Benoit Cosnefroy : « J'étais le sixième homme »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Comme si l'histoire était écrite ! Le week-end dernier, Benoit Cosnefroy parlait de "blague" après avoir coupé la ligne en deuxième position sur le Championnat de France Espoirs de Saint-Amand-Montrond (Cher). Il décrochait alors sa troisième médaille d'argent en deux ans sur un Championnat national, Espoirs et Amateurs confondus. Une semaine plus tard, le désormais coureur professionnel d'AG2R La Mondiale a récidivé. Présent dans la bonne échappée sur le Championnat d'Europe Espoirs à Herning (Danemark), le coureur de 21 ans a été devancé par le "local" danois Casper Pedersen (voir classement). Benoit Cosnefroy revient sur cette médaille d'argent et évoque l'avenir pour DirectVelo. 

DirectVelo : La médaille d'argent te colle à la peau ! 
Benoit Cosnefroy : Cela reste une médaille au Championnat d'Europe et c'est ma première. Le but était de faire la meilleure course collective possible, sans avoir de regret. Aujourd'hui (samedi), je pense que le Danois était vraiment plus fort que moi, même s'il m'a surpris au sprint. En revoyant les images, je ne suis pas sûr d'être capable de faire mieux. Et dans le même temps, je ne pense pas que l'on pouvait faire mieux que deuxième sur un sprint massif. J'ai joué ma carte à fond, c'est ce que l'on avait prévu au briefing. Avec le Danois, nous étions les plus costauds du groupe, je pense. Derrière, les gars ont fait le boulot pour empêcher le peloton de revenir, et je les en remercie. Même sans oreillette, j'ai compris qu'ils voulaient que je joue ma chance à fond. C'est forcément un petit regret sur le plan collectif de ne pas l'emporter, mais sur le plan personnel, je venais ici en tant qu'équipier, j'étais le sixième homme de l'équipe. Je n'avais pas d'autre ambition que de me dévouer pour le collectif. Du coup, repartir avec une médaille, c'est une bonne chose sur le plan personnel.

Les Danois sont très impressionnants sur ces Championnats...
Aujourd'hui encore, c'était compliqué de rivaliser avec les Danois, et si ça n'avait pas été Pedersen, ça aurait été un autre. C'est déjà beau de se retrouver sur le podium, sur un parcours qui ne nous correspondait pas vraiment, un peu comme au Qatar. 

« IL M'A FAIT TOMBER ET LE GROUPE EST PARTI SANS NOUS »

Quelle était la réaction de tes coéquipiers à l'arrivée ?
Ils étaient heureux de cette médaille. Forcément ils auraient préféré que je gagne, mais ils étaient tout de même contents. On a géré notre course comme on a pu, on a été offensifs, donc ils étaient très heureux de cette médaille que l'on a décroché.

Vendredi, Damien Touzé et Clément Orceau nous expliquaient que le plus important était de ne jamais laisser sortir une échappée sans y avoir un représentant. Et pourtant, en début de course...
En fait, quand ce gros groupe est sorti sans Français, j'y suis allé en contre avec un Norvégien. Mais il m'a fait tomber et le groupe est parti sans nous. C'était plus un manque de réussite qu'une erreur tactique. En dehors de ça, on a plutôt bien manœuvré toute la journée pour essayer d'avoir toujours un coup d'avance. Quand j'ai re-changé de vélo, à trois tours de l'arrivée, Pierre-Yves (Chatelon) nous a dit qu'il fallait vraiment passer à l'offensive. On est reparti de l'avant et en haut du faux-plat du ravitaillement, ça a finalement cassé. Ça m'a sourit aujourd'hui, mais ça aurait très bien pu être n'importe quel autre coureur de l'équipe de France. 

« COURIR LIBÉRÉ ME RÉUSSI »

Tu te retrouves très souvent à jouer la gagne sur les Championnats : ça ne peut pas être qu'une question de réussite ? 
Oui, mais je ne saurais pas dire pourquoi. Je ne me mets pas vraiment de pression pour les Championnats. Je prends les courses comme elles viennent, que ce soit un Championnat d'Europe ou une Elite en France. Je pense que je suis un homme de Championnat dans le sens où je suis régulier, et que je maintiens ma forme sur plusieurs semaines. Le fait de courir libéré, et avec beaucoup de confiance, me réussi également. Quand on court avec la confiance, c'est tout de même plus facile. Aujourd'hui, je ne comptais pas mes cartouches car je savais que l'on avait d'autres cartes derrière, et que j'étais à l'avant pour faire travailler les autres collectifs. Ce rôle m'a permis d'aborder la course sans pression et de, déjà, bien dormir hier soir. C'est peut-être ce qui a fait la différence face aux autres. 

Dans les derniers kilomètres, la pression était pourtant grande avec le peloton sur vos talons. As-tu repensé à ces autres Championnats où tu avais déjà terminé deuxième ?
Non, pas du tout. Je pensais uniquement à la course. La seule différence était que cette fois-ci, je ne connaissais pas les trois coureurs avec moi. En France, je connais toujours mes adversaires, alors qu'ici c'est différent. C'est plutôt ça qui me dérange dans ce genre d'arrivée. Ce n'est jamais facile à gérer car on ne sait pas qui va lancer le premier, surtout dans un sprint difficile comme aujourd'hui, avec le vent de face. Je sais que je suis assez rapide au sprint, mais je ne connais pas la valeur des autres coureurs du groupe. Je vis la course comme si c'était une course de tous les jours, et je ne pense pas au maillot qu'il y a au bout. 

« POUR VIVRE DES MOMENTS COMME ÇA »

N'as-tu pas peur de faire un blocage sur les Championnats ou les courses d'un jour à l'avenir, lorsque tu seras en mesure d'entrevoir la victoire ?
Quand on est deuxième, on n'est pas très loin de la gagne. Je ne fais pas de blocage là-dessus. J'ai envie de gagner et je joue mon final à 200%. Pour le moment, ça ne me sourit pas sur les Championnats, je fais souvent 2e ou 4e. Mais je préfère terminer 2e que 4e, comme l'an passé. Au moins, je repars avec une médaille. Je dispute chaque course sans penser aux précédentes. Je prends du plaisir dans ce genre de final, surtout sur un Championnat d'Europe où le peloton est juste derrière. Il y a beaucoup d'adrénaline, et c'est pour vivre des moments comme ça que je fais du vélo. J'avais déjà gagné comme ça, avec cinq secondes d'avance, sur le Rhône-Alpes Isère Tour en début d'année, donc c'est une situation que je connais, et j'ai montré que je savais aussi gagner. 

Tu vas maintenant retrouver le peloton professionnel avec AG2R La Mondiale. Où te verra-t-on dans les prochaines semaines ?
J'ai fait une pause début juillet, donc je suis relativement frais. J'ai repris sur des stages et au Tour d'Auvergne. J'ai enchaîné les courses jusqu'à ces championnats, et je reprendrai ensuite sur le Tour du Limousin. J'irai ensuite à la Classique de Hambourg, avant de ne re-courir que début septembre (il devait initialement participer au Tour du Poitou-Charentes également). Du coup, mon programme est plutôt léger ce mois-ci. En septembre, je n'aurai que des courses d'un jour. Certes, elles vont s'enchaîner un peu, mais ça reste des courses d'un jour. 
 

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