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Matthieu Garnier : « Il y a du talent dans cette équipe »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Matthieu Garnier est peut-être bien à la croisée des chemins. Désormais devenu un élément central dans le collectif du CC Etupes, le coureur de 25 ans a bien conscience que le temps presse, s’il veut espérer faire carrière chez les professionnels. Déterminé à mettre toutes les chances de son côté pour réussir, le Bourguignon sait exactement où il veut et peut se mettre en évidence tout au long de cette saison 2019, comme il le détaille à DirectVelo.

DirectVelo : Comment s’est déroulée pour la première manche de la Coupe de France DN1 pour toi et l’ensemble du CC Etupes ?
Matthieu Garnier : Personnellement, j’étais bien, même si je n’ai pas obtenu le résultat espéré. J’attendais beaucoup mieux, mais je suis tombé à huit kilomètres de l’arrivée, à l’entame du dernier tour de circuit. Je suis revenu dans le peloton au kilomètre et je n’avais plus l’énergie nécessaire pour aller faire un bon sprint. Collectivement, je pense que l’on s’est bien comporté et d’ailleurs, Boris (Zimine, le directeur sportif, NDLR) était content de nous. Pourtant, on était dans l’inconnu après trois semaines sans courir (lire ici)

Il y avait de l’appréhension ?
Oui, forcément. Trois semaines, ça fait long et ça n’arrive pas souvent. On savait que ça allait être difficile, mais on s’est battu. J’ai quand même eu peur, lorsque je suis tombé. Il était prévu que je sois le « scoreur » de l’équipe, et à ce moment-là, je me suis dit que ça allait être la soupe à la grimace pour tout le monde le soir. Mais Théo (Delacroix) a bien assuré le coup en allant chercher des points (voir classement).

Tu commences à avoir pas mal d’expérience : comment vois-tu le groupe du CC Etupes cette année, et comment l’imagines-tu évoluer dans les prochaines semaines ?
On a été clair en début d’année, avec Boris et le groupe. On sait qu’il y a eu beaucoup de changements cet hiver, et le groupe est très jeune. L’idée, c’est avant-tout de briller sur les courses réservées aux coureurs Espoirs. A côté de ça, on compte sur un Fabien Canal ou sur moi-même pour aller jouer les premiers rôles sur les manches de la Coupe de France DN1. Le groupe a changé, c’est sûr, mais c’est aussi un challenge intéressant.

« LA PORTE EST EN TRAIN DE SE REFERMER »

Le CC Etupes ne semble plus avoir un leader particulier pour lequel rouler régulièrement…
On a entendu des gens dire que le CC Etupes, cette année, ça n’allait pas être génial. C’est sûr que nous n’avons plus un Guillaume Martin, un Adam Yates ou un Thibaut Pinot pour aller faire une grosse saison et marcher partout. Même tout récemment, on avait Romain Seigle, Pierre Idjouadiene, ou encore Alexys Brunel, qui pouvait t’assurer des points en Coupe de France grâce à ses qualités contre-la-montre. Il faudra faire sans. Mais Boris aime relever les défis. Alors oui, l’équipe a été bien rajeunie, mais il y a du talent dans cette équipe, c’est sûr. Il faut simplement laisser le temps à certains de se révéler. Par exemple, un garçon comme Vojtech (Sedlacek) est sans doute l’un des deux coureurs les plus forts que j’ai vus à Etupes. Il est au top sur l’alimentation et l’entraînement, et il va marcher fort.

Et toi, où en es-tu en ce début de saison 2019 ? Qu’espères-tu de cette année ?
J’arrive à un tournant de ma carrière sportive. Je veux être le moteur de l’équipe sur les manches de Coupe de France. Je me suis également fixé d’autres objectifs précis comme essayer de gagner une étape du Tour Nivernais Morvan, ou le général du Tour de Côte d’Or. On a aussi décidé, avec Boris, de préparer le Championnat de France chrono. C’est un challenge intéressant.

On sent que tu sais déjà avec beaucoup de précisions les courses sur lesquelles tu espères briller, et ce à l’échelle de toute la saison…
Dans ma tête, tout est déjà planifié. D’ailleurs, je ne cache pas que j’ai aussi une autre idée derrière la tête pour cet été, avec un éventuel stage chez Wanty-Groupe Gobert, maintenant que les deux équipes sont liées (lire ici). Pour cela, je me dois d’être très performant et de gagner de belles courses.

Tu fais déjà pratiquement office de capitaine de route, au CC Etupes. As-tu le sentiment que le temps presse pour passer pro ?
C’est maintenant ou jamais. Je sais que la porte est en train de se refermer devant moi au fur et à mesure. Pour viser plus haut, il va falloir que je performe beaucoup plus.

Quels sont les axes de travail qui te semblent prioritaires pour passer un nouveau palier ?
Tout passe par l’entraînement. Si on travaille sérieusement, que l’on est rigoureux, ça paie toujours. Je discute aussi beaucoup avec Boris et on essaie de voir ensemble où je dois m’améliorer. C’est aussi mental et psychologique.

« J’AVAIS PEUR QUE CA SE PASSE MAL »

Tu sembles faire régulièrement référence à Boris Zimine…
Car c’est quelqu’un qui me met en confiance depuis le début de notre collaboration. Il me fait du bien. C’est drôle et beau à la fois car à vrai dire, lorsqu’il était coureur, on n’était pas copains du tout. On était même presque les pires ennemis du Monde (rires). On ne s’aimait pas, quoi, tout simplement. 

Pourquoi ?
C’était tout bête. Je suis une grande gueule et je suis toujours franc et assez cash. Quand je n’apprécie pas quelque chose, je le dis. Et Boris est pareil. Du coup, on s’est accroché une ou deux fois en course. Ce sont des choses qui arrivent. J’avais fini par me dire qu’il était con, et sans doute pensait-il la même chose de moi. Mais on a appris à se connaître et maintenant, on s’apprécie beaucoup.

Sur le coup, ça a dû te faire drôle d’apprendre qu’il remplaçait Jérôme Gannat dans le rôle de directeur sportif pour la saison 2019 ?
Oui, j’avais peur que ça se passe mal. Mais on a pris le temps de discuter tous les deux, comme des hommes. On a réalisé qu’à l’époque, nous nous étions pris la tête pour pas grand-chose et depuis, tout va bien. On a su tourner la page. Aujourd’hui, c’est une personne à qui je donne toute ma confiance. Comme quoi… (rires).

Tu expliquais précédemment qu’il t’a donné confiance. C’est-à-dire ?
C’est quelqu’un qui te met à l’aise, avec son franc-parler. Je sens qu’il me comprend. Il sait que ce n’est pas facile de faire du vélo, d’être dans cette position à ne pas savoir si tu as vraiment les capacités pour faire ne serait-ce qu’une petite carrière chez les pros, ou non. Il veut m’emmener plus haut que je ne le suis aujourd’hui, au maximum de mes capacités. Est-ce que j’arriverai à passer pro ? Ce n’est pas sûr du tout. Mais je sais qu’au moins, avec Boris, on va tout mettre en oeuvre pour ça.

Cette année, tu es donc amené à avoir un rôle important auprès des plus jeunes, mais tu as aussi l’ambition personnelle de passer pro .Comment gérer les deux ?
Ce n’est pas si difficile quand tu sais organiser ta saison, et on en revient au calendrier et aux objectifs que je citais tout à l’heure. L’idée, ça va être de jouer ma carte sur les manches de Coupe de France et les épreuves que j’ai ciblées. Quant aux courses qui ne me conviennent pas, j’irai pour aider le groupe et me sacrifier pour les autres. Par exemple, sur Annemasse-Bellegarde, je n’aurai pas la moindre ambition personnelle. J’aiderai le collectif. Puis ils me rendront la pareille sur la prochaine course qui m’intéresse au calendrier. 

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