Jérémy Cabot : « C’est du beau vélo »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Jérémy Cabot ne s’arrête jamais. Le leader du Challenge BBB-DirectVelo, archi-dominateur cette saison chez les amateurs, a pris les commandes des 4 jours des As-en-Provence (Elite Nationale), ce vendredi, en enlevant la 2e étape dans les rues de Lançon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) devant son compagnon d’échappée Sten Van Gucht (voir classements). Le sociétaire du SCO Dijon fait ainsi coup double et s’empare du maillot jaune de leader avant les trois dernières étapes. Quels scénarios possibles pour la fin de semaine ? Quelle équipe pour 2020 ? Jérémy Cabot fait le point avec DirectVelo.

DirectVelo : Tu as encore réalisé un sacré numéro ce jeudi. Un de plus cette saison !
Jérémy Cabot : C’était quand même dur, avec le retour vent de face. Quand on s’est retrouvé à une dizaine devant, c’était encore tôt, alors il fallait faire tourner tout le monde pour faire défiler les kilomètres. Mais ensuite, ça ne s’entendait plus très bien, et le peloton est revenu assez près, alors il a fallu qu’on y aille à deux, avec Sten (Van Gucht). On était costaud. Vu la vitesse à laquelle on roulait, je me suis dit qu’il était compliqué pour le peloton de rouler plus vite. Malgré tout, il ne fallait pas s’écrouler, mais on ne l’a pas fait. C’est bien, c’est du beau vélo. On s’est fait mal aux jambes et on s’est fait plaisir tous les deux. Mettre le peloton aussi loin, c’est beau !

« LES DEUX PLUS FORTS »

Le parcours était casse-pattes et exposé à un fort vent, comme jeudi. C’est le type de situation qui favorise plus encore les hommes forts ?
Disons que ça favorise surtout une course de mouvements. Si on regarde le dénivelé, ce n’est pas super dur, mais en fait, on est tout le temps en prise. Il n’y a pas de répit. C’était pour les costauds.

Sten Van Gucht et toi avez repris 2’23” à tous vos autres adversaires. La lutte pour le classement général final va-t-elle désormais se résumer à ce duel ?
Pas forcément. J’avais déjà dit ça au Tour de Côte d’Or et finalement, on s’était fait avoir. Ca peut aller vite dans un sens comme dans l’autre. On n’est que cinq au départ, il faudra rester vigilant. Il peut vite y avoir des retournements de situation. Je pense que nous sommes les deux plus forts de la course mais il y a d’autres costauds. Ce qui serait bien, c’est que ça se neutralise demain (samedi) matin puis qu’on règle ça sur le chrono par équipes de dimanche matin (sourires).

« TANT QUE ÇA TIENT, JE CONTINUE »

Tu es donc confiant pour le chrono par équipes, face au VC Villefranche Beaujolais ?
On a un gros collectif, mais Villefranche aussi. Ce sera disputé. De toute façon… Il n’y aura plus que ça à faire : appuyer fort sur les pédales. Mais clairement, c’est loin d’être gagné. Il faut rester humble. Quand j’ai un maillot de leader, je sais qu’il n’y a pas grand-monde qui me fait de cadeau, ce qui est normal. On va prendre les étapes les unes après les autres, sans calculer non plus. Depuis le début de l’année, l’air de rien, on commence à avoir l’expérience de ses situations : rouler, défendre un maillot… On se connaît tous très bien et on marche tous bien. On va faire ce que l’on sait faire.

Tu marches très fort depuis le début de saison. T’attendais-tu à pouvoir encore être à ce niveau en septembre ?
Oui, surtout que j’ai levé un peu le pied au début de l’été, justement pour ne pas avoir de creux sur la fin de saison. Je ne suis pas surpris, au contraire, j’avais préparé tout ça. Il y a quand même de la fatigue car j’enchaîne beaucoup. Mais tant que ça tient, je continue.

Où en es-tu pour la saison prochaine ?
Honnêtement, vis-à-vis du monde professionnel, je suis tout sauf confiant (sourires). Je reste méfiant. Je ne vais pas cacher que j’ai des contacts mais jusqu’à présent, je n’ai rien signé. C’est pour ça que je reste prudent. Il reste encore un mois de compétition. Les gens se disent que je vais forcément repasser car je gagne beaucoup de courses mais le monde pro, c’est tout sauf logique. C’est compliqué. Ca prend du temps. C’est comme une course de vélo : il faut être patient.

« JE SUIS PRÊT À L’EMPLOI »

Certains t’imaginent rejoindre une grande formation où tu pourrais tirer de longs bouts droits pour favoriser les sprinteurs, par exemple…
Moi, ça me plairait d’être équipier dans une grosse équipe. Après, je gagne beaucoup de courses chez les amateurs, alors ça veut aussi dire que je sais gagner des courses. C’est important chez les pros. On voit des mecs passer chez les pros sans jamais gagner une course, même s’ils marchent.

Comment te vends-tu auprès des formations professionnelles ?
J’ai un profil de rouleur, je passe bien les bosses, les cols… Je peux faire beaucoup de boulot, sur tous les terrains. J’ai marché sur les épreuves de Classe 2, j’ai gagné face aux pros sur Paris-Troyes. Je suis prêt à l’emploi, surtout ! Certains jeunes marchent forts chez les jeunes mais sont encore un peu limités pour les pros. Moi, j’ai de la force, et je marche de février à octobre. Je suis prêt. Ce sont mes arguments. Maintenant, je ne vais pas me sur-vendre, ni me faire passer pour ce que je ne suis pas. En attendant, j’essaie de gagner le plus de courses possible, sans me prendre la tête.

Considères-tu jouer encore ta place chez les pros durant les prochaines semaines de compétition, et notamment ici aux 4 jours des As-en-Provence ?
Je ne le sais pas trop… Je ne le ressens pas comme ça. Je ne peux rien faire de plus que ce que j’ai déjà fait. J’ai gagné quatorze fois. Que j’en gagne quatorze ou dix-huit… Bon, ça aide quand même car je montre que je marche tout le temps. Ça peut éventuellement faire pencher la balance mais franchement, je ne l’espère pas. En demander encore plus serait abusé (sourires).

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