Sofiane Merignat : « Une émotion de fou »

Crédit photo William Cannarella Photographies

Crédit photo William Cannarella Photographies

La délivrance. Ce vendredi, Sofiane Merignat est remonté sur son vélo 76 jours après son accident à Paris-Roubaix Espoirs (lire ici). Le coureur du CC Etupes, 21 ans, s’est fixé un objectif : reprendre la compétition avant la fin de saison 2018. Le moral au beau fixe, le Provençal s’est confié à DirectVelo.

DirectVelo : Que représente cette première sortie sur ton vélo ?
Sofiane Merignat : C'est une émotion de fou, un truc de malade ! Je n’avais pas touché au vélo depuis Paris-Roubaix. Je suis parti rouler, hier (vendredi), vers 17h. J’ai fait environ 1h45 de vélo. J’étais accompagné de mon kiné. C’était vraiment dur mais quel plaisir ! Je faisais ces dernières semaines du wattbike mais la route, ça n’a rien à voir. En fait, j’aurais pu rouler depuis une semaine mais je n’avais plus de vélo. Mon club a donné un vélo à l’AVC Aix-en-Provence, jeudi, à Cherves lors de la Coupe de France DN1. Je l’ai récupéré hier et je suis parti faire un tour !

Comment se sont passées ces dernières semaines ?
Après la chute, je suis resté environ deux semaines à l'hôpital à Lille. J’ai pu rentrer chez moi ensuite. Les infirmières venaient deux fois par jour pour changer les pansements, les cathéters… J’ai débuté la rééducation début juillet à la clinique de la Bourbonne, à Aubagne. J’ai commencé à remarcher avec l’aide d’un déambulateur, comme les vieux ! (sourires) J’étais en fauteuil roulant jusque-là. J’ai passé la Coupe du Monde dans un fauteuil ! (sourires) Mais pour la finale, j’avais des béquilles et j’ai pu aller voir le match à Marseille.

« JE SUIS PASSÉ TOUT PRÈS DU PIRE »

On te sent heureux...
Le moral est au top ! J’ai repris le vélo, enfin ! Il n’y a pas mieux. Le plus dur est maintenant derrière moi. C’est dur d’imaginer comment j’ai souffert. Je ne dormais pas… Je n’ai commencé à faire des nuits normales qu’à partir du 20 juillet, près de deux mois après la chute. Avant cela, c’était impossible tellement j’avais mal. Je me levais à deux, quatre heures du matin pour prendre des cachets. Je me suis vu évoluer, c’est pour ça qu'aujourd'hui, je ne peux que bien aller… J’ai quand même eu neuf fractures du bassin et neuf traits aux côtes. J’aurais pu y passer. Je me suis fait écraser, je me suis retrouvé sous une voiture… On me connait avec le sourire mais là c’est vrai que je suis passé tout près du pire.

Tu te souviens de l’accident ?
Je me souviens de tout, je n’ai pas perdu connaissance. Après ma chute, je me suis retrouvé bloqué sous cette voiture. J’avais tellement mal que je ne sentais plus rien. C’était vraiment long… Les secours ont dû mettre une trentaine de minutes avant de me prendre en charge. Je voyais mon directeur sportif et le mécanicien qui étaient blancs. Je sentais la peur dans leur regard. Moi je ne savais pas ce que j’avais. Je crois qu’ils ont eu encore plus peur que moi.

Tu as reçu beaucoup de soutiens ensuite ?
Oui mais au final seuls mes parents peuvent se rendre compte. Ils ont vécu le "truc" avec moi. Ma mère dormait à côté de moi. Moi je ne dormais pas mais pour elle, c’était la même chose. Les collègues ne m’ont pas vu souffrir. J’ai montré aux gens que le "bien" !

« IL FAUT QUE JE PASSE PRO »

Comment imagines-tu la suite ?
Ça va aller crescendo. Je vais faire des balades de 1h30, 2 heures de vélo. Je me suis fixé un objectif : reprendre la compétition d’ici la fin de la saison, fin septembre ou début octobre. Je vais tout faire pour mais tant pis si je n’y parviens pas.

Que feras-tu en 2019 ?
Je serai coureur… quand même ! Il faut que je passe pro. Je n’ai pas fait tout ça pour rien. J’espère que ça va sourire. J’ai connu le pire avec cet accident. Je n’ai pas peur de remonter sur le vélo, de me retrouver dans la file des directeurs sportifs. Ça devait m’arriver. C’est le mektoub (destin, NDLR) comme on dit.

 

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Sofiane MERIGNAT