Benjamin Thomas : « Je me disais que c'était fini »

Crédit photo Régis Garnier - DirectVelo

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Spécialiste de la piste et habitué à décrocher des titres mondiaux et européens dans cette discipline, Benjamin Thomas a décroché ce jeudi un nouveau maillot bleu-blanc-rouge. Lauréat des Championnats de France du contre-la-montre Élites, le sociétaire de la Groupama-FDJ a su dompter la chaleur du circuit de La Haye-Fouassière pour s'offrir une nouvelle distinction (voir classement). Très heureux de ce succès, le rouleur de 23 ans partage son bonheur avec DirectVelo.

DirectVelo : Que représente ce titre pour toi ?
Benjamin Thomas : C'est une grosse satisfaction. Je ne réalise pas encore tout à fait. Je suis vraiment content. Cette victoire représente une progression. J'ai déjà eu quelques titres sur la piste en Élites, mais c'est mon premier titre en Élite sur la route. C'est une grosse satisfaction. Sur la piste, quand je suis sorti des rangs Juniors, j'ai eu quelques facilités à m'intégrer chez les Élites. Sur la route, j'ai un peu plus galéré. J'ai été recruté par l'Armée de Terre qui m'a bien fait progresser, puis par la Groupama-FDJ qui m'a permis de passer un échelon. Je n'avais peut-être pas le niveau des vrais professionnels au début, mais c'est par le travail que j'y suis arrivé. La course d'aujourd'hui (jeudi) est à l'image de ma carrière : je vais chercher mes résultats par le travail.

Tu as creusé d'importants écarts...
Tout le monde disait que la chaleur allait être prépondérante, qu'elle en ferait craquer beaucoup. Je retiens la phrase de Benoit Vaugrenard qui nous a dit que le mec en bleu-blanc-rouge serait celui qui n'allait pas exploser. A 20 kilomètres de l'arrivée, j'ai eu l'impression de me vider. J'ai perdu 60 ou 70 watts d'un coup. Je me disais que c'était fini. À cinq kilomètres du but, mon entraîneur continuait à me pousser dans mes derniers retranchements. C'est dans la tête que ça s'est joué. Je viens de voir que j'avais mis 1'10'' au deuxième. Je pensais que j'avais gagné avec 20 ou 30''. Je ne réalise pas ce que j'ai fait aujourd'hui.

« J'AI GRANDI AVEC LA CHALEUR »

Comment as-tu vécu cette journée sous la chaleur ?
On a tous des organismes différents. Je suis originaire du Sud-Ouest donc j'ai grandi avec la chaleur et j'ai toujours bien aimé bien ça. Par contre, j'ai manqué un bidon au deuxième ravitaillement. Ça m'a mis un petit coup au moral parce que ça aurait pu me faire tout perdre.

Tu sortais d'une belle performance sur le dernier contre-la-montre du Tour de Suisse.
Avant cette épreuve, j'avais vraiment bien préparé ce contre-la-montre. Lors du dernier chrono du Tour de Suisse, j'ai fait huitième. C'était plus court, sur 20 kilomètres, et j'avais de bonnes sensations. Aujourd'hui, j'avais peur de manquer de fraîcheur à la fin, mais j'avais vraiment bien récupéré depuis l'épreuve WorldTour. 

À l'avenir, as-tu l'objectif de te rapprocher des meilleurs mondiaux de la discipline ?
J'espère continuer à progresser. Pour être bien en chrono, il faut vraiment aller chercher des petits détails. C'est un travail de tous les jours. Cette victoire représente beaucoup pour moi.

« ÇA ME FAIT DU BIEN À LA TÊTE »

Le fait d'être spécialiste de la piste constitue-t-il un atout pour le contre-la-montre ?
Ça m'a vraiment aidé à développer mes qualités mentales. Sur la route, j'ai du mal à tout le temps être à bloc. La piste m'aide sur ce point. Ça m'apporte aussi de la vélocité. Ce titre prouve que la piste et la route sont complémentaires. C'est parfois assez compliqué de concilier les deux disciplines. On ne peut pas marcher toute l'année. J'ai fait des manches de Coupe du Monde pendant que d'autres étaient à Calpe pour se préparer. Ça coupe un peu mes années, mais j'essaie de soigner mes sorties sur la piste et d'optimiser mes saisons.

À l'avenir, vas-tu continuer à concilier piste et route ?
Je me fixe jusqu'aux Jeux de Tokyo pour continuer. C'est vraiment un objectif pour moi. À la fin de la saison, je repasserai par les manches de Coupe du Monde et les Championnats d'Europe pour me qualifier pour les Jeux. Avec mes entraîneurs et l'équipe, ça se passe bien. Ils me permettent de faire ça au mieux jusqu'aux JO. La piste, c'est vraiment une discipline qui me fait du bien à la tête. C'est mon premier amour. Après Tokyo, peut-être qu'une nouvelle phase de ma carrière débutera.

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