Jordan Levasseur : « J’en avais ras-le-bol »

Crédit photo Julie Desanlis - DirectVelo

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Où en est donc Jordan Levasseur ? Auteur d’une très bonne saison 2017, avec en point d’orgue sa victoire finale lors d’A travers les Hauts-de-France (2.2), il semblait promis à un bel avenir mais avait dû quitter précipitamment le monde professionnel, en même temps que sa formation de l’Armée de Terre. Convaincu qu’il allait vite pouvoir rebondir et retrouver une place parmi l'Élite, le Normand a finalement vécu une saison 2018 très compliquée du côté du VC Toucy, équipe qu’il a d’ailleurs décidé de quitter en cours de saison, avant de porter une tenue noire et vierge de tout sponsoring à partir de juillet. Plus déterminé que jamais, le coureur de 23 ans compte désormais refaire parler de lui l’an prochain, sous les couleurs du VC Rouen 76.

DirectVelo : Tu as vécu une saison 2018 très délicate. Dans quel état d’esprit es-tu désormais ?
Jordan Levasseur : Tout va pour le mieux, maintenant. J’ai résolu les problèmes qu’il y avait de mon côté. J’ai connu une grosse phase sans vélo et sans sport. J’ai complètement débranché suite au refus catégorique du VC Toucy de me laisser muter vers le VC Rouen 76 en cours de saison. Quand j’ai compris que ça n’allait pas le faire, j’ai décidé de couper net ma saison. De toute façon, je n’avais plus trop envie de courir dans ces conditions. 

Tu as donc complètement arrêté de rouler pendant plusieurs semaines ?
Pendant deux mois ! Et je n’ai pas non plus regardé le moindre résultat ni la moindre course à la télé. J’ai complètement débranché. Je me suis ressourcé à 300%. Mais depuis le début de la trêve, je me suis remis au travail, plus sérieusement que jamais. Je ne fais pas trop de bruit, mais je m’entraîne très dur, par tous les temps, qu’il vente, pleuve ou neige. Je suis déterminé.

N’as-tu pas le sentiment d’avoir perdu une année entière ?
Disons que je relativise. J’ai déjà connu des situations bien plus compliquées. J’ai perdu mon père à la période durant laquelle j’ai rejoint l’Armée de Terre. J’ai réussi à me relever grâce à l’Armée et à David Lima Da Costa. Lorsque l’équipe a cessé fin 2017, cela a été un coup dur pour moi. J’ai fait l’erreur de refuser des opportunités chez les pros à ce moment-là, alors que David essayait de nous replacer dans des équipes. C’était un choix personnel. Je me suis dis que je n’avais que 22 ans et que j’allais rapidement rebondir. On connaît la suite… Alors oui, je n’ai pas connu une grande année 2018, mais il y a pire dans la vie.

« JE SAIS CE QUE JE VAUX »

Il y a encore un an et demi, on t’imaginait promis à une belle carrière chez les pros. Aujourd’hui, comment imagines-tu ton avenir ?
Je n’ai pas 35 ans non plus. Je me donne encore quelques petites années pour repasser pro, même si je ne compte pas m’éterniser chez les amateurs non plus. Cet été, j’en avais ras-le-bol. Si ça m’arrive à nouveau, je passerai à autre chose. Il n’y a pas que le vélo dans la vie. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Comme je le disais, je suis encore déterminé et je veux me faire plaisir sur le vélo, sans subir. Rien n’est perdu pour le moment. Je vais mettre tous les chances de mon côté, avec le VC Rouen, pour réaliser une grande saison.

Après une saison si compliquée, doutes-tu de ton niveau actuel, ou as-tu toujours des certitudes ?
Je sais comment je travaille et je n’ai pas de doutes. Je sais ce que je vaux. Lorsque j’étais pro, je pense avoir démontré, au moins un peu, ce dont j’étais capable. Je suis serein, vraiment. Je travaille à 100% pour être au top niveau en 2019. Je mise sur un bon début de saison. J’aurai des objectifs élevés, notamment sur le Tour de Normandie, par exemple. C’est une course qui me tient à coeur, moi qui suis originaire de la région.

As-tu le sentiment d’avoir déjà été oublié, dans le milieu ?
Ca dépend à quel niveau. Chez les pros ? Si on ne veut pas de moi, je ne vais pas forcer pendant cinq ans. Mais encore une fois, je vais me donner les moyens de réussir. Du côté des amateurs, j’ai l’impression que non. Pour preuve, j’ai eu le choix pour 2019. On me connaît et on ne m’a pas oublié. Même après les incidents qu’il y a eu avec le VC Toucy, on m’avait appelé. Pour les autres, c’est à moi de leur rappeler ce dont je suis capable, l’an prochain, en compétition.

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