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Objectif JO - Ferrand-Prevot rêve de «doublé» à Rio

Pauline Ferrand-Prevot, tout sourire pour attaquer 2016 Panoramic

Après avoir conquis deux titres mondiaux supplémentaires en 2015 pour réaliser un triplé inédit, la Française attend désormais avec impatience les Jeux olympiques en 2016.

MAKING-OF. Même si elle se déplaçait avec une béquille pour soulager son genou blessé – une fracture du plateau tibial synonyme de saison de cyclo-cross envolée – Pauline Ferrand-Prevot n’en arborait pas moins un superbe sourire lors des Etoiles du Sport organisées à La Plagne. Il faut dire que la nouvelle reine du cyclisme français peut s’estimer fière d’une année 2015 lors de laquelle elle aura ajouté deux titres mondiaux, en cyclo-cross et en cross-country, à celui glané en 2014 sur route. Un triplé jamais réalisé auparavant, qui lui permet d’aborder 2016 avec un appétit… olympique. Rencontre avec une jeune femme de 23 ans qui sait ce qu’elle veut.

Pauline, comment allez-vous après votre blessure au genou ? Pauline Ferrand-Prevot : Cela va beaucoup mieux. Cela fait trois semaines qu’elle est survenue et au début, j’ai eu du mal à avaler la pilule en me disant que je devais faire une croix sur ma saison de cyclo-cross, ce qui revenait à abandonner mon titre de championne du monde sans pouvoir combattre. Cela a été dur dans un premier temps mais aujourd’hui, je suis plus tournée vers l’avenir et l’optimisme est revenu (sourire).

Justement, quand vous vous tournez vers l’avenir, vous ne vous dites pas que ce repos forcé peut être un mal pour un bien à huit mois des Jeux olympiques à Rio… Oui, c’est possible. J’ai mis du temps à me dire cela mais je pense que rien n’arrive jamais par hasard. Ce qui signifie que s’il y a eu blessure, c’est qu’avant il y avait de la fatigue et que mon corps était fragilisé. Donc en ce sens, oui, cette blessure peut constituer un mal pour un bien.

Ce qui est bien pour Rio, c’est que j’ai pu m’imprégner de cela et je sais désormais à quoi m’attendre.

Revenons sur cette fantastique année écoulée. Quel regard portez-vous sur ce doublé mondial en cyclo-cross et cross-country, deux titres qui sont venus s’ajouter à celui décroché sur route en 2014 ? Etiez-vous convaincue d’y arriver ? On ne peut jamais être sûr de réussir, d’où cette immense fierté d’y être parvenu. Je me dis que c’est assez incroyable d’avoir réussi quelque chose qui n’avait encore jamais été fait. C’est mon petit record du monde à moi et il restera gravé. Pour faire mieux que moi maintenant, il faudra aussi s’imposer sur la piste (rires).

Ferrand-Prevot 1

A aucun moment vous n’avez ressenti une pression particulière par rapport à ce «record» que vous évoquez… Non, on m’en parlait beaucoup mais je ne voulais pas l’entendre. Je refusais de me dire qu’il fallait absolument que j’y arrive. Je ne voulais pas me mettre cette pression supplémentaire liée au poids de l’histoire. La seule chose à laquelle je pensais avant les Mondiaux de VTT, c’était d’ajouter une ligne à mon palmarès, rien de plus. Et c’est seulement après ma victoire que j’ai pris conscience de ce que j’avais réalisé. Avant, je me suis vraiment efforcée de rester détachée.

Pensez-vous pouvoir garder le même détachement dans huit mois, lors des Jeux olympiques de Rio ? Oui, j’espère. Je ne suis pas vraiment quelqu’un qui stresse avant ses courses. La pression, je la ressens juste avant le départ.

Quels souvenirs vous reste-t-il de Londres 2012 ? J’étais très jeune, j’avais juste 20 ans et en fait, j’avais disputé ces Jeux sans me rendre compte véritablement de leur envergure et de ce qu’ils pouvaient représenter. Ce qui est bien pour Rio, c’est que j’ai pu m’imprégner de cela et je sais désormais à quoi m’attendre.

Ne craignez-vous pas que tenter le doublé olympique route-VTT s’avère trop difficile ? Lors des Jeux, vous n’aurez que quinze jours pour y parvenir et non quasiment une année… C’est vrai qu’avoir deux pics de forme en si peu de temps, c’est juste impossible. Peut-être qu’il faudra que je délaisse un peu plus une des deux disciplines pour davantage me concentrer sur l’autre. Je ne sais pas encore comment précisément les aborder, mais je suis convaincue que c’est réalisable. Je ne vais pas au casse-pipe en me disant : «Vas-y à fond sur les deux et après sauve qui peut !» Ce doublé, c’est ce que je veux et je vais me donner les moyens de le réaliser.

Si je peux encourager des jeunes filles à faire du vélo, ou n’importe qui d’autre, j’en serai ravie.

Lequel des deux titres aurait le plus de valeur à vos yeux ? Tout dépend des circonstances de course… Les deux seraient magnifiques et c’est quasiment impossible de choisir. Si je gagne la route, ce sera plus l’intelligence de course qui aura joué car c’est davantage tactique. Il ne faut pas suivre toutes les attaques sinon on s’épuise. J’aime bien ce côté poker où l’on bluffe un peu. Mais après, de là à dire que je préférerai remporter ce titre, je ne suis pas sûre d’aller jusque-là (sourire).

Ferrand-Prevot

L’an dernier, vous aviez été élue sportive de l’année par les internautes du Figaro. Etes-vous surprise de votre renommée qui dépasse, d’une certaine façon, celle de votre sport finalement ? Je pense que les gens aiment bien le côté inédit d’une performance sportive, donc ce triplé m’a clairement servi. Maintenant, oui, cela m’étonne d’être connue. Je ne saurais pas dire pourquoi, mais en tout cas, cela me plaît bien (sourire).

En devenant championne olympique, votre renommée grandirait encore. Cela vous fait-il peur ou au contraire, cela vous motive-t-il ? Je ne fais pas cela du tout pour cette raison mais si cela arrive, cela ne me fait pas du tout peur. Si je peux encourager des jeunes filles à faire du vélo, ou n’importe qui d’autre, j’en serai ravie. Ce serait la plus belle des récompenses.

Vous donnez l’impression d’être très naturelle dans tout ce que vous faites. Ne craignez-vous pas que cela se retourne contre vous un jour ? Non, je ne pense pas. Je suis très spontanée dans tout ce que je fais et je ne suis pas du genre à nourrir des regrets après. J’assume ce que je dis, comme lorsque je m’étais exprimée au sujet de Jeannie Longo il y a un an. J’avais simplement dit ce que je pensais. Ensuite, cela plaît ou cela ne plaît pas mais au moins, j’ai le sentiment d’avoir dit la vérité. Je n’ai pas envie de changer pour rentrer dans le moule où certains veulent me mettre.

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