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Amstel Gold Race : Bob Jungels a « un coup à jouer »

Depuis son succès d'étape en février sur le Tour d'Oman, Bob Jungels a perdu deux kilos dans la perspective du Giro. (Photo archives AFP)

Bon Jungels, de retour de stage en altitude en Sierra Nevada, fait le point avant de prendre le départ de l’Amstel Gold Race, où il pourrait, dimanche, chercher à trouver l’ouverture ou simplement jouer la carte du collectif.

Il revient tout juste de Sierra Nevada, après son premier stage en altitude effectué en compagnie de son coéquipier espagnol David de la Cruz. En tout, il aura passé près de trois semaines en altitude. Il espère en retirer les bienfaits pour le mois de mai, sur le Giro, son objectif central cette saison. En dépit d’un manque de compétition évident dans la mesure où il n’a plus couru depuis la fin de Tirreno-Adriatico, il pourrait tirer son épingle du jeu dès dimanche, sur l’Amstel Gold Race.

Racontez-nous ce stage en altitude sur les montagnes austères de la Sierra Nevada…

Bob Jungels : C’était une première pour moi. C’est la première fois que je passais près de trois semaines en altitude. C’est forcément spécial comme entraînement. Car on part rouler dans la vallée avant de remonter dormir au sommet. Cela fait beaucoup d’entraînement en montagne. Se retrouver tous les jours à plus de 3 000 mètres d’altitude c’est vraiment spécial. Je verrai si cela procure chez moi l’effet escompté et améliore ma récupération. Dans tous les cas, j’ai effectué un entraînement de qualité.

Pensez-vous que vous serez opérationnel dès dimanche, sur l’Amstel Gold Race ?

C’est la grande question, en effet. L’idée de ce stage en Sierra Nevada c’était d’abord de préparer le Giro. Depuis mon retour, voici quatre jours, au Luxembourg, je suis resté tranquille et ce que je ressens, c’est que je suis très bien. L’effet va-t-il durer jusqu’au Giro ? On verra bien. L’idée n’est pas de venir en forme trop tôt non plus. Personnellement, je pense que je ne devrais pas être top mal dimanche sur une course de six heures comme l’Amstel.

Vous n’avez plus couru depuis la fin de Tirreno-Adriatico, soit le 15 mars. Avez-vous simulé l’allure course à l’entraînement ?

Oui, tout à fait. À l’entraînement, un jour, je faisais une séance intensive et le lendemain, j’effectuais une longue sortie d’endurance. Le but, c’était aussi de travailler en intensité. J’avais bien récupéré de Tirreno-Adriatico. Après la course, j’avais breaké cinq jours. Mentalement, j’en avais besoin.

La fin de course crispante et indécise vous avait éprouvé ?

Oui, ce n’était pas facile j’en conviens. Là-bas, nous avions remporté deux étapes (NDLR : la 2e étape avec Zdenek Stybar puis la suivante avec Fernando Gaviria) et nous étions placés pour le classement général. Il y eut l’annulation de la 5e étape, la grande étape de montagne (NDLR : pour cause de neige annoncée). Finalement, dans la dernière étape, qui aurait dû me convenir, le contre-la-montre, je n’ai pas eu ma meilleure journée.

Évoquons l’Amstel. Etixx-Quick Step, votre équipe, sera ambitieuse, non ?

C’est vrai, notre équipe est belle. On aura Tony Martin qui vient donc des Flandriennes, avec Julian Alaphilippe qui va voir où il en est. Il souffrait d’une mononucléose mais je pense qu’il ira mieux. L’an passé, il n’était pas au mieux avant d’éclater sur l’Amstel avec sa septième place puis d’enchaîner sur la Flèche et sur Liège (NDLR : deux fois deuxième derrière Alejandro Valverde). Nous aurons également Gianni Meersman (NDLR : un sprinteur-puncheur) et Petr Vakoc qui était super fort en début de saison (NDLR : le jeune Tchèque a terminé cinquième des Strade Bianche avant de remporter coup sur coup la Classic Sud-Ardèche puis la Drôme Classic). Et moi, je pense que je serai en mesure de jouer ma carte suivant le déroulement de la course.

En attaquant et en espérant résister au retour des puncheurs ?

Oui, c’est ça. On a vu que, cette année, sur toutes les classiques flandriennes, des coureurs qui se trouvaient en échappée ont résisté sur le final. Cela donne des idées. Je pense qu’il y a moyen d’anticiper, surtout dans l’Amstel où la ligne d’arrivée est reculée par rapport au sommet du Cauberg depuis plusieurs années. Et il y a souvent un coup qui va assez loin. Je me souviens ainsi de Romain Bardet qui avait attaqué de loin et restait dans le final (NDLR : en 2012, après avoir figuré dans l’échappée matinale, le Français avait insisté avant de rentrer dans le rang). Je ne sais ce qui pourrait se passer si une échappée d’une vingtaine de coureurs se développait dimanche.

Mais le peloton ne vous laisserait sans doute pas prendre le large. Vous n’êtes plus un inconnu…

Mon statut a évolué et je sens bien que je ne peux pas rester inaperçu dans le peloton. Maintenant, je ne suis pas aussi surveillé qu’un grand coureur non plus. Il me reste à méditer le succès de Kreuziger en 2013. Et l’an passé, Jakob Fuglsang n’était pas loin de l’emporter avant qu’on revienne et que Michal Kwiatkowski ne s’impose au sprint.

Pour vous, la question ne se posera pas sur la Flèche wallone…

Oui, Dan Martin qui ne sera pas au départ de l’Amstel sera notre leader. Et même avec la nouvelle côte de Cherave comme l’an passé, ça finit toujours par une explication des meilleurs grimpeurs dans le Mur de Huy. Si je peux, personnellement, je me verrais bien aller dans un coup à partir de la deuxième ascension du Mur de Huy (NDLR : trois ascensions dont l’arrivée sont au programme). Mais normalement, cela me convient moins qu’une classique de 250 kilomètres. Et puis regardez Tim Wellens l’an passé. Il s’est présenté au pied de la dernière ascension avec une petite avance (NDLR : le jeune de l’équipe Lotto Soudal avait en effet creusé un petit écart avant de s’effondrer dans le Mur de Huy). Mais ça n’a pas suffi.

Puisque vous faites l’impasse sur Liège-Bastogne-Liège, quelles seront vos ambitions sur le Tour de Romandie ?

Je n’en aurai clairement pas pour le classement général. Je prendrai le départ de cette épreuve en vue du Giro. Et, je viserai si possible une étape et le chrono.

Alors, finissons avec le Giro…

Il faut regarder, je ne veux pas stresser. Il y a toujours ce dilemme. Si on se concentre sur le général, on ne peut viser pas des étapes, alors je verrai bien une fois qu’on sera en course. Déjà, il y a trois chronos dans le Giro. Le prologue de près de dix kilomètres aux Pays-bas. Puis le contre-la montre de près de 40 kilomètres que je suis allé reconnaître. C’est un long chrono, vraiment dur. J’aime bien.

Et puis, il restera encore le contre-la-montre en montagne avec des pourcentages de 7 à 8%, qui, généralement, me conviennent bien. Tout ça se passe en deuxième partie de course, là où, généralement, je me sens mieux si j’en retiens mes expériences de la Vuelta, voici deux ans, et du Tour de France de l’an passé. Encore me faudra-t-il ne pas rater la première semaine (il rit). Mais tout cela restera expérimental. Ce sera mon troisième grand tour, j’en saurais alors davantage sur mes capacités dans ce domaine. Pour mieux grimper, j’ai perdu du poids, je pèse aujourd’hui 70 kilos, soit deux kilos de moins qu’habituellement. On verra bien, d’ici là, il y a d’abord ces classiques à disputer où il peut y avoir un coup à jouer.

Entretien avec Denis Bastien

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