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«J’étais prisonnier de mon corps», confie Yoann Offredo

Temporairement paralysé après une chute très sévère sur le GP de Denain, le Parisien reprend la compétition, ce mercredi, à Francfort. Il s’exprime pour la première fois à propos de son accident et du mois très compliqué qui a suivi.

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C’est presque impensable. Le 24 mars, Yoann Offredo était victime d’une très sévère chute sur le pavé d’Abscon. Une brève perte de connaissance, une paralysie, un héliportage jusqu’au CHR de Lille et quelques heures de vive inquiétude pour la santé du coureur parisien de l’équipe belge Wanty. Ce mercredi, il sera au départ du Grand Prix de Francfort. Puis, il s’alignera sur les Quatre Jours de Dunkerque (13 au 19 mai). Il s’exprime pour la première fois sur des heures et un mois compliqués.

– Comment allez-vous ?

« Plutôt bien, même si je souffre encore de douleurs dorsales et aux côtes. Je reste sur dix bonnes journées d’entraînement. Très rapidement, j’ai pu conclure une séance de huit heures (264 kilomètres). J’ai donc appelé mon manager (Hilaire Van der Schueren) pour lui faire part de mon envie de recourir. Le plus tôt me semblait le mieux. »

– Quels souvenirs avez-vous de votre chute ?

« C’est diffus. Mon équipier Andrea Pasqualon est tombé devant moi. Je n’ai pas pu l’éviter. Mon vélo s’est bloqué. J’ai fait un soleil et j’ai tapé le pavé. Je ne pouvais plus respirer. Mes yeux se sont fermés. J’entendais des bruits, des voix : celles de mon équipier Loïc Vlieghen et David Boucher (Tarteletto) qui sont restés avec moi jusqu’à l’arrivée des secours. Le service médical de la course. Le médecin du SMUR qui me demandait de cligner les yeux en me récitant l’alphabet. J’avais envie de parler. Mais j’étais prisonnier de mon corps. »

– Et ensuite ?

« Les examens ont décelé l’effet d’un ‘" blast" autour de la moelle épinière. Ce qui a provoqué la paralysie. J’ai souffert d’une fissure du cartilage intercostal. Le soir, j’ai pu bouger un peu les doigts. J’ai pu parler le lendemain. Mais il m’a fallu quinze jours pour retrouver l’ensemble de ma mobilité. J’ai aussi rencontré un psychiatre du CHR de Lille : ce genre de choc provoque des cauchemars et des crises d’angoisse. Heureusement, ça s’est vite estompé. »

– Ce retour rapide permet-il d’exorciser la peur ?

« Oui. Il ne faut pas rester trop longtemps chez soi à ressasser. Il faut vite reprendre l’habitude de revenir dans un peloton. J’ai connu beaucoup de chutes. Mais jamais comme celle-là. »

– Le cyclisme est-il davantage soumis au danger ?

« On voit plus de chutes. Le peloton est plus homogène. Les vélos sont plus légers. On roule plus vite. Les systèmes de freinage sont différents selon qu’on est équipé de disques ou pas. Le mobilier urbain est plus nombreux. Les codes du peloton ne sont plus respectés. C’est un tout. »

– Quel est votre état d’esprit au moment de revenir à Francfort ?

« Je me sens frais malgré mes douleurs. c’était difficile de regarder les classiques à la télévision. La vie est une chance formidable ! On s’en rend compte lorsqu’on a failli la perdre. Cette expérience m’apprend à relativiser beaucoup de choses. »

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