Cyclisme : «J’aime bien aller là où c’est difficile», assure Romain Bardet

Le coureur de l’équipe AG2R a renoncé à courir le Giro en 2019 pour privilégier le Tour. A l’heure du stage de reprise, il balaie avec passion son actualité.

 Durant près d’une heure, Romain Bardet a évoqué sa saison 2019 avec le Tour de France comme objectif majeur.
Durant près d’une heure, Romain Bardet a évoqué sa saison 2019 avec le Tour de France comme objectif majeur. LP/David Opoczynski

    Au retour de sa sortie de ski de fond ce mardi, juste après le déjeuner, Romain Bardet s'est présenté face à la presse durant une heure. Il a évidemment expliqué sa décision de renoncer au Giro l'an prochain pour privilégier le Tour de France.

    Pourquoi avez-vous choisi de renoncer au Giro l'an prochain ?

    ROMAIN BARDET. Ça a été très clair à l'annonce des deux parcours. Face au tracé du Tour, c'est une des premières fois que j'ai vu de nombreuses possibilités qui allaient s'offrir à notre équipe. Et comme on sait que le challenge Giro - Tour est très difficile pour jouer vraiment les toutes premières places du podium, je préfère encore me concentrer sur le Tour de France.

    Qu'est-ce qui vous inspire le plus dans ce Tour 2019 ?

    La montagne arrive très vite. L'étape de la Planche des Belles filles, je peux vous dire, c'est de la haute montagne pour moi. Il y a aussi des arrivées mythiques comme au Tourmalet, d'autres cols que je connais par cœur. J'étais en vacances quand le parcours a été présenté, avec un réseau un peu hasardeux au fin fond des Highlands en Ecosse, et ça a fait tilt. J'ai passé l'après-midi dessus. Dans ma tête, c'était déjà clair.

    Le fait qu'une étape arrive dans votre village de Brioude a-t-il joué ?

    Par rapport à mon plan de carrière, c'est indifférent. Après, je suis aussi un coureur du Tour de France, très impliqué dans ma région, ce sont mes racines, je vis là-bas et je sais que ça aurait été une incompréhension de la part de mes supporters et des locaux que je sois absent pour cet événement-là. Néanmoins, on sera encore qu'au début de la route du Tour. Donc, ça sera une fête mais j'espère surtout qu'il y aura des lendemains.

    Avez-vous tiré des leçons de votre Tour 2018 ?

    Que dire ?… Oui, je les ai tirées. On voit que ce sont quatre rouleurs-grimpeurs qui ont eu raison sur cette édition (NDLR : Thomas, Dumoulin, Froome, Roglic). Je ne pense pas que ce sera le cas chaque année. Mais c'est vrai que je n'ai pas su créer la situation qui aurait pu faire des étincelles. Je suis le premier à le juger en dessous de mes attentes (NDLR : 6e au classement final). Mais je n'ai aucun regret dans la préparation. On a tenu le cap à cinq (NDLR : après les abandons de Gallopin et Vuillermoz). Je pense que ce sera fondateur pour la suite. On a besoin parfois d'avoir un petit bas pour pouvoir rebondir encore plus haut.

    Vous avez été performant sur plusieurs courses d'un jour. Cela ne vous donne pas envie d'aller chercher un Monument ?

    Oui mais après je ne peux pas baser ma saison là-dessus. J'ai un ADN de course par étapes et je prends plus les courses d'un jour comme de l'agrément. Ça me demande un petit peu moins de travail. Et j'aime bien aller là où c'est difficile (sourire).

    Votre équipe change de vélos : fini les Factor, place aux Eddy Merckx. Qu'est-ce que cela représente ?

    Eddy Merckx est quelqu'un pour qui les superlatifs ne suffisent pas. C'est une icône de notre sport. Sans Eddy Merckx, je ne serais pas devant vous aujourd'hui. Parce que c'est en lisant sa biographie, à 17 ans, que mon père s'est mis à faire du vélo et je m'y suis mis ensuite par filiation. J'espère qu'on va se rencontrer prochainement. Ce sera un temps d'échange précieux.

    Pensez-vous qu'il faut supprimer les oreillettes ou les capteurs de puissance pour redonner du piment aux étapes du Tour ?

    C'est vrai que j'ai trouvé qu' un Mondial sans oreillette, c'était une très bonne chose. Ça rend le coureur plus responsable, ça éveille son sens tactique, il faut être plus attentif. Ça a rendu la course plus intense à vivre de l'intérieur déjà. J'ai changé d'avis sur le sujet et je pense désormais que les courses gagneraient à être courues sans oreillettes. Après, pour les capteurs de puissance, je ne sais pas vraiment. Donc dans le bénéfice du doute : allons-y, essayons.

    Pour finir, un mot sur Jessy Trémoulière votre compatriote de Brioude, élue meilleure joueuse de l'année par la Fédération internationale de rugby ?

    J'ai vu, c'est super. C'est une belle distinction. Pour Brioude c'est bien. Pour le collège La Fayette, où on a fait nos classes, c'est super. Le fait aussi que la ville soit mise en avant pour le Tour de France va contribuer à donner de l'écho au rugby féminin qui se développe bien par ailleurs mais qui n'est pas encore au niveau où il devrait être. Voilà. Tous les Brivadois et au-delà les Auvergnats sont fiers de ça.