La Grande Interview : Clément Champoussin

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

En juillet 2016, Clément Champoussin est devenu Champion de France de VTT. Il était alors Junior 2e année et débutait à peine, en parallèle, le cyclisme sur route. En optant pour le Chambéry CF, l’Azuréen a depuis changé de trajectoire. Et avec réussite. Deux ans plus tard, le voilà qui s'apprête à découvrir l'Équipe de France Espoirs, ce vendredi, à l’occasion du Tour de l’Avenir. Alors qu'aucun leader ne semble véritablement se dégager au sein du camp tricolore pour cette édition 2018, l’athlète de 20 ans peut espérer jouer sa carte personnelle sur les quatre étapes de montagne (voir le parcours). Avant d'enchaîner ensuite avec un stage chez AG2R La Mondiale. 

DirectVelo : Te voilà au départ du Tour de l’Avenir ! 
Clément Champoussin : Pour moi, c’est la plus belle course par étapes du calendrier Espoirs. C’est un mini-Tour de France. Je ne connais pas trop le palmarès de l’épreuve mais je sais que David Gaudu et Egan Bernal ont remporté les deux dernières éditions. Chaque année, nous avons au départ plusieurs coureurs qui brillent ensuite rapidement chez les professionnels. C’est la preuve qu’il y a du niveau… 

Tu as reçu plus de messages pour l’annonce de ta sélection au Tour de l’Avenir ou pour ton stage chez AG2R La Mondiale ?
J’ai reçu beaucoup plus de messages pour le Tour de l’Avenir !

T’attendais-tu à cette sélection ?
C'est une surprise ! Je n’avais pas forcément imaginé être au départ avec l'Équipe de France. En fait, je pensais éventuellement à une sélection avec le comité Auvergne-Rhône-Alpes. Cette sélection chez les Bleus, je l’ai apprise il y a un peu plus de trois semaines. Loïc (Varnet) m’en avait parlé puis Pierre-Yves (Chatelon) m’a contacté pour me le confirmer. 

Quand penses-tu avoir gagné ta place ?
Le Tour de Savoie Mont-Blanc a dû m’aider, la Ronde de l’Isard également. Loïc m’avait parlé de l'Équipe de France en début d’année mais je ne savais pas comment ça allait se dérouler…

« J'ÉVITE DE ME METTRE LA PRESSION »

Que Pierre-Yves Chatelon peut-il attendre de toi ?
Il va m’attendre en seconde partie de course, sur les étapes de montagne. On verra comment on peut s’aider avec Marlon (Gaillard) sur les étapes difficiles. Je ne suis pas allé reconnaître le parcours des étapes en Savoie excepté celle de 35 kilomètres (Moutiers-Méribel, NDLR). Nous sommes passés à pas mal d’endroits, en juin, sur le Tour de Savoie Mont-Blanc. J’ai souvent roulé dans le coin mais je ne connais pas le col de l’Iseran, au programme du dernier jour. 

Que serait un Tour de l’Avenir réussi ?
Je ne sais pas ce que je peux espérer en terme de résultat. Je vais tâcher de faire du mieux possible. Je verrai… J’évite de me mettre la pression. La course va durer dix jours alors si je commence à me mettre du stress… J’ai discuté avec Aurélien Paret-Peintre et Maxime Roger, qui ont déjà disputé l’épreuve. Ils m’ont expliqué comment ça se passait. Ils m’ont par exemple dit que c’était nerveux, que ça roulait vite et qu’il y avait pas mal de chutes. 

Ivan Sosa est annoncé comme le grand favori...
Je n’ai pas regardé le Tour de Burgos (qu'il a remporté, NDLR) mais on m’en a parlé… Il est vraiment chaud ! Il rappelle Egan Bernal. C’est sûr qu’il est un cran au-dessus de la plupart des coureurs du Tour de l’Avenir. A Burgos, il a battu des coureurs d’Astana ou de la Sky.

Tu dis ne pas avoir regardé le Tour de Burgos mais connais-tu tes adversaires pour ce Tour de l’Avenir ?
Je regarde souvent DirectVelo alors au fil des courses et des résultats, je vois les noms qui ressortent. Ca va mieux que l’an dernier de ce côté-là. En début de saison 2017, nous avions disputé des courses de 2e catégorie dans le sud alors ça allait, mais en Elite je ne connaissais vraiment personne. Je ne sais pas si c’était un gros désavantage mais en tout cas, aujourd’hui, je connais les autres coureurs.



Et toi, tu es connu ?

Je ne pense pas être très connu. Je ne gagne pas de courses ! C’est sûr que ça me ferait plaisir de lever les bras. J’ai des podiums, comme au KBE où je termine 2e d’une étape. C’est frustrant de ne pas gagner. Comment l’expliquer ? Sur un Tour de Savoie Mont-Blanc, tu sais que c’est le plus fort physiquement qui gagne. Sur les courses tactiques, j’ai encore des choses à apprendre.

« CHAMBERY A CONFIANCE EN MOI »

Après le Tour de l’Avenir, il y aura donc ce stage avec AG2R La Mondiale : comment l'appréhendes-tu ? 
C’est cool. Ca permet de voir que le Chambéry CF est content de ce je fais, que je fais bien les choses. L’équipe a confiance en moi. Je vais pouvoir continuer à apprendre. Ca me confirme que j’ai fait le bon choix.

Lequel ?
De passer du VTT à la route, en fin de saison 2016. Loïc m’avait proposé de disputer la saison sur route avec le CCF et de participer en même temps à des compétitions de VTT. Mais je me suis pris au jeu de la route car ça c’est bien passé. Je fais toujours un peu de VTT, l’hiver par exemple. Je vais aussi en faire pour préparer, en fin de saison, le Roc d’Azur. Mais je ne fais pas d’autres compétitions. 

Suis-tu toujours l’actualité du VTT ?
Oui, j’ai regardé le week-end dernier la Coupe du Monde sur Redbull TV. Mais je n’ai pas de regret !

Pourquoi avoir commencé par cette discipline ?
Mon père faisait du VTT, ça m’a donné envie d’en faire. J’ai commencé la compétition en Benjamin 2. J’ai progressé au fil des saisons jusqu’à devenir Champion de France Juniors, en 2016. Avant mon arrivée chez les Juniors, je n’avais jamais envisagé de dévier sur la route. Puis je me suis fracturé le poignet en VTT en J1, et j’ai décidé à ce moment-là d'acheter un vélo de route. Ca m’a vite plu.

Tout semble aller assez vite pour toi…
J’ai eu des moments plus difficiles que d’autres mais pas de gros coup dur. Par exemple, ça n’a pas été terrible en début de saison. Je manquais de rythme sur les premières courses. J’ai douté mais je suis vite revenu. J’ai redressé la barre, j’apprends. Je sais désormais que je ne suis pas bien après les coupures. Je ne m’affole donc plus si ça ne va pas bien pendant un ou deux week-ends.

« PASSER PRO ? JE N’Y PENSE PAS »

Faut-il te considérer comme un grimpeur ?
Pas forcément. J’aime bien les courses vallonnées. Par exemple, nous venons de courir en Bretagne, au Kreiz Breizh Elite. Ce n’est pas de la montagne mais c’est dur, et ça, ça me plaît. J’aime bien également une course comme la SportBreizh. Disons que j’aime bien grimper mais j’essaie de me débrouiller un peu partout pour éviter d’avoir trop de lacunes.

Que dois-tu encore travailler ?
Le sprint, c’est mon point faible. Il y également le plat, forcément.

Forcément ?
Je viens du VTT où tu as beaucoup de montées. J’ai donc eu du mal au début sur le plat en arrivant en Elite. Je trouve que j’ai bien progressé par rapport à l’an passé. Je le ressens quand je me retrouve dans une échappée sur une course plate. D’une manière générale, je trouve que j’ai une progression linéaire, mais il y a encore du travail. 

Tu es Espoir 2e année : le but est-il de passer professionnel à l'horizon 2020 ?
Franchement, je n’y pense pas. J’espère déjà faire une bonne fin de saison 2018. A ce jour, je fais un bilan mitigé de ma saison. J’ai été blessé en janvier, j’ai eu une tendinite. Je ne me suis pas fixé de plan de carrière ca je ne veux pas être déçu si ça ne marche pas.

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