Cyclisme : « Chez les pros, c’est comme si je pointais à l’usine », assure Corentin Ermenault

    L’ancien coureur du CC Nogent, a choisi de redescendre dans les rangs amateurs en signant à Aix-en-Provence. Un choix surprenant que Corentin Ermenault qualifie de libération. Il s’en explique.

     Nogent-sur-Oise, le 10 novembre 2015. Corentin Ermenault a tiré un trait sur sa carrière professionnelle.
    Nogent-sur-Oise, le 10 novembre 2015. Corentin Ermenault a tiré un trait sur sa carrière professionnelle. LP/Florent Pervillé

      Corentin Ermenault est comme ça. Un jeune homme de 23 ans libre et pas lisse pour un sou. Après trois années chez les pros (Team Wiggins en 2017 et Vital-Concept en 2018 et 2019), le natif d'Amiens a décidé de redescendre dans les rangs amateurs pour se consacrer notamment à la poursuite sur piste. Avec en ligne de mire les JO de Tokyo cet été.

      A 23 ans, votre choix de quitter le peloton professionnel n'est-il pas surprenant ?

      CORENTIN ERMENAULT. Moi, je le vis très bien, puisque c'était mon choix. Je le ressens même comme une libération. Je n'étais plus heureux dans ce monde-là. Je me suis orienté vers la piste, une discipline que mon équipe m'avait interdit la pratique.

      On vous sent marqué par ce départ de chez Vital Concept ?

      Par rapport à tous ceux qui veulent devenir pros sans jamais y arriver, je ne veux pas jouer les rabat-joies. Donc, oui, j'ai vécu une expérience incroyable. J'ai rencontré des gens bien, d'autres moins bien aussi. Ce milieu-là, ce n'est pas mon truc.

      C'est-à-dire ?

      Je ne prenais pas de plaisir... C'est comme si je pointais à l'usine. Les courses étaient ennuyeuses. C'était trop stéréotypé. J'avais l'impression de perdre mon temps.

      Alors que sur la piste, vous continuez de progresser...

      Effectivement, j'ai remporté le Championnat d'Europe de poursuite à Appeldoorn (Pays-Bas) en octobre. Et j'ai enchaîné par deux manches de Coupe du Monde à Minsk (Biélorussie) et Glasgow (Royaume-Uni). Je décolle samedi pour le Canada ou se déroule la dernière manche.

      Comment vous situez-vous par rapport aux JO de Tokyo ?

      C'est mon objectif, mais je pars de loin. Le mode de qualification par points ne m'avantage pas car comme je n'ai pas fait d'épreuve la saison passée, je suis très en retard sur le Top 8 qui sera qualifié. Mais mathématiquement, j'ai encore mes chances.

      Quand serez-vous définitivement fixé ?

      Les dés seront jetés après les Championnats du monde de Berlin (Allemagne) les 26 et 27 février. Je donnerai tout pour ne pas nourrir de regrets.

      Et concernant votre saison sur route, qu'envisagez vous ?

      Je ne voulais plus être pro mais j'avais envie de continuer chez les amateurs. C'est dans cet état d'esprit que j'ai signé à Aix-en-Provence.

      Aix-en-Provence figure en Nationale 1 comme votre ancien club de Nogent-sur-Oise. Avez-vous envisagé un retour dans l'Oise ?

      Oui, j'aurais pu revenir à Nogent. J'ai eu un contact avec eux. Mais c'était un peu compliqué. Je réside désormais à Nice et cela aurait engendré beaucoup d'allers et retours et donc de la fatigue.

      « Après Tokyo, je vais sûrement m'offrir une année sabbatique et faire un tour du monde »

      Depuis votre départ, il y a trois ans, continuez-vous de suivre les performances de Nogent ?

      Sincèrement, non... Cela n'a rien à voir avec Nogent, un club formidable dont j'ai gardé de bons souvenirs. C'est plus par rapport au cyclisme en général. Je ne suis pas un fana de vélo et je ne m'intéresse pas forcément aux courses même professionnelles.

      Que ferez-vous après les JO de Tokyo ?

      J'adore les voyages. Je vais sûrement m'offrir une année sabbatique et faire un tour du monde. C'est quelque chose que j'ai envie depuis longtemps. J'en ai besoin pour savoir ce que je ferai de ma vie après le vélo, pour savoir également si je pousse l'aventure jusqu'aux JO de Paris en 2024.

      Vous avez déjà un peu commencé votre tour du monde en passant plusieurs semaines en Australie cet hiver...

      J'étais sur la côte est, vers Brisbane pour m'entraîner. Depuis le 8 novembre, l'Australie brûle mais on a mis du temps à en parler en France. Dans mon appartement à Noosa, il y avait des flammes partout autour de moi. Ce qui était horrible, c'était d'entendre les animaux suffoquer et agonir…