Clément Orceau : « C'est une injustice »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Clément Orceau ne passera pas professionnel chez Total Direct Energie. Après trois années dans les rangs de Vendée U et trois contrats de stagiaire dans la formation de Jean-René Bernaudeau, le coureur de 24 ans a appris qu'il ne franchirait pas le Rubicon à l'issue de cette saison. Amer, l'habitant du Poiré-sur-Vie a décidé de rejoindre le club de la Roche-sur-Yon Vendée Cyclisme, à dix kilomètres de chez lui, pour 2020 (lire ici). Avec en parallèle un projet de reconversion en tant qu'entraîneur. Il se confie auprès de DirectVelo

DirectVelo : Quand as-tu su que tu ne passerais pas chez Total Direct Energie ?
Clément Orceau : Le staff de Vendée U ne me l'a jamais dit en face. J'ai commencé à voir que ça ne sentait pas bon juste avant le Championnat de France. Ils ont décidé de ne pas me mettre dans la sélection. À partir de ce moment-là, j'ai compris qu'il y avait un truc qui n'était pas bon. Après, je me suis dit qu'il fallait quand même rester motivé. La saison est longue. J'ai réussi à gagner au mois d'août. J'ai fait beaucoup de boulot pour l'équipe. Je me suis vachement investi en tant qu'équipier. Je ne pensais plus trop aux sprints, je m'investissais beaucoup pour le groupe. Au bout d'un moment, j'ai voulu savoir clairement ce que ça allait donner pour mon avenir. J'avais besoin de savoir ce que j'allais faire, s'il fallait que je trouve un boulot. Je ne pouvais pas me permettre d'attendre trop longtemps non plus. J'ai contacté Jean-René Bernaudeau mi-septembre. Il m'a dit que ça allait être compliqué pour l'année prochaine. C'est lui qui me l'a dit, personne du staff de Vendée U n'a pris le téléphone pour me l'annoncer. Ils m'ont raconté qu'aucun mec de l'équipe actuelle n'allait passer chez les pros. Sauf qu'on est une bande de copains dans l'équipe, on se disait tout. On savait très bien qui allait passer chez les pros. Le staff du Vendée U n'a pas du tout été honnête avec moi.

« DE L'INCOMPRÉHENSION »

Tu ne continueras pas au Vendée U l'an prochain...
La saison dernière, un peu avant l'été, j'arrivais à un stade où si je n'avais pas de contrat professionnel, j'allais arrêter. Je ne repartirai pas une année de plus. Je ne voyais plus trop l'intérêt. On m'a fait espérer, on m'a convoqué plusieurs fois en rendez-vous. On m'a annoncé des choses qui au final ne se sont jamais réalisées. On a réussi à me motiver pour que je reste une année de plus, pour au final me dire que je n'ai pas ma place chez les pros. J'ai clairement été pris pour un dindon ces dernières années. À l'heure actuelle, je le vois comme ça. Et malheureusement, je ne suis pas le seul à avoir été dans la même situation.

Dans Ouest-France, Damien Pommereau parle d'un problème de constance et de résistance. Qu'est-ce que ça t'inspire ?
Quand j'ai lu ça, j'étais vexé et mécontent. Je me suis dit qu'il se moquait de moi. On aurait pu en parler en interne. J’ai fait trois ans dans l’équipe, je trouve malhonnête de dire ça dans la presse. Ils étaient très contents de m'avoir pour ramener des victoires quand la course s'était mal passée. Quant au fait de manquer de résistance et de constance, sur mes trois années au Vendée U, j'ai montré quand même le contraire dans le peloton amateur. Si on parle de watts, j'a battu des records sur une arrivée au sprint après quatre heures de course. Ça veut dire que j'ai quand même de la résistance et que la fatigue n'est pas non plus au maximum. Il y a un peu d'incompréhension.

« SI ON RETOURNAIT TROIS ANS EN ARRIÈRE, JE NE SAIS PAS SI JE SIGNERAIS AU VENDÉE U »

As-tu des regrets ?
Je n'ai pas de regrets car j'aurai vraiment tout mis en oeuvre pour réussir. Je me suis mis à 100%. Je me suis vraiment investi, j'ai fait des stages personnels pour être le plus performant possible. C'est plus une injustice, quelque chose que je ne comprends pas et que je ne comprendrai jamais. Si on retournait trois ans en arrière, je ne sais pas si je signerais au Vendée U. Quand je vois le projet avec Loudéac et Vital Concept qui est en train de se créer, peut-être que j'y réfléchirais. 

Avais-tu des contacts avec d'autres équipes professionnelles ?
Cette année, non, ça a été compliqué. Je l'ai appris très tard pour rebondir derrière. L'an dernier, peut-être que j'y ai encore un peu trop cru avec Direct Energie. Je leur ai vraiment fait confiance à 200%. Au final, je ne montrais peut-être pas assez aux autres équipes que je voulais absolument passer professionnel (il avait notamment des contacts avec Arkéa-Samsic fin 2018, NLDR). Dans un coin de ma tête, j'avais encore Direct Energie. Je ne peux pas retourner en arrière. Peut-être que j'aurais pu signer un contrat mais avec des si, on pourrait tout refaire. C’était ma dernière année de haut niveau à 100% alors j’ai pris un coup derrière la tête en apprenant la nouvelle.

« L'ENTRAÎNEMENT ME PLAÎT BEAUCOUP »

Pourquoi avoir choisi de rejoindre la Roche-sur-Yon Vendée Cyclisme ?
J'arrive à un point où j'ai fait le deuil de passer chez les pros. Pour moi, c'est complètement fini. Je vais reprendre le travail l'an prochain. Je vais passer mon diplôme d'entraîneur, le DEJEPS, en septembre, avec le club de la Roche-sur-Yon. J'ai un projet avec eux, sportif pour la saison prochaine, puis professionnel. C'est un bon projet pour plusieurs années. C'est très intéressant. C'est un club qui est en plein développement et motivé avec des jeunes, une grosse école de vélo. L'an prochain, ils vont passer en N2, normalement. Il y a vraiment un bon projet sportif. C'est un club qui donne une bonne image du vélo. Le but est de travailler auprès des jeunes. Je m'entends super bien avec le directeur sportif, Kévin Fouache, et je vais retrouver de bons copains d'enfance, Jérémie Micheneau et David Rivière. On court ensemble depuis les rangs Juniors, alors ça fait plaisir. Je pense qu'on va faire de belles choses en étant motivé et en retrouvant le côté plaisir du vélo. 

Est-ce une vocation pour toi de devenir entraîneur ?
L'entraînement, la performance et le suivi du coureur sont des choses qui me plaisent beaucoup. J'en parle depuis un petit moment. J'ai envie de tenter. Le club de la Roche-sur-Yon me donne la possibilité de faire ça. C'était une chance à saisir dans un club qui me plaît. Cette année, ils ont fait un bon recrutement. C'est une équipe qui attire quand même par chez nous. C'est motivant de travailler avec eux pour les prochaines années.

« ON NE PEUT PAS OUBLIER TOUT ÇA, C'EST IMPOSSIBLE »

Que vas-tu faire d'ici septembre 2020 ?
Je commence à travailler début novembre dans l'entreprise familiale en tant que peintre en bâtiment. J'y étais déjà avant de passer au Vendée U. Je reviens de vacances, je me laisse encore un peu de temps pour vraiment souffler, tout poser à plat et repartir sur de nouveaux projets. Ce ne sera pas une histoire ancienne, on ne peut pas oublier tout ça, c'est impossible. Ce sera de nouveaux projets, de nouvelles envies. Je vais travailler 30 heures par semaine. En parallèle, je vais aider un peu au club de la Roche-sur-Yon pour voir tout simplement comment ça se passe pour gérer un entraînement et avoir des petits repères afin de ne pas me lancer dans la formation dans l'inconnu.

Combien de temps te vois-tu continuer la compétition ?
À partir de l'examen en septembre, ça va être un peu plus compliqué car je vais vraiment m'investir dans l'entraînement. Ensuite, on verra en fonction des disponibilités avec le club l'année suivante. Normalement, je serai encore en 1ère catégorie. Le vélo, c'est vraiment une passion depuis tout petit. Même si je ne fais plus de compétition, j'aurai toujours l'envie de faire du vélo le week-end, le dimanche matin, entre copains.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Clément ORCEAU