Kévin Le Cunff : « J’en ai pleuré »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Celle-ci, Kévin Le Cunff va sans doute mettre très longtemps à la digérer, à l’oublier. A dix mètres près, le sociétaire de la formation St-Michel-Auber 93 allait offrir son premier succès de l’année à la structure Continental francilienne. Mais le coureur de 31 ans a subitement coupé son effort, juste avant la ligne d’arrivée, lors de la 3e et dernière étape des Boucles de la Mayenne. Un cadeau inespéré pour Bryan Coquard, qui ne s’est pas fait prier pour revenir de l’arrière et sauter Kévin Le Cunff sur la ligne d’arrivée (voir classements). Pourquoi l’ancien lauréat des Boucles de l’Aulne s’est-il relevé si près du but ? Dans quel état d’esprit se trouve-t-il quelques heures après cette énorme déception ? Il fait le point pour DirectVelo.

DirectVelo : Comment te sens-tu, quelques heures après être passé si près de la victoire sur les Boucles de la Mayenne ?
Kévin Le Cunff : Je suis déçu, forcément. Perdre dans ces conditions…. Pff…. (Il marque un long temps d’arrêt, NDLR). Ce n’est pas facile à accepter. J’essaie de me dire que même si j’avais fait l’effort jusqu’au bout et que j’avais jeté le vélo sur la ligne, j’aurais quand même perdu. Mais bon… 

« JE CONSIDÉRAIS QU’IL N’Y AVAIT PLUS D'ADVERSITÉ »

On a pourtant le sentiment que tu l’aurais emporté sans t’être relevé…
On n’a pas eu la même fin de course non plus avec Bryan (Coquard). Devant, on a roulé à bloc sur les trois derniers kilomètres. Il a fallu faire un gros sprint d’une trentaine de secondes. Je n’avais simplement plus rien dans les jambes. Sinon, j’aurais fait le sprint jusqu’au bout. 

T’es-tu vu gagner, dans les derniers mètres, au moment de te relever ?
Bien sûr. J’ai débordé Romain (Seigle) à 150 mètres de l’arrivée et à ce moment-là, j’ai continué mon effort. Un peu plus loin, j’ai jeté un coup d’oeil sur le côté et j’ai vu que Romain venait de se rasseoir. Il coinçait. Dans ma tête, c’était mon dernier adversaire, donc c’était bon. Je ne voyais pas du tout Bryan revenir. Je considérais qu’il n’y avait plus d’adversité. J’en avais plein les jambes après ce long sprint, alors je me suis moi-même rassis. Je me suis relâché, c’est vrai... Mais j’étais aussi à bout de forces. Si j’avais été plus frais, j’aurais poursuivi mon effort jusqu’au bout, même pour le fun. Mais là, entre mon erreur tactique et les jambes qui me lâchaient, les circonstances ont fait que ça s’est passé ainsi. 

Les secondes et les minutes qui ont suivi cette fin de course ont dû être particulièrement pénibles pour toi…
J’en ai pleuré. J’étais avec Tony (Hurel), et c’était dur. Dans l’équipe, ils ont essayé de me rassurer, de me réconforter. Mais ce n’était pas facile pour le staff non plus. On n’a pas encore de victoire cette année et tout le monde était déçu. Avant tout pour moi, mais aussi pour le groupe.

« JE REÇOIS DES DIZAINES DE MESSAGES »

Tu étais déjà passé près de la victoire samedi, dans d’autres circonstances, en étant repris dans les tous derniers kilomètres. Tu semblais avoir des jambes de feu ce week-end ?
C’est vrai que je la sentais bien hier aussi. On a réalisé un gros final, notamment avec Julien Simon, et je crois que là aussi, on s’y voyait déjà un peu. On pensait pouvoir se jouer la gagne.

Vas-tu prendre le temps de revoir les images de ce qu’il s’est passé cet après-midi ?
Oui, il va bien falloir… Je suis obligé de le faire car aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, je me retrouve “marqué” partout sur les photos, sur les vidéos. Je reçois aussi des dizaines de messages de personnes me disant qu’il ne faut jamais se relâcher avant la ligne, etc. C’est facile à dire mais quand on est au bout de l’effort, après un long sprint et trois minutes à fond, c’est autre chose.

Tu pourras peut-être te servir de cette mauvaise expérience pour rebondir, et te promettre d’en gagner une, prochainement ?
Le prochain rendez-vous, ce sera la Route d’Occitanie, qui est plutôt faite pour les grimpeurs. Il n’y aura pas vraiment d’étapes pour les puncheurs comme moi. Ce sera sprint, ou montagne. J’irai quand même pour performer. Ensuite, sur le Championnat de France, qui sait. Il faut toujours y croire.  

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