Contador : "L’objectif, c’est gagner"
À 33 ans, El Pistolero veut encore croire en une troisième victoire au Tour.
- Publié le 01-07-2016 à 12h26
À 33 ans, El Pistolero veut encore croire en une troisième victoire au Tour. Comme Christopher Froome, Alberto Contador est un double ancien vainqueur du Tour de France (2007 et 2009), mais le Madrilène peut-il être placé sur le même pied que le Britannique ?
La dernière victoire au Tour de l’Espagnol date déjà de sept ans puisque son succès de 2010 lui a été retiré ensuite sur le tapis vert après son contrôle positif au clenbutérol. Comme il veut toujours en tenir compte, lui parle de six ans sans victoire au Tour…
Contador, veut toujours y croire. Il reste persuadé qu’il peut encore enlever un troisième maillot jaune et ajouter ainsi, aux deux succès dans le Giro et aux trois dans la Vuelta, un huitième grand Tour à son palmarès. Pour se présenter au départ du Mont-Saint-Michel avec le plus d’atouts dans son jeu, El Pistolero a tout misé sur la Grande Boucle. Il y a un an, il avait tenté le doublé Giro-Tour.
"Cette année, je me sens mieux qu’il y a douze mois, je suis plus frais, j’ai plus confiance, je suis vraiment motivé, si tel n’était pas le cas, j’aurais arrêté depuis longtemps", a expliqué Contador ce jeudi. "Je suis en condition et je vais me battre pour gagner, j’ai l’expérience du Tour (NdlR : il le dispute pour la neuvième fois), je sais comment m’y préparer et je suis persuadé que le tracé est taillé pour moi."
Le début de saison 2016 du Madrilène a été excellent, il a gagné le Tour du Pays Basque, mais aussi terminé 2e du Tour de Catalogne et de Paris-Nice ou 3e du Tour d’Algarve. Tout serait sans doute pour le mieux s’il n’avait été dominé lors du récent Dauphiné où Contador ne s’est classé que cinquième, certes à seulement une demi-minute de Froome, mais après avoir montré quelques limites.
"J’ai eu des moments difficiles, je manquais parfois de rythme", c’est-il défendu. "Mais, franchement, je n’ai pas été touché par cette défaite, je revenais d’une longue période sans course et avec des stages et reconnaissances difficiles en montagne. Depuis, j’ai eu trois semaines pour récupérer."
L’ambition de Contador reste intacte.
"Même si j’ai trente-trois ans, mon objectif est clair : c’est de gagner !", martèle-t-il. "Ce ne sera pas facile, car j’ai des rivaux très forts qui sont aussi motivés et préparés. Mais, moi, j’ai travaillé comme jamais et de la meilleure façon possible, et qui me rassure. Si j’ai décidé de repousser ma retraite, c’est notamment pour cela, parce que je sens que je suis toujours aussi fort qu’à mes meilleurs moments."
Le tracé du Tour 2016 ne fait pas peur au double vainqueur.
"C’est une des éditions les plus difficiles dont je me souviens, pour ne pas dire plus", affirme le coureur de Tinkoff. "Il va falloir surtout être régulier et vraiment bien récupérer. Cela risque de rester indécis longtemps et même jusqu’à la fin. Rien ne se jouera avant les Alpes. L’an passé, Froome avait tout fait éclater très vite, dès la première étape de montagne, je ne pense pas que ce sera possible cette fois, car il restera les Alpes et une finale vraiment très dure. Pour moi, le Tour se jouera l’avant-dernier jour. Dans cette vingtième étape, vers Morzine, avec Joux-Plane qui est un des cols les plus durs, ce sera l’étape de vérité."
Quant aux deux chronos, Contador ne les imagine pas déterminants. "Ils joueront un rôle important, c’est certains, mais je ne pense pas qu’on peut gagner ou perdre un Tour sur un contre-la-montre de dix-sept kilomètres, même en côte."
Battu deux fois par Chris Froome, en 2013 et l’an passé, Alberto Contador reste pourtant optimiste et lucide. "On peut analyser tout, mais pour répondre à ses attaques, il faut tout simplement les jambes", affirme le coureur de Pinto. "Il n’y a pas de secret. Nous ne sommes pas très éloignés, la différence entre nous est minime, ce qui est différent, c’est que Sky va devoir porter le poids de la course."
Car, pour Contador, le Britannique mais aussi Nairo Quintana seront les deux hommes à battre. "Froome a déjà gagné deux fois et en plus il dispose d’une équipe vraiment très forte, plusieurs de ses équipiers seraient leaders dans d’autres formations. C’est ce qui fait que je le place un peu plus dans la peau du favori que Quintana. Lui, il est plus jeune, il a déjà fini deux fois deuxième et termine toujours le Tour de France très fort. Son équipe, la Movistar, a aussi beaucoup de qualité et d’expérience."
"Les Jeux ? On verra après le Tour"
Le Madrilène refuse de penser déjà aux Jeux de Rio. "On verra après le Tour de France", affirme celui qui sera, avec Valverde et Rodriguez, l’un des fers de lance de l’équipe espagnole olympique. "Jusqu’à l’arrivée à Paris, je veux me donner à cent pour cent pour essayer d’obtenir la victoire et seulement ensuite penser aux Jeux Olympiques."
"Sagan peut faire basculer la course"
Si ses deux principaux adversaires, Froome et Quintana, disposent d’une équipe très solide, Alberto Contador ne se sent pas désavantagé par sa formation. "Mes équipiers ont de la qualité et de l’expérience", assure l’Espagnol. "C’est vrai, chez Tinkoff, nous n’avons pas autant de super-grimpeurs que chez Sky ou Movistar, mais ceux qui sont là sont excellents aussi. Pour la plaine, j’ai également de solides lieutenants, qui me donnent toutes les garanties, et avoir un gars comme Peter Sagan comme équipier est vraiment un avantage. Et même un honneur. Il peut changer une course, la faire basculer."
Son avenir postposé
Son avenir, celui qui est un des six champions à avoir remporté au moins une fois les trois grands Tours, avec Jacques Anquetil, Felice Gimondi, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Vincenzo Nibali, veut le mettre entre parenthèses. C’est son frère, Fran, qui s’occupe de ses intérêts et négocie le futur de son cadet avec les managers d’équipes qui aimeraient s’adjoindre les services d’un coureur de tempérament. "Tout est possible et ouvert", dit-il. "Je ne m’énerve pas, je suis serein, je veux tout donner pour mon équipe actuelle jusqu’à la fin de mon contrat et on verra ensuite où l’avenir me mène."