Interview : Cédric Vasseur "Grandir tous ensemble"

Interview : Cédric Vasseur "Grandir tous ensemble"

C’est ce vendredi 10 janvier qu’a eu lieu à Saint-André-lez-Lille, sous le thème World Rock Tour, la 24ème cérémonie officielle de présentation de l’équipe Cofidis. L’occasion pour www.velo-club.net de faire le point avec Cédric Vasseur, le Manager Général de la formation Nordiste, à l’aube de cette saison 2020.

Cédric, les coureurs reviennent d’une semaine de stage en Espagne à Calpe. Quels sont les premiers enseignements à tirer ?

On est tout d’abord satisfait de la qualité du travail effectué lors de ce stage. De la vitesse avec laquelle les coureurs ont pris leurs marques, surtout avec 10 nouveaux coureurs au sein d’une équipe de 28. Il y a des automatismes à prendre et l’intégration s’est parfaitement déroulée.

On a hâte que les premières courses commencent parce que toute l’équipe est super motivée pour aller chercher un premier succès pour Cofidis dès ce début d’année.

Il y a 2 ans, lorsque tu as repris les rênes de Cofidis, l’un de tes objectifs était d’obtenir pour l’équipe le statut World Tour. Chose faite. Cela implique aussi une participation de l’équipe à beaucoup plus d’épreuves importantes. Qu’est-ce que cela va changer au niveau de la préparation, de l’entraînement et de l’organisation ?

Cela ne va pas changer grand-chose parce qu’on avait déjà l’année dernière un programme tourné vers le World Tour. Maintenant, on a probablement plus de responsabilités….On va devoir assumer notre nouveau rôle au sein de la course. Mais comme on a recruté des coureurs qui avaient déjà cette expérience World Tour, tels que Julien Vermote, Nathan Haas et Fabio Sabatini, ils vont pouvoir la transmettre à toute l’équipe.

Oui, il y aura très certainement une charge supplémentaire de travail mais on en était conscient et on l’assume avec plaisir.

Cette saison, Cofidis accueille un Top sprinter en la personne du Champion d’Europe en titre, l’Italien Elia Viviani. Comment s’est passée son intégration  au sein de l’équipe ?

Elle s’est superbement bien passée. On le voit d’ailleurs facilement. Elia est toujours disponible pour le public, c’est aussi un amoureux du vélo avant d’être un grand champion et il transmet toute cette passion, tout cet amour du vélo à l’ensemble de l’équipe.

Pour moi, c’est vraiment un leader charismatique, le leader qu’avait besoin Cofidis pour tirer toute l’équipe vers le haut.

Quels seront les principaux objectifs de l’équipe en ce début de saison ?

Comme toujours, essayer de gagner le plus vite possible. Et pourquoi pas dès le Tour Down Under ou lors de la Cadel Evans.

Pour la confiance, le fait de pouvoir rapidement lever les bras, et ce dès le début de saison, c’est toujours un plus parce que cela apporte une vraie dynamique au sein de l’équipe. Ensuite, les objectifs sportifs, on les connait. C’est Milan-Sanremo où Elia Viviani rêve de pouvoir lever les bras sur la Via Roma comme tant de grands champions l’ont fait.

Une étape sur le Giro et bien entendu sur le Tour de France. N’oublions pas qu’Elia appartient désormais au cercle très fermé des coureurs qui ont réussi à remporter une étape à la fois sur le Giro, le Tour de France et la Vuelta. Et quand on a ses qualités, son âge et son expérience professionnelle, on s’attend bien entendu à ce qu’il puisse à nouveau s’imposer sur une étape de la grande boucle et si possible, cette année.

Avec Elia Viviani mais aussi pourquoi pas avec Christophe Laporte, le grand objectif, ce sera donc, après 11 ans de disette, de remporter enfin un succès sur les routes du Tour ?

Oui, bien sûr. C’est le tout gros objectif. Chaque année, on espérait mais on n’avait peut-être pas non plus l’effectif capable de relever ce défi.

On manquait parfois aussi peut-être de ressources spécifiques pour y parvenir sur une épreuve qui est particulièrement exigeante. Là, Elia Viviani a remporté une étape l’an dernier et donc il connaît le mode d’emploi. Tous les paramètres sont enfin réunis pour que Cofidis remporte cette étape du Tour de France qu’elle cherche à obtenir depuis de nombreuses années.

Par le passé, la cohabitation entre Nacer Bouhanni et Christophe Laporte n’a pas toujours été facile. Christophe aura à nouveau dans son équipe cette saison un grand sprinter avec Elia Viviani et chacun d’eux pourraient avoir des objectifs communs comme par exemple Milan SanRemo et Gand Wevelgem. Comment seront répartis les rôles ?

Cela va se gérer naturellement. Chacun va donner le meilleur de lui-même et on sait bien, lorsqu’on regarde le parcours de l’un et de l’autre, qu’ils peuvent être complémentaires.

Sur certaines courses tels que les ‘grands monuments’, on ne s’y impose jamais par hasard. Vu les qualités d’Elia Viviani, sur Milan SanRemo, il sera le leader attitré de l’équipe et Christophe Laporte peut vraiment être un lieutenant de luxe que peu d’équipe peuvent se targuer d’avoir.

Christophe va vraiment gagner en expérience, en maturité et cela va lui servir par la suite. Idem sur le Tour de France.

Par contre, cela sera important aussi de les faire cohabiter sur d’autres courses comme le Tour de Suisse par exemple où Elia pourra à ce moment-là rendre la pareille à Christophe. C’est qui est vraiment le plus important, c’est que la communication entre les 2 hommes fonctionne et pour ce qu’on a déjà vu sur le stage, on est vraiment rassuré de ce côté-là.

Pour les courses à étapes, Guillaume Martin est un renfort de poids. Quelles sont tes attentes à son sujet ?

L’apport de Guillaume Martin, c’est vraiment un gros plus pour l’équipe parce que cela ne met pas toute la pression sur nos sprinters.

Par le passé, si cela ne marchait pas au sprint, on n’avait pas grand-chose derrière.

Maintenant, on sait qu’on va pouvoir jouer sur plusieurs tableaux et ça, c’est une force. Lorsqu’on regarde la progression de Guillaume, il est légitime de penser qu’il peut devenir l’un des tous meilleurs coureurs français sur les courses par étapes. Maintenant, on ne doit pas vouloir aller trop vite au niveau de nos exigences. Il a terminé 21ème du Tour de France il y a 2 ans et 12ème l’année dernière.

Ce qu’on veut avant tout, c’est d’en faire un vainqueur et Guillaume a toutes les qualités pour aller remporter une étape sur la grande boucle. Pour moi, il est dans la lignée des grands au même titre qu’un Romain Bardet, d’un Thibaut Pinot voire d’un David Gaudu. Au-delà du coureur, ce que j’aime dans l’homme, c’est l’image qu’il dégage…son côté sérieux, son envie de perfection et c’est un plus pour l’ensemble du groupe.

Il y a 2 ans, les 3 mots d’ordre qui devaient définir l’équipe étaient : Sympa, Moderne et Conquérante. Deux ans plus tard, cela reste d’actualité ou tu en définirais 3 autres ?

Non, je garde les 3 mêmes sans hésitation. Sympa, l’équipe l’est certainement encore plus qu’avant. Moderne, elle l’est parce qu’on cherche toujours la perfection et Conquérante, on voit que chaque saison, on atteint le chiffre de 20 victoires.

On a eu un peu moins de succès en 2019 qu’en 2018 parce que certains coureurs n’étaient pas au top de leur condition mais avec le recrutement effectué, on doit certainement être encore plus conquérant.

En résumé, je dirais qu’on doit être encore plus Sympa, encore plus Moderne et encore plus Conquérant.

Un petit mot sur les nouveaux vélos De Rosa ?

Très satisfait. On a de très bons retours de la part des coureurs quant à ses performances. On est toujours à la recherche du meilleur compromis et avec les vélos De Rosa, on a vraiment un partenaire qui est soucieux de l’esthétique et de la performance.

C’est une marque italienne de renom qui suit attentivement les résultats d’Elia Viviani. Aujourd’hui, on a vraiment un vélo très compétitif et c’est le plus important.

Pour toi, une saison réussie, ce serait …….

En premier lieu, si on réussit à créer un groupe qui prend du plaisir à travailler ensemble. Parce qu’un groupe qui prend du plaisir, c’est un groupe qui réussit forcément. Je ne vais pas fixer un nombre de victoires....     mais évidemment, si on gagne Milan SanRemo, Gand-Wevelgem et une étape du Tour, elle sera bien entendue réussie.

Mais avant tout, je veux que l’équipe trouve son rythme de croisière dans ce circuit d’Elite. Si l’équipe arrive à trouver tous ses automatismes, on aura déjà gagné beaucoup. On a une licence pour 3 ans et n’oublions pas qu’on ne peut pas toujours obtenir tout ce que l’on veut de suite. Les bonnes choses prennent parfois du temps. Il faut avant tout construire du solide mais avec les personnalités qu’on a réunies au sein de ce groupe, on est vraiment sur la bonne voie et ça, crois-moi, c’est le plus important.

 

Interview de Christian Hiernaut réalisée à Saint-André-lez-Lille

Rejoignez-nous