Morgane Coston contrainte de poser le vélo

Crédit photo Julie Desanlis

Crédit photo Julie Desanlis

Lauréate de l'Ain Tour Féminin et surtout du Prix de la ville du Mont Pujols, en Coupe de France, Morgane Coston avait été l'une des révélations de la saison 2018. Pendant l'intersaison, l'Auvergnate de 28 ans avait choisi de rejoindre l’équipe italienne UCI Servetto-Piumate-Beltrami TSA pour passer un cap. "Mais c'est déjà fini", annonce-t-elle à DirectVelo.

DirectVelo : Ton intersaison a été très animée... Que s'est-il passé ?
Morgane Coston : En novembre, j'ai eu un accident en vélo de gravel pendant une sortie entre amis. J'ai percuté un arbre, côté droit. Mon genou a tapé en premier. Je me suis donc reposée. J'ai porté une attelle pendant un mois et demi. J'ai repris le vélo fin décembre. Après six kilomètres, j'ai été renversée par une voiture. J'ai eu des contusions osseuses multiples et un épanchement. Les contusions sont lentes à se résorber. Au vu de la situation, j'ai demandé à mon équipe de rompre mon contrat.

Pourquoi ?
Je devais reprendre la compétition sur les Strade Bianche, le samedi 9 mars. Mais je ne peux plus remonter sur le vélo tant la douleur est ingérable. Je vais me reposer. Et je verrai... Je ne me mets pas de pression. Pour cette année, je sais que c'est un peu plié. J'ai essayé de rouler sur home-trainer, de reprendre, d'insister... J'ai lutté contre la douleur qui s'installait de plus en plus. J'ai décidé d'arrêter quand l'IRM a montré que j'aggravais le problème.

« UNE FRUSTRATION ÉNORME »

Comment vis-tu la situation ?
Il y a une frustration énorme. Je sais que je n'avais pas atteint mes capacités maximales. Rien que techniquement, je n'ai même pas le niveau d'un Cadet dans les parties descendantes. Alors oui, je suis frustrée. J'avais encore tant à apprendre.

Tout cela alors que tu venais d'intégrer une équipe UCI !
Le vélo ne reste qu'une passion. Chez les Féminines, le vélo est injuste. Tu as beau être dans une équipe UCI, ce n'est absolument pas ce qui va te permettre de remplir ton frigo. La plupart des filles touchent des indemnités médiocres. Elle font parfois des heures d'avion ou de train à leur frais. Je sais que je n'en vivrai pas. Je ne me fais aucune illusion.

« JE NE ME METS AUCUNE PRESSION »

Que vas-tu faire désormais ?
Je vais reprendre des études et me lancer dans l'enseignement. Avec une double licence lettres classiques et lettres modernes et mes études d'infirmière, je peux encore me projeter dans plein de choses.

Te reverra-t-on en compétition un jour ?
Je ne me mets aucune pression comme je le disais. On verra si je reprends ou non le vélo... J'ai des projets de vie. Cet accident vient me rappeler à quel point une « carrière » de cycliste est fragile et qu'il est important de se construire en dehors du vélo. Il faut garder un pied dans la réalité. Je ferai peut-être un autre sport. Il n'y a pas que le vélo !

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