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Amaël Moinard : "Le départ du Tour, toujours une inconnue"

A une semaine du Grand Départ de ce Tour de France 2016, le cycliste Amaël Moinard se confie. Préparation, profil des premières étapes, rôle à la BMC... Entretien.

Amaël Moinard est sélectionné pour le Tour de France 2016
Amaël Moinard est sélectionné pour le Tour de France 2016 © Radio France - anthony Raimbault

Amaël, à quoi va ressembler cette dernière semaine de préparation ?

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J'ai eu trois semaines bien chargées en terme de travail. Avec le Dauphiné Libéré, deux semaines en altitude. Donc, là, c'est essentiellement basé sur la récupération active, avec des sorties de 2-3 heures alternées avec des jours de repos avec mes enfants et ma femme pour emmagasiner de l'énergie avant le départ.

Vous étiez dans les Alpes il y a encore quelques jours. Vous ne participez pas aux championnats de France à Vesoul. Vous le disiez sur les réseaux sociaux : "J'ai besoin de faire un break".

Quand on reste trois semaines concentré en dehors de son domicile, sur un objectif précis, c'est compliqué de récupérer en seulement 48 heures et d'être performant sur un championnat de France. Faire un déplacement à Vesoul, aller faire de la figuration, voire abandonner et me sentir fatigué et avoir un a priori négatif avant d'attaquer le Tour de France, rester sur une contre-performance, je ne voulais pas prendre ce risque et en profiter pour souffler. C'est plus important pour être frais en dernière semaine du Tour.

Amaël, vous êtes attendu, vous êtes sur vos terres. Y a-t-il une forme de pression ? Est-ce qu'on se dit : je suis obligé de faire quelque chose ?

Non, je prends plutôt ça comme un super engouement autour de moi. J'étais un peu surpris quand on m'a appelé en me disant "On voudrait organiser quelque chose". ça m'a touché. C'est sympa. Je vais me nourrir de cette énergie pour être bien et savourer mes premières étapes, malgré le fait que je ne vais pas jouer les premiers rôles. C'est pas une pression. Au contraire, je prends ça avec beaucoup de recul.

34 ans, 8e Tour de France... Avec l'expérience, comment on se prépare à ce début de Tour, souvent très nerveux ?

On peut pas vraiment s'y préparer. Beaucoup de nervosité. Une première étape pour les sprinteurs, très rapide, avec un peu de vent, le risque de chute. C'est pas simple à aborder même avec l'expérience. Il y a toujours une appréhension. Après, c'est mon huitième Tour, mon quatorzième grand tour. Physiquement je sais comment les aborder. Mais il y a toujours cette inconnue.

L'objectif premier, ce sera de protéger vos leaders (Tejay Van Garderen et Richie Porte) ?

Clairement, oui. L'objectif de la maison BMC, c'est de placer un coureur sur le podium. Pour ça, il y a besoin de tous les coureurs de l'équipe, sur tous les terrains.

Si on se penche sur le profil des deux premières étapes manchoises, qu'est-ce qui peut faire la différence ?

La météo peut jouer un rôle en fonction du vent :ça va dessiner la stratégie de la course. La première étape Mont-Saint-Michel-Utah Beach, je vois un sprinteur, c'est clair.

Avec des coups de bordure possibles ?

J'en suis pas convaincu. La différence se fera peut-être sur une chute, parce qu'il y aura de la nervosité, le risque de vent de côté n'est que très limité sur six kilomètres entre Quinéville et Saint-Marcouf. Mais malheureusement, tout le monde va être tendu avant cette portion, et c'est souvent dans des cas comme ça qu'il y a des chutes collectives. C'est plus ça qui me fait dire qu'il y aura des cassures. En terme sportif, si tout le monde est relax, c'est un sprint massif à l'arrivée, avec la victoire d'un sprinteur très puissant. Mon favori, c'est Marcel Kittel.

"Attaquer dans la côte de La Glacerie ? Secrètement, j'aimerais bien"

L'arrivée est atypique. On a l'habitude des arrivées en ville. Là, c'est "à la campagne". Est-ce que c'est plus compliqué ?

Oui, et pas seulement pour les équipes de sprinteurs. Les routes sont larges, sans obstacles, sans ronds-points, sans virages. Tous ces obstacles qui permettent d'étirer le peloton et de fluidifier la course seront absents. Le peloton sera une "boule" (très compact, dans le jargon cycliste), très rapide. Si le vent est d'ouest, de dos les 15 derniers kilomètres, ça va être compliqué de s'organiser pour les équipes de sprinteurs et celles des favoris. ça va être très nerveux, même dangereux.

Pour la deuxième, Saint-Lô-Cherbourg, et cette arrivée à la Glacerie, vous voyez quel scénario ?

La deuxième, ce sera plus un coureur de classiques, avec une arrivée au sommet de 2-3 kilomètres donc pas encore assez longue pour que les grimpeurs puissent faire la différence sur les puncheurs. je vois des gars rapides, capables de passer des bosses. Mais ce ne sera pas des sprinteurs à La Glacerie. ça sera une étape très difficile. J'espère que chez nous, Greg Van Avermaet jouera les premiers rôles.

Peut-on imaginer une attaque d'Amaël Moinard dans la côte de La Glacerie ?

(Sourire) Secrètement, au fond de moi, j'aimerais bien. C'est pas trop mon terrain, après une préparation énorme en montagne, je risque de manquer un peu de punch. Après, ça dépend de la tactique de course, comment ça se passe, comment sera le vent au niveau de la Saline, comment on va monter les Provinces... Attaquer peut-être pas, mais assurer le tempo pour Van Avermaet, pourquoi pas. ça va monter très vite jusqu'au rond-point (une trentaine de kilomètres par heure). Après, les plus forts vont faire la différence. Ceux qui vont faire le travail avant, ils vont s'asseoir au rond-point...

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