Interview : Wouter Wippert "Curieusement plus motivé que jamais"

Interview : Wouter Wippert "Curieusement plus motivé que jamais"

Il y a quelques jours, nous vous faisions part du nombre grandissants de coureurs qui, pour dernier recours, utilisent les réseaux sociaux dans le but de trouver une équipe pour la saison suivante. L'occasion parfaite pour nous donc de donner la parole à l'un d'entre eux, Wouter Wippert, toujours sans solution pour 2019, et qui espère bien trouver chaussure à son pied d'ici la fin de l'année.

 

Peux-tu tout d’abord nous donner tes impressions sur la saison écoulée ?

2018 a été une année qui restera pour moi gravée, une année où j’aurais appris beaucoup, avec quelques belles leçons de vie, des moments à oublier également. J’ai débuté 2018 avec une base de travail meilleure que jamais. Ensuite, j’ai attrapé une infection virale, que j’ai vaincu, mais qui m’a retardé, et j’ai donc perdu les courses de début de saison sur les lesquelles je voulais briller. Puis, j’ai commencé à ressentir de la pression, ce qui n'engendre jamais rien de bon, et comme j’ai poussé plus fort, le virus est resté dans mon corps plus longtemps. Ce n’est donc finalement qu’à la fin du printemps que j’ai été en mesure d’enchaîner des blocs corrects d’entraînement, et à récolter finalement les podiums pour lesquels je m’entraînais si fort. Malheureusement, la victoire elle pour créer un élan n’est pas venue.

Curieusement, tu n’as pas été conservé par Roompot, pourquoi ?

Je dirais simplement que c’était un environnement qui ne m’a pas permis de tirer le meilleur profit de mes qualités.

As-tu des regrets par rapport au fait de les avoir rejoint l’an passé ?

Les erreurs en sont seulement si tu n’en retiens rien, et je ne crois pas trop à l’idée de vivre avec des regrets. Je crois plus en celle d’apprendre par rapport aux choix qui ont été fait. J’ai donc appris de l’expérience chez Roompot, j’ai pris du plaisir avec mes co-équipiers, et je sais que j’adore toujours courir et m’entraîner.

Il y a quelques semaines, tu as publié un message sur les réseaux sociaux, en indiquant que tu étais à la recherche d’une équipe...

Je ne suis normalement pas une personne très bruyante sur les réseaux sociaux, et j’essaie plus de faire partager mon expérience en tant que coureur ou personne. Que ce soit sur ou en dehors du vélo, j’essaie juste de rester positif et loin de ce qu’on peut voir parfois sur les réseaux. Je voulais donc simplement expliquer où j’en étais après quelques semaines de break de fin de saison. C’était un moment assez curieux pour moi, surtout que je suis plus motivé que jamais pour m’entraîner et progresser en tant qu’athlète, mais ensuite, il y a la réalité et le fait que je puisse ne pas avoir de travail l’an prochain et l’autre côté des choses...

Finalement le plus dur dans ce type de situation, c’est certainement de rester motivé, comment y parviens-tu ?

C’est là en effet sur cet aspect que j’essaie d’être le plus concentré possible. Je reste concentré sur mon planning d’entraînement, et sur ce que je sais faire pendant une préparation pour être le coureur que je veux être et que je crois pouvoir être. Curieusement, je suis plus motivé que jamais. Peut-être que c’est lié au fait de laisser derrière moi ce qu’a été la saison dernière, de relâcher la pression que j’ai reçu de l’extérieur. Je ne peux pas changer le passé, et notamment les courses où j’ai terminé 2ème ou 3ème au lieu de gagner. Crois-moi, je les ai regardé, et analysé encore et encore...Quoiqu’il en soit, j’ai maintenant derrière mois déjà un mois de préparation, et je suis en bonne forme et affûté, et mentalement, je me mets toujours au défi, que ce soit sur le vélo ou en salle de sport.

On sait à quel point c’est compliqué pour les coureurs dans ta situation, et vous êtes nombreux dans ce cas cette année. Si on te laissait adresser un message à une équipe en recherche d’un coureur, quel serait-il et comment les convaincrais-tu de te donner une chance ?

Je ne sais pas trop comment on a parlé de moi aux équipes, ni comment elles me perçoivent en tant que personne et coureur. Je crois donc que je souhaite juste leur faire savoir que je veux faire partie d’un groupe, amener ma force et ma vitesse à une équipe où je sais que je peux partager un but commun, également être quelqu’un sur qui on peut compter dans le final des courses. Je sais que j’ai le potentiel et l’envie de me dépasser, et j’ai juste besoin d’une équipe qui croit en moi.

Tu n’es d’ailleurs pas qu’un sprinter non ?

Je suis un sprinter de profession. Cependant, j’ai appris durant les dernières années, que pour être meilleur dans ce domaine, j’aime aussi être un équipier. J’aime travailler pour un coureur, offrir ma force et ma capacité à accélérer durant un course, protéger un leader aussi.

Je veux être un sprinter qui gagne, et je sais que c’est la raison pour laquelle je suis payé par une équipe, ne vous méprenez pas, mais c’est juste qu’après ces dernières saisons au sein du peloton, je sais aussi que je peux apporter de la valeur à une formation dans les courses pour hommes forts, et avoir pour objectif de travailler pour un autre coureur.

Pour conclure, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour les semaines à venir ?

Je vais continuer à m’entraîner en suivant mon programme de pré-saison. Je peux ensuite seulement espérer qu’une équipe verra en moi une plus-value en tant que coureur et équipier. Je vais faire attention au nombre de gâteaux que je vais manger pendant les fêtes, je vais essayer de prendre du plaisir en travaillant dans la neige des montagnes autour de la période de Noël, puis je vais enfin laisser passer 2018 avec un œil dans le rétro et l’idée d’une nouvelle et fraîche année qui débute.

Propos recueillis par Charles Marsault (crédit photo : pr gruber)

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