Clément, quel bilan tirez-vous de cette première partie de saison ?
C’est plutôt moyen car il n’y a pas eu plus de résultats que ça. C’était assez compliqué au niveau de la santé et avec la météo qui était difficile j’ai un peu pris à l’envers la saison, avec de grosses périodes sans courses dû au calendrier de l’équipe. Du coup quand on revient sur les courses on est un peu à contre-temps. Une fois arrivé le mois de mai j’ai pu bien enchaîner sur le Tour de Picardie, le Tour de Belgique et j’ai fais le Dauphiné. Depuis ça va bien, j’ai été acteur dans la victoire de Dries Devenyns au Tour de Wallonnie, j’ai aussi pu faire la Clasica San Sebastian. Pour le moment c’est repartit sur de bonnes bases et je sens que je progresse bien, l’équipe est plutôt contente de moi donc c’est agréable.

L’équipe IAM Cycling s’arrête en fin de saison, quel est le discours des directeurs sportifs pour faire en sorte que les coureurs ne perdent pas de motivation ?
C’est vrai qu’on a des consignes différentes par rapport à avant dans le sens où on court pour se mettre en avant. C’est ce qu’on nous dit depuis l’annonce de l’arrêt de l’équipe. Cela nous permet de plus saisir notre chance, cela nous ouvre pas mal de portes. On a eu des victoires sur le Tour, sur le Giro, on a gagné le Tour de Belgique, le Tour de Wallonnie aussi donc on a de très bons résultats. On n’a pas peur de perdre, aller plus vers l’avant est un peu le maître mot. Après c’est un peu différent depuis le 1er août, la période des transferts fait que le discours est légèrement modifié dans le sens où les coureurs qui n’ont pas encore trouvé de contrat sont beaucoup plus mis en avant que ceux qui ont déjà connaissance de leur avenir. Maintenant, l’objectif des dirigeants de l’équipe est d’aider au maximum les coureurs à retrouver quelque chose pour l’année prochaine.

Comment avez-vous procéder, vous passez par un agent ou vous gérez vous même ?
J’ai un agent comme 95% des coureurs dans le milieu. Je travaille avec la société Celio Sport.

D’un point de vue général, la décision de Michel Thetaz d’arrêter son investissement dans le cyclisme met une soixantaine de personnes au chômage. Ne trouvez-vous pas que le cyclisme marche un peu sur la tête avec ce mode de fonctionnement ?
Oui c’est le risque. Cela part d’une bonne envie, un peu le caprice d’un gamin qui joue avec son petit jouet et qui en veut un nouveau pour se faire plaisir. Michel Thetaz est passionné de cyclisme, il a voulu monter son équipe en Suisse et il l’a très bien fait. Il avait un projet sur quatre ou cinq ans, il y a mis un terme, en remplissant plus ou moins ses objectifs. Pour lui il y avait peut-être une lassitude. Sans nous abandonner il a voulu déléguer à un co-sponsor mais apparemment il n’a pas réussi à trouver quelqu’un pour partager le budget donc il a mis la clé sous la porte. C’est le problème quand on tient au bout du fil d’une seule personne donc c’est clair que pour le vélo ce n’est pas bon mais on en a aussi besoin, on essaie de prendre tout ce qu’il y a à prendre. Le principal soucis c’est plutôt des revenus comme les droits TV, ce genre de choses.

Vous avez très bien connu Axel Merckx pour avoir couru sous ses ordres, comment expliquez vous le fait qu’il ait autant de jeunes talents dans son équipe, comme Adrien Costa en vu sur le dernier Tour de l’Utah ?
Il a tellement, maintenant, une notoriété dans le milieu que son équipe donne envie et cela il l’a créé lui-même. Il a su mettre un esprit, une manière de travailler. C’est un peu travailler sérieusement sans se prendre au sérieux et il y a vraiment cet esprit famille, groupe, et cela donne envie à beaucoup de jeunes. C’est un palier entre le monde amateur et le monde professionnel, notamment quand on sort de Juniors, ce qui n’est pas toujours facile. C’est ce qui donne envie à beaucoup. Ce n’est pas l’argent ou d’éventuels pré-contrats qui lui permettent d’attirer du monde. Chaque coureur a sa chance, il arrive également à faire une équipe complémentaire où tout le monde ne se roule pas dessus et chacun peut tirer son épingle du jeu. Il y a de gros talents aux Etats-Unis, dans d’autres pays et il arrive vraiment à attirer grâce à son nom, à la notoriété de l’équipe, à l’esprit et aux valeurs qu’il véhicule.

Il a toujours été comparé à son père, qui a toujours fait mieux que lui, sauf dans ce domaine là. C’est un sacré clin d’œil ?
C’est vrai qu’il a eu beaucoup de mal étant jeune pour se faire son prénom et il a souvent été comparé à son père au niveau des performances. Il a voulu faire son chemin et il s’est fait tout seul. Il a eu une très belle carrière, une médaille olympique, de belles places dans les grandes classiques, au Tour. Il a toujours aimé les jeunes et le développement. Il a voulu se lancer dedans et est parti à l’étranger pour être un peu plus tranquille, avoir moins de pression qu’en Belgique. Il fait son petit bonhomme de chemin mais reste très proche de son père qui l’appelle souvent en pleine nuit pour se tenir au courant des résultats, des coureurs. Et son père apprécie beaucoup le travail de son fils.

Au niveau des capteurs de puissance, a-t-il des prédispositions spéciales ou fonctionne-t-il un peu à l’ancienne ?
Non c’est plutôt un fonctionnement à l’ancienne, il laisse vraiment l’instinct aux coureurs. Il y a du très bon matériel, comme les capteurs de puissance, mais chacun a son entraîneur, sa personne de confiance. Bien sûr il regarde quand même qui c’est mais il veut que le vélo reste un jeu et ne souhaite pas rentrer dans des schémas tous faits. Le but est d’aller de l’avant et de se créer soit même. Il n’est pas du tout fermé dans un schéma type d’entraînement ou de course. Il fait confiance aux coureurs et les met en confiance surtout.

Pour la suite de la saison, par quelles courses allez-vous passer ?
Je vais participer à la Vuelta où j’aiderai à ce que l’équipe gagne une étape. Je tenterai de prendre les échappées et faire trois semaines de course sera très intéressant sportivement. Puis je terminerai sous le maillot IAM au Tour de Lombardie.