Emilia Fahlin : « Je suis tellement triste... »

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

Emilia Fahlin était inconsolable après la ligne d’arrivée de l’Amstel Gold Race. En très grande condition depuis le début de l’exercice 2019, la Suédoise avait même ses meilleures jambes de la saison sur la Classique néerlandaise. Partie à la poursuite de Katarzyna Niewiadoma et de Marianne Vos dans la dernière ascension du Cauberg, la sociétaire de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope a soudainement dû poser pied à terre suite à un incident mécanique (voir classement). Abattue par ce scénario cruel, Emilia Fahlin avait du mal à cacher sa déception et sa frustration auprès de DirectVelo après l’arrivée. 

DirectVelo : On t’imagine très déçue de la façon dont tu as été écartée de la course à la victoire dans le Cauberg, à moins de deux kilomètres de l’arrivée ?
Emilia Fahlin : C’était un moment très difficile à vivre, et j’ai toujours du mal à m’en remettre quelques heures après la course. Je suis tellement triste… Pas de ma course, bien sûr, mais de la façon dont j’ai été éliminée de la course à la victoire. C’est une grande déception, car je n’y suis pour rien. J’ai été si malchanceuse, que c’est dur à accepter. Je me sentais tellement bien et je me dis que ce genre d’opportunité n’arrive pas si souvent que ça pour des athlètes comme moi. J’ai le sentiment que j’avais la chance de faire quelque chose de grand, alors c’est dur à accepter. 

Que s’est-il passé exactement ?
D’abord, à un tour et demi de l’arrivée, il y a eu une chute. Je ne suis pas tombée mais j’ai dû poser pied à terre et une fille est tombée juste derrière moi. Je ne m’en suis pas rendu compte mais ça a abimé mon matériel à l’arrière. Puis ma chaîne a sauté et je ne pouvais plus donner un coup de pédale de plus. J’ai dû m’arrêter pour remettre ma chaîne. J’attendais désespérément de l’aide, alors que la tête de course filait sans moi.

Tu aurais déjà pu perdre la course à ce moment-là…
Je me suis retrouvée à au moins 40 secondes de la tête de course et je n’aurais jamais dû rentrer. Mais j’avais vraiment de superbes jambes et j’ai réussi à le faire, avec trois autres filles. C’était vraiment un effort violent et d’ailleurs, peu après la jonction, les trois filles qui étaient revenues avec moi ont sauté du groupe. De mon côté, j’étais encore là. 

Et tu étais toujours présente à deux kilomètres de l’arrivée, au pied du Cauberg !
Je jouais la victoire malgré mon incident. C’était déjà improbable. Puis j’ai vu Katarzyna Niewiadoma attaquer. Marianne Vos est sortie pour aller la chercher. Je n’ai pas réfléchi et j’y suis allée, à l'instinct. J’ai pris la roue de Marianne Vos. Et là, il m’est arrivé le même problème mécanique et j’ai dû m’arrêter en plein Cauberg. C’était fini. C’est vraiment une poisse énorme.

« LIÈGE SERA UN GRAND CHALLENGE »

As-tu imaginé changer de vélo suite à ton premier incident ?
Oui, j’y ai pensé, mais c’était prendre un sacré risque. Je ne savais pas si j’allais vraiment pouvoir être dépannée rapidement. Même en faisant ça vite et bien, j’aurais pu ne jamais revoir le groupe de tête, après l’effort que j’avais déjà fait pour rentrer auparavant. C’est toujours difficile de prendre les bonnes décisions dans des moments critiques comme celui-là. J’ai pris la décision de ne pas changer de vélo et je ne le regrette pas. J’avais trop peur de laisser la course filer.

Penses-tu que sans cet incident mécanique, tu aurais pu accompagner Katarzyna Niewiadoma jusqu’en haut du Cauberg pour ensuite jouer la victoire ?
Tout ce que je sais, c’est que je me sentais encore très bien au moment de cette attaque. J’étais parvenue à sortir du groupe sans vraiment sentir de grandes douleurs dans les jambes. C’était franchement très bon signe. J’avais réussi à faire le bond sur Marianne (Vos). J’étais dans sa roue et j’aurais pu la suivre. Mais comme toujours, on ne peut jurer de rien. Je ne peux pas me permettre de dire que j’aurais forcément fait un podium à 100%. C’est simplement le ressenti que j’avais. J’avais mes meilleures jambes de la saison, ça, c’est sûr.

On imagine que tu auras à coeur de prendre ta revanche lors des prochaines échéances...
J’adorerais mais ça va être très dur d’y parvenir. Je ne vais pas disputer la Flèche wallonne. Quant à Liège-Bastogne-Liège, ce n’est pas une course qui m’a réussie jusqu’à présent. Les ascensions sont plus longues et plus dures que sur l’Amstel. Je ne pense pas pouvoir accrocher les meilleures grimpeuses, surtout dans la dernière ascension. La course qui me convenait le mieux, c’était clairement l’Amstel Gold Race. Liège sera un grand challenge mais si j’ai encore les mêmes jambes, on ne sait jamais !

Depuis le début de ton aventure à la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope cette année, tu as fait preuve d’une grande régularité, en terminant notamment 7e du Trophée Alfredo Binda et 8e des Trois jours de La Panne…
C’est le meilleur printemps de ma carrière jusqu’à présent ! Je n’avais jamais eu de si bons résultats à cette période de l’année. Je suis super contente de la façon dont ça se passe. Je sens que l’équipe me fait confiance et me tire vers le haut. C’est clairement très positif pour moi et ça m’a sans doute aidée à passer un nouveau cap. J’ai hâte de voir la façon dont tout cela va pouvoir évoluer dans les semaines à venir, alors vivement la suite.   

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