Interview : Alain Gallopin "pas facile de remplacer Contador"

Interview : Alain Gallopin "pas facile de remplacer Contador"

Après Dmitiy Fofonov et Thierry Bricaud, c'est au tour d'Alain Gallopin, directeur sportif au sein de l'équipe Trek-Segafredo, de se prêter au jeu des interviews bilans de fin de saison.

 

Bonjour Alain, peux-tu pour commencer nous tirer un rapide bilan de l’année de Trek-Segafredo, êtes-vous globalement satisfait de la prestation de votre groupe cette année ?

Le bilan global est bon, avec 20 victoires et une 5ème place au classement World-Tour, ce qui était un de nos objectifs, donc globalement on peut être satisfaits de notre saison, même si on attendait plus de victoires chez certains.

L’événement de l’année c’est forcément l’arrêt de la carrière de Contador, qu’est-ce qui t’as le plus marqué chez lui cette saison ?

En début de saison, j’ai retrouvé l’Alberto que j’avais vu en 2009, très offensif et à un très bon niveau. On n'a par contre pas vu le Contador qu’on connaissait sur le Tour et le Dauphiné, mais on l’a retrouvé le coureur que l’on admire lors de la Vuelta.

Pour finir sur Contador, il a plaidé pour un salary cap et la fin des capteurs de puissance, quelle est ton opinion sur le sujet ?

Je ne sais pas, je ne pense pas que tout le monde regarde le capteur pendant la course, même si certains exagèrent avec ça, mais ce ne sont pas les meilleurs, et il faut vivre avec son temps. Après, si on les enlève, on les enlève, à vrai dire ça me laisse indifférent.

Pour revenir sur le bilan de la saison, 3 de vos coureurs majeurs ont vécu une année compliquée, Nizzolo, Felline et Degenkolb, peux-tu nous donner des nouvelles sur leur état de santé ?

Nizzolo est celui qui a été le plus touché, car c’est lui qui a le moins couru. Après je l’ai poussé pour qu’il participe au Tour of Guangxi, afin de ne pas rester sur une année vraiment blanche, et que ça l’aide à passer un meilleur hiver. Il a fait de bonnes choses durant la course, et je pense qu’il va retrouver son niveau. Felline a eu une seconde partie de saison compliquée, alors que la 1ère a été vraiment superbe. Il a accumulé les problèmes, et ça fait parti malheureusement du vélo. Quant à John, il a été présent au printemps, même si ce n’était pas au niveau qu’on espérait, mais c’est délicat après la chute qu’il a vécu en 2016. Pour les avoir vu en fin de saison, tout va bien, et ils semblent tous les trois avoir bien récupéré.

Au niveau des satisfactions, on note la confirmation de Jasper Stuyven, penses-tu qu’il puisse passer un cran supplémentaire dès l’an prochain et jouer la gagne sur les classiques ?

Jasper c’est notre coureur du futur concernant les classiques, et on mise beaucoup sur lui, surtout après le départ d’Edward Theuns. On compte énormément sur lui l’an prochain, où il mérite d’avoir plus de responsabilités.

On a également vu un Mads Pedersen émerger, quel rôle peut-il tenir l’an prochain ?

Mads est un très bon coureur, qui a gagné 2 courses par étapes cette année. Quand je l’ai amené au Poitou-Charentes, je ne le connaissais pas bien, car je n’étais pas présent lors du Giro, même si j’ai vu qu’il y avait fait de belles choses. Quand on voit le niveau du Poitou-Charentes, c’est une sacré performance d’avoir mis Castroviejo à 25 secondes sur le chrono. Ça lui a donné beaucoup de confiance, et dans la foulée il nous a dit qu’il remporterait le Tour du Danemark, ce qu’il a fait. C’est pour moi un champion en devenir.

En lisant les propos de Luca Guercilena, on remarque que la Trek n’a pas souhaité remplacer Contador dès 2018, mais plutôt en 2019, avec un intérêt pour Geraint Thomas. Est-il le leader idéal selon toi ?

Pour moi, Geraint Thomas est vraiment un super super bon coureur, qui peut faire beaucoup de choses. Il peut réaliser top 5 du Tour de France et en même temps remporter le Tour des Flandres, et des gars comme ça, il n’y en a pas beaucoup dans le peloton. Concernant son recrutement, je n’en sais pas plus que ça, et cette année on a pris beaucoup de jeunes, mais remplacer Contador, ce n’est pas facile, comme on a vu que ce n’était pas facile de remplacer Cancellara. On n'avait pas les moyens de recruter un coureur comme Aru cette année, qui était quelqu’un pour qui on avait beaucoup d’intérêt, donc à partir de là, Luca gère le budget pour prendre un grand nom en 2019.

On sait qu’un Thibaut Pinot sera en fin de contrat, peut-il également être une cible potentielle ?

Thibaut Pinot a déjà intéressé l’équipe il y a deux ans. On a un sponsor italien, et on voit que les courses en Italie le motivent vraiment, donc c’est clair que l’on peut pas dire non, surtout qu’il a pas encore atteint le sommet de sa carrière.

Pour conclure, vous avez du subir un contrôle positif sur le Tour de France, quel regard portes-tu sur le geste et l’attitude de Cardoso ?

On n’a pas de nouvelles. Sur le moment ça a été un choc, mais ce que je ne comprends pas dans ces affaires de dopage, c’est qu’on doit prononcer la sanction avant la contre-expertise, et si il faut vraiment changer quelque chose à ce niveau-là, c’est bien ça. Qu’on attende le résultat de la contre-expertise avant de sanctionner.

Comment expliquer par ailleurs qu’un coureur se fasse encore prendre avec de l’EPO que l’on sait détectable à 100 % ?

Je ne suis pas juriste, ni expert en la matière, donc pour être honnête je suis un peu perdu à ce niveau. Aujourd’hui c’est vrai néanmoins que j’ai du mal à comprendre qu’un coureur puisse se faire prendre à l’EPO, mais encore une fois, attendons le verdict de la contre-expertise, car si on n’a pas de nouvelles c’est que quelque chose n’est pas normal.

 

Propos recueillis par Mylène Terme

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