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Pat McQuaid: «L'UCI me déçoit beaucoup»

Pat McQuaid, l'ancien président de l'UCI. (Papon) (L'Equipe)
Pat McQuaid, l'ancien président de l'UCI. (Papon) (L'Equipe)

L'ancien président de l'Union cycliste internationale (2005-2013) Pat McQuaid continue de suivre attentivement l'actualité de son sport géré par son successeur, Brian Cookson, qu'il n'épargne pas. Le sexagénaire irlandais était le week-end dernier sur les routes du Haut-Var pour le plaisir.

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Un moteur ? «Je ne pense pas que Cancellera ait pu faire une connerie comme celle-là»

«Que faites-vous aujourd’hui ?
Je suis en semi-retraite. Je cherche une maison dans le Var pour m’y installer six, sept mois de l’année. Ici, il y a plus de soleil qu’en Irlande ! Je suis toujours content de voir des courses, j’aime le cyclisme, c’est ma vie. Et celle de ma famille : l’un de mes fils est manager de l’équipe Baku, en Azerbaïdjan, l’autre est agent de coureurs.

Semi-retraité, cela signifie que vous conservez une activité…
Actuellement, j’écris un livre qui, je l’espère, sortira à la fin de l’année. J’ai beaucoup de choses à dire, j’espère que ce sera intéressant pour les gens. Je parlerai de ma vie dans le cyclisme – je suis né cycliste –, principalement de ma période à l’UCI (où il a été élu pour la première fois en 1998).

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris qu’un moteur avait été découvert dans un vélo lors des derniers Championnats du monde de cyclo-cross ?
J’étais déçu. Ce n’est pas la jeune femme (la Belge Femke Van den Driessche, en catégorie Espoirs) qui est la principale responsable. C’est son entourage. Quand on court pour l’équipe nationale, le manager de la fédération doit tout contrôler. Lorsque Davide Cassani a fait la démonstration que cela existait, en 2010, on a aussitôt réagi. On a fait venir à l’UCI l’inventeur (le Hongrois Istvan Varjas) de ce système, on a constaté la difficulté de dissimuler une batterie dans le vélo. Mais on a quand même fait des contrôles, à l’aide d’un scanner, dès le contre-la-montre du Tour de France 2010 dans le Bordelais (19e étape).

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«Il reste des équipes qui fonctionnent toujours de manière un peu spéciale»

Cette année-là, n’aviez-vous pas été troublé par la démonstration de Fabian Cancellera au Tour des Flandres et à Paris-Roubaix ?
Je n’ai pas d’avis.

Vraiment ?
Puisque vous me poussez, je vais vous dire : Cancellara est un coureur qui a toujours été correct. J’ai beaucoup de respect pour lui. Je ne pense pas qu’il ait pu faire une connerie comme celle-là.

Que pensez-vous de la nouvelle équipe de l’UCI ?
Elle me déçoit beaucoup. Presque la moitié de mon staff est partie d’elle-même et l’autre moitié a été virée. L’UCI s’est privée d’une somme d’expérience et d’expertise alors que le cyclisme est un sport très difficile à diriger ! Je n’ai pas beaucoup confiance en cette UCI là. Elle prend des décisions que je ne comprends pas.

Par exemple ?
Les freins à disques, c’est complètement ridicule ! Plutôt que d’aller au bout des tests, l’UCI a laissé aux équipes le choix de garder le système de freins classique ou d’utiliser des freins à disques. Ce n’est pas responsable ! Maintenant, il y a deux sortes de freinage dans le peloton (les freins à disques sont plus puissants que ceux à patins, mais vulnérables au choc et pourraient en cas de chute provoquer des blessures). Et puis cela pose un problème de compatibilité car la voiture de dépannage neutre ne peut intervenir pour les freins à disques.

Votre successeur Brian Cookson a-t-il avancé, selon vous, en matière de lutte contre le dopage ?
Pas beaucoup. Le passeport biologique, c’est moi. La culture du cyclisme a beaucoup changé ces dernières années et nous avons laissé un bon système. Même s’il reste des équipes qui fonctionnent toujours de manière un peu spéciale (sic).

Lesquelles ?
Je garde ça pour moi.»

publié le 23 février 2016 à 13h47
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