Rudy Barbier en stageRudy Barbier en stage | © Noa Arnon

Il y a un an on s’était vu à Calpe où tu arrivais dans une équipe qui quittait à peine le niveau Continentale et aujourd’hui tu touches le World Tour. Ca fait quoi comme impression ? 

C’est une bonne impression, c’est ce que l’équipe prétendait logiquement. Voir l’équipe avec une telle ascension en si peu de temps c’est beau.

Quand tu as signé chez eux c’est quelque chose que tu avais dans ta tête de rejoindre le World Tour ? 

C’était une ambition commune car eux voulaient évoluer et moi je voulais continuer de grandir. Ça c’est super bien passé, les voyants sont passés au vert. Maintenant on va devoir écrire une nouvelle histoire.

Quel bilan tires-tu de ta saison 2019 ?

On s’était fixé des objectifs, en l’occurrence de gagner, c’est chose faite. Maintenant j’attends plus et je pense que l’équipe aussi, je suis motivé par ce qui s’est passé l’an dernier. J’ai envie de confirmer et de faire mieux aussi. 

Sens-tu une différence dans l’ambiance entre cette année et l’an dernier ? 

Oui clairement avec le staff, le nombre de mécanos a été multiplié par deux par exemple. L’engouement au sein de l’équipe en général avec les photographes… On a franchi un nouveau palier, maintenant il va falloir assurer. 

Tu vas retrouver les vélos Factor que tu avais déjà connus chez AG2R La Mondiale. 

Oui j’ai hâte de me reposer dessus, j’avais apprécié ce vélo, c’est un plaisir de les retrouver. On sera tous en disques mais ce n’est pas trop mon problème, les freins je ne m’en occupe pas de trop (rire). En terme de sécurité si tout le monde y vient c’est bien. C’est l’évolution du cyclisme.

On a le sentiment que vous êtes un pôle de sprinteurs de bon niveau mais il n’y a pas le top sprinteur pour jouer avec les Groenewegen, Ackermann et autres. Comment tu le ressens ? 

Tant mieux pour moi (sourire). Chez AG2R il y avait la même philosophie pour la montagne et ça ne les empêchait pas d’avoir des résultats. Ici on est plus tourné sur les rouleurs – sprinteurs alors tant mieux pour moi, je vais être entouré différemment et pour concrétiser c’est plus facile. 

Qu’est-ce que tu attends d’un garçon comme Andre Greipel ? 

J’ai pensé positif au moment de son annonce. Il va m’apprendre des choses, c’est un bon mec. J’ai hâte qu’on discute, qu’on analyse les choses ensemble et qu’il me tire vers le haut. 

Est-ce que tu dirais que pour un sprinteur de plus de 30 ans c’est plus difficile que si on est grimpeur ? 

Ça dépend du passé du sprinteur, s’il a 30 ans et qu’il est déjà cassé ce n’est pas pareil qu’un sprinteur en pleine confiance qui gagne 15 courses par an. A l’heure actuelle je pense que ce n’est pas forcément le meilleur qui gagne la course mais celui qui a la meilleure équipe. 

En World Tour c’est difficile de performer sans train ? 

Peter Sagan va nous faire dire le contraire. Mais sur les grands Tours si l’équipe n’est pas tournée à 100% autour du sprinteur c’est difficile de concrétiser. La confiance de l’équipe compte énormément aussi. 

Vous allez être présent sur Paris-Nice et le Tour de France, il y aura vraisemblablement un coureur français et par ordre d’élimination on arrive vite à toi. Qu’est-ce que tu en penses ? 

Ça me donne envie, mais faut que j’ai les qualités requises à ce moment-là. Il va falloir se battre, donner des garantis à l’équipe le plus tôt possible.

Connais-tu ton programme de début de saison ? 

Je ne le connais pas encore exactement mais ce sera axé sur les classiques pour aider Nils, entre-autres.  

Rudy Barbier et son nouveau coéquipier Hugo HofstetterRudy Barbier et son nouveau coéquipier Hugo Hofstetter | © Noa Arnon

Travaillez-vous les trains à l’entraînement en stage ? 

Oui, notamment avec l’arrivée d’Andre il fait en sorte qu’on le travaille bien. Il n’y a pas de temps à perdre il faut commencer tôt pour être opérationnel en Janvier. 

Comment travaillez-vous ça ? 

C’est un peu pareil qu’un exercice de contre-la-montre, ça se fait à haute vitesse sauf que ce n’est pas les mêmes mecs qui vont lancer. Il y a plusieurs choses à prendre en compte avec la peur, savoir frotter, et bien sûr savoir aller vite. Le but est de créer le plus de vitesse en un laps de temps court. Il faut y aller à 200% sans aucune arrière-pensée, c’est ce qui reflète un bon collectif. 

Si tu avais un train idéal aujourd’hui, ce serait lequel ? 

Il y a tellement de mecs forts, de coureurs talentueux… Je ne dirais pas de train idéal mais il faut qu’il y ait le feeling, et que les gars aient envie de le faire.

Qui est le sprinteur 2019 selon toi ?

Je dirais Viviani ! C’est peut-être la classe italienne qui veut ça. Il ne s’est pas beaucoup loupé et quand il s’est raté il s’est rattrapé juste après. 

Et le grimpeur de la saison dernière ?

Egan Bernal ! Et si on parle côté Français j’ai été impressionné par la performance de David Gaudu sur le Tour de France. On dit les mecs de l’ombre mais il a été dans la lumière. 

Julian Alaphilippe a été élu Vélo d’Or, c’est le cycliste de l’année selon toi ? 

Il a fait beaucoup de bien au cyclisme français et au cyclisme en général. Je suis chauvin, il a refait croire au maillot jaune à tous les Français. C’était un grand Tour ! 

Comment juges-tu le choix de ton frère de rejoindre Nippo Delko One Provence pour les deux prochaines saisons ? 

C’est un très bon choix, il franchit les étapes unes à unes. Il passe vite les étapes mais il ne les oublie pas. Il a une abnégation impressionnante, c’est la fougue de la jeunesse et ça me fait du bien au quotidien. On voit que les jeunes derrière poussent. J’ai la chance de partager tous mes entraînements et quelques courses avec lui, alors c’est cool. 

Maintenant que tu es en World Tour vous allez moins vous confrontez sur le terrain ? 

C’est sûr mais on passe déjà beaucoup de temps ensemble au quotidien.