Maxime Daniel : « Faire une belle carrière dans ce rôle-là »

Crédit photo Régis Garnier - DirectVelo

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Changement de rôle pour Maxime Daniel. Après six premières années chez les pros à tenter de remporter des sprints massifs, le voilà qui se transforme en poisson-pilote. Il faut dire que mis à part une victoire d’étape au Tour du Portugal en 2013, puis deux places de 2e sur des étapes du Tour du Poitou-Charentes - en 2014 et 2015 - le Rennais n’est jamais véritablement parvenu à s’imposer comme l’un des hommes forts du sprint. Chez Arkéa-Samsic, il est donc désormais demandé au Breton de 27 ans d’épauler André Greipel et Bram Welten lors des emballages massifs. Ce rôle semble parfaitement convenir à un Maxime Daniel plus libéré que jamais, comme il l’a confirmé à DirectVelo dans les rues d’Alès, après en avoir terminé de son Etoile de Bessèges.

DirectVelo : Sur l’Etoile de Bessèges, on t’a vu travailler pour Bram Welten, après avoir déjà emmené les sprints pour André Greipel à la Tropicale Amissa Bongo. Tu n’auras donc plus ta carte à jouer au sprint cette année ?
Maxime Daniel : L’idée, c’est plutôt que je me perfectionne dans le rôle de poisson-pilote. Même s’il y a Bram (Welten) et non pas André (Greipel), je continuerai à être le dernier lanceur, pour prendre des automatismes et me retrouver le plus souvent possible dans cette configuration de lanceur. C’est en faisant de plus en plus de sprints en tant que poisson-pilote que je vais m’améliorer dans ce rôle-là.

Il s’agit donc d’un nouveau rôle sur le long terme ?
Ce sera clairement mon but cette année : lancer André et Bram pour les aider à gagner des courses pour l'équipe. Les jours où Bram ne se sentira pas bien, je pourrai faire mon propre sprint. Il y aura des courses où aucun des deux ne sera là, et ce sera à moins de faire le sprint.

Est-ce à dire que tu fais définitivement une croix sur l’ambition d’une carrière de sprinteur ?
Ce rôle de poisson-pilote me plaît vraiment. Quand, en plus, tu as la chance de travailler pour un coureur comme André Greipel, tu n’as pas beaucoup de questions à te poser. Ca paraît logique de se sacrifier pour un coureur comme lui. Je pense que ce rôle peut me convenir pour l’avenir. D’ailleurs, si demain je devais quitter l’équipe, même si j’y suis très bien, je chercherais sans doute une équipe dans laquelle je pourrais jouer ce rôle, auprès d’un bon sprinteur. Dans l’année, j’aimerais bien pouvoir faire mes sprints de temps en temps. Mais le but numéro 1, c’est de me spécialiser comme un poisson-pilote. Je pense pouvoir faire une belle carrière dans ce rôle-là.

« ÊTRE AVEC ANDRÉ M’A APPORTÉ UNE CERTAINE SÉRÉNITÉ »

Penses-tu avoir atteint tes limites en tant que sprinteur ? N’attendais-tu pas mieux lorsque tu es arrivé chez les pros, il y a maintenant sept ans ?
Ces dernières années, est-ce que j’ai vraiment eu un train qui m’a permis de m’exprimer pleinement au sprint ? C’est une question que je me pose… Sans train, tu ne t’en sors pas tout seul. Ou alors, très rarement. Pour ma deuxième année chez les pros, en 2014, j’avais terminé 5e du Championnat de France au Futuroscope après un beau sprint et 250 kilomètres de course. Quand tu n’as pas de train et qu’en plus, tu fais face à des coureurs qui sont intrinsèquement déjà un peu plus forts que toi, ce n’est pas facile.

Tu as donc des regrets ?
Je ne suis pas déçu de me dire que je me retrouve poisson-pilote aujourd’hui. J’insiste, mais ce rôle-là me convient très bien et je suis très heureux de bosser avec André Greipel.

André Greipel, justement, totalise pas moins de 22 victoires d’étapes sur les Grands Tours, dont la moitié sur le Tour de France. Ressentais-tu de la pression, au moment des premiers entraînements à ses côtés ?
Pas du tout. En fait, c’est assez particulier : le fait d’être avec André m’a apporté une certaine sérénité que je n’avais pas avant. Je suis moins stressé. Il me met tellement en confiance, il véhicule tant de sérénité, que je me sens bien. Il n’y a aucun stress, aucune panique. Je sais que si je le dépose comme il faut, le résultat viendra quasi systématiquement. En plus, le feeling passe bien entre nous. Ce n’est que du positif. Et puis, qui sait, peut-être que dans deux-trois ans, j’aurai à nouveau ma carte et que le fait d’avoir travaillé avec André m’aura beaucoup aidé. Je regarde comment il se comporte dans le final, par exemple, et ça peut m’aider pour la suite. Grâce à lui, je vais apprendre à ne pas m’emballer ou à ne pas paniquer dans les derniers kilomètres d’une course.

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