Cameron Vandenbroucke est consciente que son nom lui a servi de Sésame pour entrer dans l'équipe Lotto-Soudal

Cameron Vandenbroucke interviewée à Tournai où elle étudie la communication

© Samuël Grulois

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Par Samuël Grulois

L'annonce a fait l'effet d'une petite bombe lundi soir:  la Mouscronnoise Cameron Vandenbroucke, 19 ans, la fille de Frank Vandenbroucke, décédé le 12 octobre 2009, vient d'être engagée par la section "développement" de l'équipe cycliste professionnelle Lotto-Soudal.

Alors qu'elle se voyait faire carrière dans l'athlétisme et alors qu'elle avait juré qu'on ne la verrait jamais sur un vélo, un accident de la circulation a bousculé tous ses plans. Cheville en compote, rééducation à bicyclette et... véritable coup de foudre pour la discipline qui a rendu célèbre son papa ! Un papa qui est surtout resté célèbre en Flandre où il est devenu une véritable icône depuis son décès.

Alors, imaginez… la progéniture de VDB qui se lance dans le vélo, bonjour le buzz !  À Tournai, où elle étudie la communication,  Cameron Vandenbroucke s'avoue plutôt surprise par tout le ramdam créé par l’annonce de ce début de semaine. "Je ne m’attendais pas à un tel impact ! J’ai vu mon nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux exploser. Depuis lundi, ça n’arrête pas de grimper!" Au nord du pays, Cameron est devenue un véritable phénomène médiatique. Sa victoire dans un critérium derrière derny au mois d’août a provoqué un tsunami de réactions sur Internet. Tout comme sa course-spectacle contre un cheval il y a une dizaine de jours à Sint-Eloois-Winkel. Interview d’une jeune femme qui veut garder les pieds sur terre malgré la folie qui l’entoure.

Cameron, question cash d’entrée de jeu : vous avez signé chez Lotto-Soudal grâce à vos qualités sportives ou grâce à… votre nom de famille ?

"Je suis bien consciente que c’est grâce… ou à cause de mon nom que j’en suis là. Mais j’espère que plus tard, ce sera plus pour mes performances que pour mon nom. Je sais que mon nom m’ouvre beaucoup de portes (NDLR : Elle a par exemple fait un stage dans le cadre de ses études au sein du service com’ de l’équipe Quick-Step Floors). Je n’avais même pas encore fait ma première course que quatre ou cinq équipes s’étaient déjà manifestées sans même savoir ce que je valais vraiment ! Dès que mon nom apparaît quelque part, ça fait le buzz… Mais je pense que l’équipe a confiance en moi. Elle croit en mon potentiel. Vous savez, il y a toujours des gens qui ne connaissent pas l’histoire de ma famille et qui font des commentaires déplacés. Certains croient que, parce que je m’appelle Vandenbroucke, je vais obligatoirement être une bonne cycliste. Ça, ça me fait un peu peur… "

Vous allez porter le maillot d’une équipe qui a marqué l’histoire du cyclisme. Vous êtes impatiente de débuter cette aventure ?

"Oh oui, surtout rouler avec ce maillot sur les épaules ! En fait, j’ai envie de découvrir ce sport que je connais finalement assez peu. Je suis impatiente d’aller en stage. J’ai hâte de découvrir comment une telle équipe fonctionne."

Quelles sont vos ambitions ? Allez plus haut, plus loin ? Disputer de grandes courses ?

"Le cyclisme féminin est en plein boum. C’est une bonne période pour me lancer. On diffuse de plus en plus les courses des filles en direct à la télévision juste avant les courses des hommes. J’espère devenir professionnelle oui. J’espère aussi faire de beaux résultats et pouvoir rouler de grandes courses comme Liège-Bastogne-Liège."

On ne peut pas nier que j’ai le même style que papa sur le vélo. Pour moi, c’est un compliment. Par contre, je ne pense pas oser dire un jour que j’attaquerai à tel endroit et que je gagnerai la course… (Cameron Vandenbroucke)

J’imagine que vous pensez à votre papa en ce moment. Comme vous, il a débuté chez Lotto. Comme vous, il avait 19 ans à l’époque. C’est un signe, non ?

"Honnêtement, je n’y ai pas pensé du tout au moment de m’engager. Mais j’ai vu un photo-montage cette semaine dans un journal où l’on nous comparait : papa dans sa tenue Lotto et moi juste à côté avec un commentaire sur ma venue dans l’équipe… Là, j’ai eu un déclic et je me suis dit que c’était fou ! On a beaucoup de ressemblances dans nos vies : il a fait de l’athlétisme quand il était jeune, il a aussi eu un accident, il été victime comme moi d’une embolie pulmonaire, il a débuté le vélo à 19 ans chez Lotto… ça fait quand même beaucoup de similitudes ! Je ne sais pas si c’est une coïncidence mais c’est spécial en tout cas. Et puis, on ne peut pas nier que j’ai le même style sur le vélo. Ses fans ne parlent que de ça et répètent toujours qu’il avait l’un des plus styles du peloton. Du coup, pour moi, c’est un compliment. Par contre, en ce qui concerne le comportement sur le vélo, c’est différent. Je ne pense pas oser dire un jour que j’attaquerai à tel endroit et que je gagnerai la course (NDLR : En référence au fameux Liège-Bastogne-Liège 1999 remporté par Frank Vandenbroucke qui avait annoncé quelques jours plus tôt devant quel numéro de maison il allait attaquer !)… donc le style oui mais pas le comportement!"

 

Malgré les commentaires, je serai toujours fière de mon nom ! (Cameron Vandenbroucke)

Votre nom de famille, Vandenbroucke, est-il léger à porter ou alors est-ce un poids au quotidien ?

"Avant, je trouvais ça complètement cool ! J’étais vraiment fière ! Et je suis toujours aussi fière mais depuis lundi on parle de moi dans tous les médias et de plus en plus de gens commencent à dire que je suis chez Lotto parce que je m’appelle Vandenbroucke. C’est en partie vrai mais… Bref, c’est ça qui me fait un peu peur mais je suis fière et je serai toujours fière de mon nom !"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Archive : JT 18 avril 1999

Liège-Bastogne-Liège 1999, Victoire de Frank Vandenbroucke

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