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Degenkolb : "Il y a eu des dégâts importants sur mon corps, mais je savais que je pourrais revenir"

Alexandre Coiquil

Mis à jour 05/07/2016 à 00:20 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2016 - Gravement accidenté lors d'un entraînement en Espagne en janvier dernier, John Degenkolb a finalement repris la compétition en mai avec une volonté sans faille de retrouver son meilleur niveau. Privé de l'usage de son index gauche, le sprinter de la Giant a commencé une course à étapes d'adaptation et de recherches de sensations. Il réapprend tout doucement le métier.

John Degenkolb (Giant-Alpecin) lors du Tour de Californie 2016

Crédit: AFP

John Degenkolb entame sa seconde carrière. De retour à la compétition au mois de mai dernier, après cinq mois loin du tumulte et des affres de la course, le sprinter allemand n'est plus le même coureur que le passé. Le passé, il est tout récent et auréolé de succès de prestiges : Milan-Sanremo et Paris-Roubaix en l'espace de deux mois en 2015, ses deux premiers Monuments en carrière, dix succès sur les routes de la Vuelta entre 2012 et 2015, un statut de sprinter numéro un chez Giant après la départ de Marcel Kittel chez Etixx-Quick Step.
Tout a changé en 2016. Renversé avec cinq de ses coéquipiers sur une petite route située près de la ville de Calpe en Espagne, Warren Barguil, Chad Haga, Fredrik Ludvigsson, Ramon Sinkeldam et Max Walscheid, le 23 janvier dernier, par une conductrice qui circulait en contresens, l'Allemand ne s'en est pas sorti sans dommages. Touché aux cuisses, à la lèvre, à l'avant-bras, Degenkolb a été meurtri dans sa chair. Pourtant, des dommages superficiels comparés à ce qui lui est arrivé à la main gauche. Ce jour-là, Degenkolb a surtout failli perdre un doigt, son index gauche qui ne tenait plus que par un bout de peau, et a failli dit dire adieu à sa carrière.
Jacky Durand : Physiquement et nerveusement, il ne peut pas se mêler à un sprint
"Je me souviens juste de l'arrivée des ambulances, mais d'absolument rien avant cela. Apparemment, les ambulances avaient dû prendre du temps à cause du nombre. Il en fallait six et on était loin de la grande ville la plus proche, s'est récemment souvenu Degenkolb au site Cyclingnews. C'était un horrible moment pour tout le monde. Pour l'équipe et pour ceux qui nous ont aidés. C'était dur pour eux de nous voir gisants sur le sol et essayer de trouver les bons mots pour nous aider et nous apporter leur soutien. (...) C'était complètement différent d'une chute classique sur une course. On a été éjectés de la route et éparpillés sur 200 mètres. Cela ressemblait à une zone de guerre."
Pourtant, mardi, entre Saumur et Limoges et son sprint en faux plat montant, on observera Degenkolb. S'il est impossible de le placer parmi les favoris, on l'observera, rien que par curiosité. Le final de cette 4e étape pourrait plus convenir à ses capacités, qu'un sprint classique, tout plat. "Physiquement et nerveusement, il ne peut pas se mêler à la lutte, a prévenu Jacky Durand sur Eurosport. Il y a encore beaucoup de monde en ce début de Tour qui convoite les succès, il y a beaucoup d'équipiers présents pour emmener les sprinters. A deux bornes de l'arrivée, on roule trop vite et trop fort. Il va préférer cette étape de Limoges qui va présenter un faux plat qui devrait lui convenir. Surtout, Giant s'est dirigé vers un autre axe que les sprints. Ils ont mis des grimpeurs pour accompagner Warren Barguil", a expliqué l'ancien baroudeur.
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John Degenkolb (Giant-Alpecin)

Crédit: Eurosport

Avant de revenir, Degenkolb a broyé du noir

Pas faux, l'Allemand a pris la 14e place du premier sprint (sans réellement le disputer) du Tour à Utah Beach, avant de prendre la 13e lundi à Angers. Et il n'a pas démenti que Giant était venu sur le Tour avec d'autres priorités. Il y a évidemment sa condition du moment, trop juste pour lui donner des objectifs, mais également une stratégie différente au sein de l'équipe néerlandaise. "L'an dernier on était plus concentrés sur les sprints. Aujourd'hui tout est plus relax. On essaye de faire de bonnes étapes", a expliqué le sprinter à Eurosport.
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Degenkolb : "C'est plus relax que l'an dernier"

Opéré à Manises, près de Valence, quelques heures après l'accident, Degenkolb a dû patienter. Deux mois avant d'enfourcher le vélo, puis trois avant de reprendre la compétition. Il a broyé du noir, avant de relancer la machine. "Les moments les plus durs pour moi ont été au tout début, a-t-il souligné lors de son entretien à Cyclingnews. A ce moment-là, mon temps de récupération était inconnu et surtout je ne savais pas combien de temps prendrait mon retour à la compétition. Lors des premières semaines, je pouvais à peine tendre mon bras, donc je ne savais pas du tout quand est-ce que je pourrais revenir sur le vélo. C'était vraiment préoccupant."
Puis est venu le moment du retour. Cela a pris du temps et les médecins ont dû tempérer l'animal, pressé de revenir mais évidemment incapable de défendre son titre sur l'Enfer du Nord et ses pavés, complètement inadaptés à sa situation, en avril. Il lui a fallu attendre le 1er mai et le Grand prix de Francfort, qu'il n'a pas terminé, pour retrouver un dossard. Puis le coureur de la Giant a repris les choses sérieuses lors du Tour de Californie à la mi-mai. Aux Etats-Unis, il a réappris à redevenir un coureur cycliste. Il a fallu reprendre peu à peu ses marques qui pourtant étaient naturelles. Aller dans un peloton, se frotter, prendre des risques, il a fallu passer par un processus de reconstruction, d'abord mental, puis sportif. "Pour moi il n'y a pas de doutes sur le fait que je pourrais revenir à mon meilleur niveau et être performant, a souligné le coureur. Il y a eu des dégâts importants sur mon corps, mais je savais que je pourrais revenir et que cela n'aurait pas un énorme impact sur ma carrière. Je suis toujours resté confiant et optimiste."

Un doigt en moins, une attelle, Degenkolb a dû s'adapter

Le nouveau Degenkolb, qui a gagné le droit de disputer le Tour suite à de bonnes sensations sur le Critérium du Dauphiné, doit maintenant composer avec un paramètre physique loin d'être évident pour un cycliste. Son index meurtri, qu'il n'arrive plus à bouger pour le moment, n'est plus du tout utilisable en course. Conséquence : il a dû apprendre à freiner avec le majeur du côté gauche (l'index sert généralement à freiner avec un vélo de course). "Ce n'est plus du tout comme avant mon accident. Ça veut dire que je dois utiliser le vélo avec quatre doigts. Mais je me suis rudement bien adapté à cela maintenant", a expliqué l'Allemand à Cyclingnews.
Protégé par une attelle, son doigt n'est pas un handicap en course, mais forcément il faut s'adapter. "Je cours toujours avec une protection sur mon index gauche mais c'est plus une protection qu'autre chose. Dans la vie de tous les jours, je n'ai plus besoin d'en porter une, c'est purement réservé à la course. Cela ne veut pas dire que le doigt ne sera plus jamaisà 100%, mais que je dois trouver des solutions pour le soigner. J'ai déjà franchi beaucoup de paliers. J'ai effectué une physiothérapie très bien adaptée."
Quelle suite pour le "néophyte" Degenkolb ? Un succès le Tour, sur lequel il n'a jamais gagné, ressemblerait par exemple à un véritable nouveau départ. "Gagner sur le Tour, cela veut dire beaucoup en règle générale pour un coureur, mais après ce qu'il s'est passé, cela serait le plus grand moment que je pourrais vivre."
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