Justin Mottier : « Ça aurait pu changer pas mal de choses »

Crédit photo David Allais - www.tourdenormandiecycliste.fr

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Justin Mottier l'avait annoncé en début de saison : il espérait décrocher un succès en Classe 2 cette année. Le pensionnaire du VC Pays de Loudéac en est passé tout près ce lundi en prenant la deuxième place de la 1ère étape du Tour de Normandie (2.2), seulement battu par le professionnel Anthony Delaplace (voir classement). Le coureur de 23 ans, désormais intéressé par le classement général, revient sur cette journée et sur ce qu'il l'attend pour le reste de la semaine auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Tu as dû passer par toutes les émotions ce lundi...
Justin Mottier : J'avais coché cette étape et j'étais vraiment motivé par cette journée. Sur le papier, je savais que c'était celle qui pouvait me convenir le mieux sur l'ensemble de la semaine car c'était sans doute la plus dure, bien qu'elle soit relativement courte. L'arrivée en bosse pouvait me convenir mais je ne savais pas vraiment quel allait être le scénario de la course. J'ai senti le bon coup et c'est vrai que je suis passé par pas mal d'émotions dans les derniers kilomètres mais finalement, je passe quand même à côté de la victoire et c'est dommage.

Comment as-tu vécu ce final ?
Les 100 premiers kilomètres ont été nerveux. Aucun coup n'a réellement pu prendre du champ. Ca a beaucoup frotté avec toutes ces équipes étrangères, comme tous les ans. C'était un peu la guerre et kamikaze (sourires). Je me suis forcé à me placer toute la journée pour ne pas me faire piéger ou risquer la chute. Puis, arrivé sur le circuit, je me suis retrouvé dans les cinq premiers du peloton en haut de la bosse et j'ai voulu tenter ma chance. J'ai repris Pavel Sivakov puis Anthony Delaplace m'a rejoint. Après un tour de circuit, Sivakov a craqué et je me suis retrouvé seul avec Delaplace. 

« JE NE JOUAIS PAS PERDANT, MAIS... »

Et tu as commencé à envisager la victoire ?
J'ai d'abord été surpris qu'il n'y ait pas plus de coureurs à sortir avec nous. Avoir Anthony devant m'a rassuré car je savais que c'était un sacré baroudeur. Il a un gros moteur et quand il passait les relais, ça appuyait. Il m'a énormément encouragé. Malheureusement, à un tour de l'arrivée j'ai senti les crampes arriver. Là, je me suis dit que ça allait être dur de gagner. Anthony m'a attaqué deux fois mais je suis allé le chercher. J'ai compris dans le dernier tour qu'on allait se jouer la gagne. Après, je ne jouais pas perdant mais je savais que ça allait être très compliqué. Et il a, effectivement, été le plus fort. Mais c'est dommage. 

Tu as continué de collaborer après ses deux attaques ou tu as essayé de jouer avec lui ?
Je n'aime pas dire ça mais je me suis quand même dit qu'il valait mieux faire 2e que de terminer à une anecdotique 56e place. Alors j'ai collaboré mais pas pour faire deuxième, car dans un dernier kilomètre, tu espères toujours retrouver un peu de fraîcheur. Bon, cette fois, je ne l'ai pas trouvée (rires).        

Ce résultat semble montrer que tu n'es plus du tout gêné physiquement, toi qui avait été perturbé par une mononucléose cet hiver (lire ici) ?
Ma mononucléose est enterrée. C'est du passé. Je me sentais de mieux en mieux depuis plusieurs semaines, je montais en puissance et je le prouve encore aujourd'hui (lundi). Mais encore une fois, je suis quand même déçu de passer si près d'une victoire qui aurait pu changer pas mal de choses pour moi... 

« JE SUIS LIBÉRÉ DANS LA TÊTE »

Parce que c'est en Classe 2 ?
Oui. J'avais dit que c'était important pour moi de gagner en Classe 2 pour espérer passer pro. Des opportunités de gagner en Classe 2, il n'y en a pas tous les jours, surtout sur une course comme le Tour de Normandie où je pense qu'il y aura pas mal d'arrivées au sprint. Au moins, j'aurai prouvé et confirmé que j'arrive à répondre présent sur les courses que je coche. 

Tu avais déjà retrouvé de très bonnes sensations à l'occasion de Manche-Atlantique, une épreuve qui te tenait très à cœur et dont tu as pris la 6e place...
J'ai surtout retrouvé le moral à vrai dire. Je suis libéré dans la tête depuis quelques semaines, depuis que le médecin m'a dit que j'étais en fin de mononucléose et qu'il n'y avait plus de soucis à se faire, après les Plages Vendéennes. Tout est rentré dans l'ordre et depuis, je ne me pose plus de questions. Et je l'ai confirmé sur Manche-Atlantique même si à ce moment-là, j'étais encore un peu limite.

Cette 2e place aujourd'hui est aussi un résultat qui confirme la bonne dynamique actuelle de l'équipe depuis quelques semaines...
On a pu gagner deux courses en Bretagne avec Cyrille (Patoux) et Adrien (Garel) et ça nous a vraiment fait beaucoup de bien. Je fais deuxième ici et ça confirme cette dynamique. Surtout, c'est important de faire trois résultats avec trois mecs différents. Ça montre que ça tourne dans l'équipe et que tout le monde a sa chance. Et ce n'est pas fini parce que nous avons des garçons rapides au sprint ici en Normandie et ça pourrait bien marcher. On avait gagné une étape sur le Tour de Bretagne (2.2) l'an passé, alors pourquoi pas. Comme quoi, même si nous avons une équipe que l'on pensait moins forte que l'an passé, ça se passe bien. 

« LES DEUX PROCHAINES ÉTAPES SONT LES PLUS PIÉGEUSES »

Pourquoi pensais-tu avoir "une équipe moins forte que l'an passé" ?
Elie (Gesbert) et Erwann (Corbel) sont partis chez les pros. On ne va pas se mentir : ils étaient les deux piliers de l'équipe et marchaient très fort. Elie était l'un des meilleurs dans les bosses et Erwann était sans doute le plus fort du peloton sur des arrivées difficiles en faux-plat. Enfin, le groupe marche fort et il est même plus homogène que l'an passé. 

Imagines-tu te battre pour le classement général désormais ?
Oui ! L'idéal pour moi serait de passer les deux prochaines journées sans encombre, en perdant un minimum de temps sur des gars comme Justin Jules par exemple. Avec les sprints et les bonifications, il devrait grappiller du temps, mais j'espère que ce sera un minimum. Il faudra faire le point mercredi soir. 

Les deux prochaines étapes sont donc celles que tu crains le plus ?
Disons que ce sont les deux plus piégeuses, avec des risques de bordures. La fin de semaine sera compliquée aussi, mais dans un autre style. Si j'ai des bonnes jambes, ça ira. Ce qui est sûr, c'est que l'équipe jouera ma carte pour le général maintenant, d'autant que les autres mecs du groupe sont déjà relégués assez loin au général. On jouera aussi les étapes avec nos sprinteurs mais je serai protégé.

Et tu te sens assez fort physiquement pour enchaîner les efforts toute la semaine ?
Totalement ! La condition est de mieux en mieux, je le sens. Je pense que je vais pouvoir me battre tous les jours sur ce Tour de Normandie. Je suis assez confiant. 

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