Audrey Cordon-Ragot : « Que les J.O en tête »

Crédit photo Maxime Segers - DirectVelo.com

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Victime d’une fracture de la clavicule en tout début de saison, Audrey Cordon-Ragot (Wiggle-High5) a depuis retrouvé la compétition et des sensations sur le vélo, course après course. Actuellement en stage au Lautaret (Hautes-Alpes) pour préparer le Tour de Californie et les grandes échéances à venir, la Championne de France du contre-la-montre en titre n’a en réalité qu’un réel objectif en tête : les Jeux Olympiques de Rio en août prochain, comme elle l’explique à DirectVelo.

DirectVelo : As-tu retrouvé de bonnes sensations ces dernières semaines ?
Audrey Cordon-Ragot : Je vais beaucoup mieux après un début de saison un petit peu compliqué, avec cette deuxième fracture de la clavicule en peu de temps (lire ici). Les choses ne se sont pas déroulées comme je le souhaitais et je n’ai pas pu reprendre la compétition au Qatar comme prévu. Il m’a fallu pas mal de temps pour retrouver la condition et rentrer à nouveau dans le jeu, cela s’est fait petit à petit. Ça va beaucoup mieux depuis le Tour des Flandres. 

« IL A FALLU FAIRE DES CHOIX »

Les objectifs sont de toute façon plus lointains ?
Le gros rendez-vous, c’est les J.O. Je n’ai que ça en tête. Cette saison, je mets tout le reste un peu entre parenthèses. Après tout, les Jeux Olympiques ce n’est que tous les quatre ans. C’est la course où je veux être présente et performer. Cette année, il a fallu faire des choix et je pense que l’on ne peut pas courir tous les lièvres à la fois.

De là à faire une croix sur la défense de ton maillot de Championne de France du chrono ?
C’est difficile de se mettre cet objectif en tête dans la mesure où selon moi, il sera simplement impossible d’être à 100% sur les Jeux Olympiques en ayant déjà été à 100% fin juin sur les Championnat de France. Cela étant, ça ne veut pas dire que je n’irai pas sur le Championnat de France avec de l’ambition. Des filles comme Pauline (Ferrand-Prévot), Aude (Biannic), Amélie (Rivat) ou Elise (Delzenne) seront dans la même situation que moi. Je donnerai le maximum au Championnat de France, j’essaierai d’y être performante tout en gardant en tête l’idée d’être à 100% en août pour les Jeux Olympiques.

« LA PLUS BELLE COURSE AU MONDE »

Mais il n’y aura donc pas de préparation spécifique au chrono du Championnat de France dans les prochaines semaines ?
Je ne sais pas encore comment je vais m’organiser. Il me sera difficile d’intégrer une préparation chrono mais encore une fois, je me dis que je ne serai pas la seule à me poser ce genre de questions et ça me rassure. On fera toutes avec nos armes du moment. Cette année, je me dis qu’aller faire un podium au Championnat de France serait très bien, mais réussir un coup sur les J.O serait encore tellement mieux.  

N’est-il pas risqué de tout miser sur une course ?
Participer aux Jeux Olympiques est quelque chose d’énorme. C’est la plus belle course au Monde (elle avait pris la 15e place du chrono olympique à Londres en 2012, NDLR). Nous avons toutes les yeux rivés sur ce rendez-vous. C’est peut-être plus important encore pour nous, les filles, pour montrer quelque chose de beau, montrer au Monde que le cyclisme féminin existe. A mon avis, ça vaut franchement le coup de sacrifier d’autres courses pour être bien à Rio. On ne peut pas se permettre d’y aller à 80%.

« LA ROUE VA FINIR PAR TOURNER »

Fin 2014, tu nous disais prétendre à une place de leader tout au long de la saison (lire ici). Où en es-tu aujourd’hui ?
Avec ma fracture de la clavicule, j’ai eu du mal à reprendre ma place dans l’équipe. J’ai été un peu mise au placard en quelque sorte d’autant qu’un groupe s’est créé pendant mon absence. Cela dit, j’ai rapidement su retrouver ma place dans un groupe où je suis proche des leaders (on retrouve notamment dans l’équipe Emma Johansson, Elisa Longo Borghini ou Giorgia Bronzini, NDLR). Je travaille comme équipière mais j’ai aussi ma chance sur certaines courses. Par exemple, j’ai pu jouer ma carte sur le Flèche Wallonne, même si j’ai manqué de réussite. Désormais, on me laisse l’opportunité de jouer la victoire sur certaines courses, et c’est important pour moi. Je n’ai pas encore la chance avec moi mais je me dis que la roue va finir par tourner.

Tu te sens donc toujours progresser et évoluer ?
Je pense avoir mûri. Plus qu’une leader, je pense surtout être une très bonne capitaine de route, comme je l’ai prouvé récemment sur le Tour du Yorkshire. Après, c’est sûr que quand tu roules à côté de filles comme Emma Johansson, il faut s’accrocher. J’ai des ambitions, seulement, je sais aussi rester à ma place quand je suis alignée sur les mêmes courses que des filles comme Emma. Il faut savoir être honnête avec soi-même et avec les autres, même si ça ne doit pas m’empêcher d’avoir l’envie de gagner des courses, y compris à l’international.

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