Interview : Pavel Sivakov "Intégrer le groupe pour le Tour de France"

Interview : Pavel Sivakov "Intégrer le groupe pour le Tour de France"

Bonjour Pavel, un mot tout d’abord rapidement sur ta saison 2019, est-ce que tu t’attendais à être aussi constant dans tes performances ?

Non pas du tout, déjà je ne m’attendais pas à être si performant tout court. C’est vrai que j’ai été constant toute la saison, j’ai progressé durant tout la première partie avant d’atteindre un pic au Giro, et de maintenir un état de forme plus que correct puisque j’ai remporté en août le Tour de Pologne, et que j’avais encore de bonnes sensations lors du Tour of Britain. Le seul point noir de la saison je dirais, ce sont les championnats du monde, je suis tombé malade une semaine avant le début des épreuves.

Entre le Giro, les Alpes ou encore la Pologne, quel est le moment où tu t’es senti le plus fort physiquement dans la saison ?

C’est difficile à dire. Je pense quand même plus au Giro, car le niveau y était plus relevé que lors du Tour des Alpes, même si quand on gagne comme ça a été le cas lors du Tour des Alpes, on a cette impression d’être plus fort.

En Pologne, la forme était un peu différente, car j’avais par exemple quatre kilos de plus que lors du Tour d’Italie, mais je me suis quand même senti très fort. L’étape où je termine second, j’étais vraiment bien, mais bon, je ne m’attendais sincèrement pas à gagner. C’était une belle surprise.

Avant de passer à 2020, un mot forcément sur la sanction qui est tombée sur la Russie. Qu’en as-tu pensé, toi qui a été formé en France et quel impact cela peut-il avoir sur toi pour les JO et les mondiaux par exemple sur 2 parcours qui pouvaient te convenir ?

De ce que j’ai compris, les athlètes propres qui n’ont eu aucun problème seront autorisés à courir sous une bannière neutre, donc pour moi au final ça ne changera pas grand-chose. Je serai autorisé à aller aux championnats du monde et j’espère aux JO, même si je ne sais pas encore exactement comment cela va fonctionner. Est-ce que ça sera avec les infrastructures de la fédération, ou est-ce que ce sera personnel ? Je préférerais que ce soit personnel, car je pourrais vraiment former une équipe autour de moi avec des gens de grande confiance et courir dans de meilleures conditions qu’avec la sélection de Russie. Donc si j’arrivais à avoir mon staff, mes soigneurs et mes mécanos ça serait parfait. Mais bon on verra, je vais attendre que la nouvelle année passe et je vais me renseigner un peu plus sur le sujet.

On en a déjà parlé, mais est-ce que ça peut remettre en cause ton choix de la Russie, de savoir que finalement, ça peut être compliqué longtemps ?

j’y ai repensé, mais au final j’avais pris ma décision, alors à quoi bon changer, d’autant plus que ce serait choisir la facilité. Je sais que je ne suis pas russe comme tous les autres russes, mais je veux aussi montrer que tout n’est pas comme ça, et redorer un peu le blason de mon pays.

Après ce n’est que deux courses l’an prochain, et le principal ça reste ma saison avec Ineos. Mais bon j’y pense aussi parfois, à ce que ce serait si j’avais choisi la sélection française, mais déjà ça ne serait même pas certain que je sois sélectionné pour les JO, parce que bon, il y a quand même de très grands coureurs.

Tu as coupé cette année après les mondiaux, et plus tôt qu’en 2018, était-ce un souhait de ta part, où simplement lié à la fatigue de fin de saison ?

C’était un souhait de ma part. Avec mon coach, on avait prévu que les mondiaux seraient ma dernière course de la saison. Et puis j’étais quand même assez fatigué car j’avais pas mal de jours de course déjà depuis le début de la saison. En plus, j’en ai fait pas mal dans un rôle de leader, et ça te prend forcément plus, notamment d’un point de vue mental. Donc oui, c’était un choix, mais il y avait aussi de la fatigue en fin de saison.

Justement, tu as coupé tôt, et repris tôt j’imagine, comment se passe la préparation hivernale ?

J’ai repris en novembre, et je suis en train d’effectuer un bon hiver, avec déjà pas mal de bornes au compteur. Le stage à Majorque s’est bien passé et je suis content. Comme l’an passé, je vais repartir en Australie pour débuter la saison.

Tu parles de l’Australie, est-ce que le programme va être un peu différent, avec une reprise dès le Tour Down Under ?

Oui je vais faire le Tour Down Under, car il commence une semaine plus tard que la saison dernière et aussi qu’on ne participe pas à l’Herald Sun Tour. Ensuite, je participerai à la Cadel Evans, et je reviendrai en Europe.

Auras-tu des ambitions en Australie d’un point de vue personnel ?

Je ne sais pas trop. Normalement on a Rohan Dennis qui va arriver en très bonne condition, et moi je vais plus aborder la course dans un rôle de support, et on verra bien comment ça se déroule. De toute façon on aura une équipe très forte et on verra au fil des jours, car c’est difficile de désigner un leader comme ça pour la reprise. On a fait aucune course et même si il y a eu les entraînements, c’est compliqué de savoir qui sera le meilleur.

Tout risque également de se jouer à Willunga encore une fois.

Ouais, c’est une montée vraiment spécifique. C’est la montée de Richie (Porte) et j’imagine qu’il sera présent aussi. En plus il aura Kenny Ellisonde en support pour Willunga. Ça sera une belle course je pense, et c’est sympa de commencer la-bàs comme c’est l’été. En plus, on aura un stage avant la course chez notre coach.

Et pour la suite, as-tu déjà défini les grandes lignes de ton programme, notamment en ce qui concerne les Grands Tours ?

Pour le moment, normalement, le gros objectif de la saison c’est d’essayer d’intégrer le groupe qui va participer au Tour de France, comme l’an passé l’idée était de gagner ma place au Giro, et au final j’ai même eu plus que ça puisque j’ai eu ma chance.

Tu préfères prendre de l’expérience sur le Tour de France que de rejouer ta carte sur un Giro ou une Vuelta ?

Ouais clairement. Pour moi de toute façon quelque soit le Grand Tour on a des mecs qui sont capables de gagner, donc au final je ne vais pas forcément non plus jouer ma carte. Et si je vais par exemple à la Vuelta, si c’est pour rejouer un top 10, c’est bien, c’est même super, mais je l’ai déjà fait une fois et mon objectif désormais c’est d’évoluer, et un jour de jouer un top 5, puis pourquoi pas un podium sur un Grand Tour, et enfin dans plusieurs années peut-être se battre pour la victoire. Je ne sais pas si j’en aurai les moyens, mais mon envie c’est vraiment de progresser et là j’en suis à l’étape où pour continuer cette progression, il faudrait que j’intègre l’équipe numéro 1 sur le Tour de France, pour voir vraiment comment ça marche sur la course, car c’est la plus grosse épreuve du calendrier.

Et quand j’aurai passé cette nouvelle étape, c’est sûr que je voudrais jouer ma carte, mais pour l’instant on a des mecs plus forts que moi et qui sont capables de gagner, et je préfère donc les aider eux à gagner que finir encore une fois 9ème.

Justement cette année, il y a eu encore un gros recrutement avec notamment Dennis et Carapaz. En dehors de la Grande Boucle, comment tu te vois dans la hiérarchie Ineos ?

Honnêtement j’essaie de ne pas trop y penser. Je fais mon truc, parce que de toute façon il y a toujours de la concurrence, qu’elle soit interne ou externe à l’équipe. Au final, je pense qu’il faut juste toujours tout donner, vouloir être performant. Et de toute façon, admettons qu’un coureur soit le plus fort, qu’il soit dans l’équipe ou en dehors, ça ne change pas grande chose, je ne vais pas gagner, ça sera toujours le plus fort qui s’imposera. Donc ouais, je n’y pense pas trop, je fais mon truc et c’est sûr que suite à ma saison 2019 mon statut a un peu évolué, l’équipe a plus confiance en moi, j’ai également plus confiance en moi et en mes capacités, alors qu’en début d’année dernière je n’en avais aucune idée du niveau auquel je pourrais évoluer.

C’est sûr, il y aura plus d’attente aussi de la part de tout le monde, que ce soit moi, l’équipe ou les suiveurs, mais comme je te disais, j’évite de trop y penser de de saisir les opportunités.

Comme l’an passé lors du Giro avec le forfait de Bernal ?

Exactement, j’ai eu cette opportunité cette année sur le Giro, et le plus important c’était de la saisir. Tout le monde dit que c’est dur d’avoir des opportunités chez Ineos, c’est vrai, mais il y en a quand même qui se présentent et le plus important c’est d’être là au bon moment et de répondre présent physiquement.

Puisque tu évoques Ineos, tu es en fin de contrat en 2020 si je ne me trompe pas, comment vois-tu la suite ?

Pour le moment oui, je suis en fin de contrat fin 2020…

Pour toi c’est automatique la prolongation avec Ineos ?

Pour l’instant je ne me vois pas autre part que chez Ineos. Je ne me vois pas dans une autre équipe, il y a tout qui me va ici. La manière de courir, de travailler, de s’entraîner, l’encadrement, etc...je suis très bien au sein de l’équipe et je ne me vois pas au jour d’aujourd’hui dans une autre structure.

Propos recueillis par Charles Marsault (photo : LaPresse - D'Alberto / Ferrari / Paolone / Alpozzi)

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