Adrien Legros : « L'essentiel sera de gagner »

Crédit photo Audrey Duval

Crédit photo Audrey Duval

Après une bonne année 2015 (15 Tops 10 dont deux victoires), Adrien Legros a connu un début de saison plus compliqué en 2016. Le pensionnaire de Sojasun espoir-ACNC, qui a d'abord dû digérer la déception de ne pas passer pro, a ensuite accumulé les pépins pendant sa préparation. En retrait sur Manche-Atlantique et le Souvenir Louison Bobet où il espérait bien figurer, l'ancien coureur du Chambéry CF a retrouvé des couleurs sur les Boucles Guégonnaises, dimanche dernier, en se classant troisième. Un bon bol d'air pour le Francilien (qui vit désormais dans le Morbihan) "même [s'il visait] la victoire" comme il l'explique à DirectVelo.

DirectVelo : As-tu retrouvé tes jambes avec ce podium à Guégon ?
Adrien Legros : J'avais beaucoup parlé avec Mathieu Le Lavandier (son coéquipier) la semaine précédente et je lui ai dit que je me sentais capable de faire quelque chose sur les prochaines courses. J'allais vraiment au GP Gilbert Bousquet et aux Boucles Guégonnaises pour gagner, deux épreuves dont le profil me convenait pas mal. Malheureusement au Bousquet j'ai souffert des conditions météo difficiles. Elles étaient les mêmes pour tout le monde mais elles m'ont particulièrement affecté. Il faisait froid et avec le vent c'était très dangereux. J'ai donc voulu privilégier la sécurité avant tout en me disant que ce n'était pas le moment de se mettre en l'air après seulement deux mois de course. Bref, je suis complètement passé au travers. A Guégon j'ai plus ou moins réussi mon coup donc tant mieux.

Que t'a-t-il manqué pour lever les bras?
Je ne suis pas passé loin mais j'ai très mal couru. J'ai pris le départ un peu à reculons et je me suis "motivé" trop tard. Lorsque l'échappée est sorti après 30 kilomètres, j'étais en dernière position dans le peloton. Je me suis ensuite mis en route mais il m'a fallu 90 bornes pour revenir sur le premier groupe. Alors que je n'avais plus que cinq secondes à boucher, Axel Journiaux (Vendée U) a attaqué et je n'ai rien pu faire. J'ai appris après la course que son directeur sportif lui avait donné la consigne d'accélérer si jamais je rentrais. Je n'étais pas dans un grand jour au sprint et j'ai été battu par meilleur que moi. J'ai bien essayé à plusieurs reprises de décrocher les deux Vendéens (Marlon Gaillard et Charles Herbert) mais je n'y suis pas parvenu. Après, faire deuxième ou troisième c'est du pareil au même, seule la victoire compte. Je suis malgré tout content d'être sur le podium, physiquement j'ai été capable et ça fait du bien au moral.

« MON STAGE S'EST RESUME A MANGER DES HARICOTS ET DU POULET »

Tu as semblé un peu en retrait les semaines précédentes. Comment as-tu vécu ton début de saison ?
Ça a été très compliqué. Je suis d'abord parti à la Réunion comme tous les ans et en rentrant j'ai directement enchaîné avec le stage en Espagne. J'ai alors été cloué quatre jours au lit sans pouvoir bouger à cause d'une inflammation au coude, il n'y avait rien d'autre à faire que de me reposer. Mon stage s'est finalement résumé à manger des haricots et du poulet... J'ai ensuite repris l'entraînement avec une sortie foncière lors de laquelle il y a eu une chute collective... Et forcément j'étais dedans. J'ai vraiment pris un coup au moral à ce moment-là.

Tu as donc repris la compétition en manque de forme...
C'est vrai que sur les premières courses ça a été difficile parce que j'avais loupé une semaine charnière dans la finition de ma préparation. Les Plages Vendéennes sont très intéressantes mais ce n'est pas du tout le genre d'épreuve que j'affectionne. Ensuite je me suis fait taper dessus à Aix, puis encore après et ainsi de suite... Malgré tout je ne me suis pas inquiété plus que ça jusqu'à la semaine dernière parce que je savais où j'en étais. J'en ai d'ailleurs beaucoup parlé avec mon entraîneur. On savait que c'était normal que le tout début de saison soit compliqué comme j'ai pris deux à trois semaines de retard. J'aurais aimé m'illustrer à Manche-Altlantique et au Bobet mais j'étais trop juste physiquement. Quoiqu'il en soit ce n'est pas grave, la saison est très longue et il y aura d'autres week-ends.

« J'AI CHANGE DE PHILOSOPHIE »

Justement, tu t'es fixé des objectifs cette année ?
L'essentiel sera de gagner. J'aborde cette saison différemment de l'an passé car je me suis rendu compte que faire "mille" Top 20 ne sert à rien. J'envisage de marcher toute l'année plutôt que de me focaliser sur des courses en particulier. En 2015 j'avais ciblé certaines épreuves, mais à chaque fois j'étais passé à côté en terme de résultat. J'ai peut-être souvent terminé dans les 20 premiers mais je n'ai vraiment marché que trois fois. J'aime mieux avoir des pics de forme moins importants et me sentir bien tout au long de la saison. C'est compliqué de s'imposer quand on l'annonce avant. Valentin Madouas ou Franck Bonnamour, l'année dernière, sont capables de réaliser un numéro et de l'emporter après, mais moi je n'arrive pas à le faire. Je préfère donc changer de stratégie, éviter de dire que je veux gagner telle ou telle course et parler de forme.

N'as-tu tout de même pas coché quelques courses ?
La Coupe de France reste importante bien-sûr, mais sur la Boucle de l'Artois le week-end prochain ce sera compliqué d'espérer tirer mon épingle du jeu. Si ça n'arrive pas au sprint massif samedi, il sera peut-être possible de faire quelque chose mais ça va dépendre de l'état d'esprit du peloton. Peut-être que les gros rouleurs vont un peu se réserver pour le lendemain et que ça permettra à une échappée de sortir mais c'est difficile à prévoir, la Coupe de France reste très aléatoire. Sinon j'aimerais bien être en forme sur le Tour de Bretagne car c'est une épreuve que j'avais apprécié l'an dernier et le profil me convient bien. Il y aura aussi le Championnat de Bretagne et comme tout le monde le Championnat de France.

« DEVENIR ENTRAINEUR OU DIRECTEUR SPORTIF SI JE NE PASSE PAS PRO »

Puisqu'on parle d'ambitions, gardes-tu celle de passer pro ?
Oui même si je suis bien conscient d'en être très loin pour l'instant parce que je ne suis pas prêt physiquement. Je sais ce dont je suis capable, maintenant il ne me reste plus qu'à travailler d'arrache-pied. C'est aussi pour ça que je change de stratégie : ça ne sert à rien de se montrer fort, de faire des numéros, si on ne va pas chercher un résultat à la fin. Je pense que c'est ma dernière année ou presque où je suis susceptible de passer à l'échelon supérieur, même si je suis encore assez jeune. Mais j'essaie de ne pas m'arrêter sur tout ça et de progresser car j'ai encore à apprendre.

Tu nous avais pourtant dit il y a trois ans que tu arrêterais au sortir des Espoirs si tu n'étais pas parvenu à tes fins...
C'est vrai que j'ai dit ça lors de ma première année (rires). Mais tous les ans on se remet en question ! Je ne me vois pas passer autant de temps dans le peloton amateur que certains ont pu le faire mais j'ai envie d'avoir tout exploré avant de couper. Je viens d'une famille qui ne connaît pas le vélo, j'ai débuté chez les Cadets, quand j'étais en Juniors je faisais roulait simplement après les cours... A Chambéry j'étais dans un cocon, dans le monde des Bisounours comme dit Loïc Varnet. C'était comme être dans un nid douillet et avoir des œillères où tu ne vois pas ce qu'il y a à côté. Et comme c'est la réserve d'une équipe professionnelle, tu ne te poses pas forcément de question sur la suite. Le vélo a beaucoup changé depuis mon passage chez les Cadets et je suis sûr que le monde professionnel est complètement différent de celui des amateurs. J'aurais aimé être stagiaire pro l'an dernier et côtoyer ce milieu là pour savoir si ça me plaît, parce que mise à part une participation à la Polynormande avec l'Equipe de France et quelques classes 2, mon expérience est très limitée dans ce domaine. Je pense en tout cas que ça me conviendrait d'avantage que ce que je connais déjà. Après, ceux qui ont signé un contrat le méritaient, il n'y a pas de doute là-dessus. Il faut juste savoir se remettre en question et travailler. 

As-tu déjà pensé à ce que tu feras si ça ne se concrétise pas ?
J'ai encore des choses des chose à apprendre mais j'en ai aussi à enseigner aux plus jeunes. J'attaque quand même ma cinquième année en DN1, même si je ne suis pas le seul. Ça me motive d'aider à progresser ceux qui demandent. J'ai donc dans l'idée de passer mon BE pour m'occuper d'une équipe Juniors en devenant soit entraîneur, soit directeur sportif.

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