées de France pour de bon d'ici là. Quant à nos deux Français, Vincent Louiche et Thibault Jeannès, pour le moment c'est tout bonnement impossible de les faire venir. 

« NOUS AVONS COURU DIMANCHE »

Est-ce que les sportifs japonais continuent de s'entraîner en groupe ?
Nous avons couru - et gagné - un critérium dimanche encore. Nous étions en stage jusqu'à ce mardi midi. Pour le moment, il y a peu d'incidence sur l'entraînement des sportifs, mais une grande partie des compétitions sont annulées, notamment dans les sports collectifs. C'est paradoxal, mais la fermeture des frontières avec l'Europe nous apporte de la sérénité. Le principal danger vient de Tokyo, où les trains bondés continuent de circuler. Le confinement serait plus dur à mettre en place ici, car l'immense majorité de la population de la capitale (37 millions d'habitants dans l'agglomération, NDLR) retournerait d'où elle est originaire, ce qui risquerait de multiplier les foyers de contamination. 

Qu'est-ce que ce report va changer pour toi et ton équipe alors que tu devais être un appui logistique pour l'équipe de France ?
En ce qui concerne l'équipe de France, pour qui je sers de relais sur place, la priorité est sûrement ailleurs à l'heure actuelle. C'est tout de même un soulagement, car il n'était plus possible de travailler dans la sérénité. Pour moi, le report des JO est une aubaine. Le cyclisme est un sport peu populaire au Japon, mais comme les épreuves route, piste et VTT sont les seules épreuves organisées dans la région du Mont Fuji, on connaît actuellement un véritable boom cycliste, notamment grâce au tourisme.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Tom BOSSIS