Kévin Sireau : « Un maillot à aller chercher »

Aux Championnats du Monde sur piste de Londres, Kévin Sireau ne participera qu'à la vitesse par équipes. Celui qui fut vice-Champion du monde de vitesse en 2008 est désormais loin de son meilleur niveau en individuelle. La faute à un "blocage psychologique", comme l'explique le natif de Châteauroux à DirectVelo. Si le coureur de 28 ans compte travailler sur lui pour retrouver ses sensations, il donnera le maximum pour permettre au relais français de conserver son titre.

DirectVelo : As-tu suivi la même préparation que les années passées ?
Kévin Sireau : Nous avons adopté une préparation différente où la forme sera optimale aux Jeux Olympiques. Cela explique les impasses sur les Coupe du Monde où nous n'avons pas trop eu de résultats. Malgré tout, ce programme me convient et je fais confiance aux entraîneurs quant à son efficacité. Je me sens prêt et je vais aborder les Championnats du Monde dans un bon état de forme.

Tu es un ancien recordman du monde du 200 mètres lancé. Es-tu déçu de ne pas retrouver ton niveau de l'époque en vitesse individuelle ?
Physiquement j'ai toujours le niveau. Si mes performances sont moins bonnes c'est plutôt à cause d'une barrière psychologique. Par équipes je me sens bien et j'en suis content. En individuelle, il me manque un petit déclic pour avoir un peu plus "la rage". Quand je suis en affrontement direct j'ai un petit blocage qui m'empêche de passer les premières manches. Je ne suis pas pleinement satisfait car j'aurais aimé être sélectionné pour une épreuve individuelle, même si je suis déjà content de pouvoir disputer la vitesse par équipes. On va dire que je m'en contente (sourires).

A ton avis, quelle est l'origine de ce blocage ?
Il est là depuis longtemps. A mes débuts je courais un peu au feeling. Comme j'étais plus jeune, ça marchait bien et je ne me posais pas trop de questions. Et puis plus le temps a passé et plus je me suis mis à tergiverser. Il faudrait que je retrouve cet état d'esprit pour pouvoir être plus serein. Je dois faire un travail sur moi-même et peut-être qu'il serait intéressant de bénéficier des conseils d'un préparateur psychologique. On verra ça après les Jeux.

« UN PIC DE FORME AUX JEUX »

Avais-tu l'assurance d'être sélectionné pour Londres ?
Non pas du tout. On n'est jamais certain à l'avance d'être retenu pour des Championnats du Monde. Ça permet d'ailleurs de se battre à l'entraînement et de donner le meilleur de soi-même tous les jours. J'ai réalisé de bonnes performances aux derniers Mondiaux. J'ai essayé de nouvelles stratégie en vitesse par équipes tout au long de la saison. On n'a pas forcément tous prouvé qu'on était les meilleurs mais l'avantage que j'ai par rapport à certains, c'est mon expérience. Après, je ne sais pas sur quels critères se sont basés les entraîneurs pour faire leur sélection.

Quels-sont vos adversaires les plus dangereux ?
Classiquement, ce sont les Anglais. On les retrouve souvent sur les finales et ils seront chez eux. Les Néo-Zélandais qui étaient Champions du Monde en 2014, auront sûrement la rage pour reconquérir le titre. On peut aussi compter sur les Allemands (Champions du Monde en 2013). Normalement on retrouvera ces trois nations sur les finales, avec la France.

Penses-tu que certaines nations puissent se permettre de ne pas être à 100% afin de se réserver pour les JO ?
Je ne sais pas comment fonctionnent les autres. Une chose est sûre, c'est que la France sera à 100% de ses capacités du moment. On ne fait pas d'impasse sur les Championnats du Monde. Nous avons prévu d'avoir un pic de forme au moment des Jeux, mais nous donnerons le meilleur de nous-mêmes. J'imagine le même cas de figure chez nos adversaires. C'est un rendez-vous important, il y a un maillot à aller chercher donc personne ne va cracher dessus (rires).

« TOUT FAIRE POUR CONSERVER NOTRE TITRE »

Penses-tu jouer ta sélection pour Rio sur ces Mondiaux ?
Une partie, c'est certain. Comme tous les athlètes d'ailleurs. Ce ne sera sans-doute pas le seul point que les entraîneurs vont prendre en compte mais cela va grandement jouer. Cela ne génère pas de pression supplémentaire parce qu'on est toujours concentré sur le moment présent. Je veux vraiment que l'on garde ce titre en vitesse par équipes donc je ferai tout pour l'avoir.

Quel temps consacres-tu à l'Armée de Terre avec laquelle tu as un contrat ?
Je suis détaché en tant que sportif de haut niveau et je fais partie du quota de l'équipe pro. J'ai la chance de ne pas être beaucoup sollicité par l'Armée ce qui fait que ça me prend très peu de temps. J'ai simplement quelques rendez-vous dans l'année où nous nous retrouvons. C'est eux qui me permettent de vivre de mon sport donc je leur dois au minimum de passer un peu de temps avec eux, mais je consacre plus de 95% de mon temps sur l'entraînement.

Ça peut être une piste à exploiter lorsque tu raccrocheras le vélo ?
Je ne sais pas encore quand j'arrêterai (rires). Mais effectivement ça peut être une possibilité de reconversion, même si je suis en train de me former pour devenir entraîneur après les Jeux. Et puis l'Armée propose tous les corps de métiers que l'on peut retrouver dans le civil donc pourquoi pas rester dans l'Armée pour me tourner vers une formation sportive.  

Crédit photo : Gautier Duet - DirectVelo.com
 

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