Thomas, vous arrêtez votre carrière après cinq ans de professionnalisme. Est-ce une décision que vous avez prise ou était-ce une nécessité qui s’imposait à vous ?
Ce n’était pas une nécessité, non. Je pense que j’aurais eu l’opportunité de continuer. Cette décision d’arrêter ma carrière et de reprendre mes études, je l’ai prise au mois de juin. Les chutes et les blessures que j’ai connues ont fait que j’ai perdu en motivation. J’ai donc fait le bilan. Cela faisait cinq ans que j’étais professionnel, cela faisait dix ans que je faisais du sport de haut niveau. J’avais envie de tourner la page, de passer à autre chose et de vivre de nouvelles expériences.

Comment expliquez-vous cette baisse de motivation ?
Je n’étais plus prêt à prendre des risques en course. Je n’étais plus prêt à m’investir à 100%, à faire beaucoup d’efforts pour arriver aux résultats que j’ai connus par le passé. Être professionnel, c’est une vraie vie de moine ! Je l’ai fait pendant des années parce que j’avais des objectifs qui me motivaient, je l’ai accepté. Quand on a moins d’objectifs, quand on a moins la motivation, on ne fait plus ces efforts à 100 %. Or ce sport est tellement exigeant que ça ne vaut pas la peine de continuer si l’on n’est plus pleinement investi.

Pourtant en rejoignant Roubaix Lille Métropole l’hiver dernier, vous sembliez prêt à prendre un nouveau départ.
Je voulais redescendre d’un échelon pour avoir des objectifs personnels. Mais j’ai connu problème sur problème. Dans cette situation, on ne peut pas être performant. J’ai été indisponible pendant trois mois et c’est dans ces périodes d’inactivité que l’on se remet en question. On se demande si le jeu en vaut vraiment la chandelle.

Avec quels sentiments quittez-vous ce monde professionnel ?
Ce que j’ai vécu, c’était exceptionnel ! C’était mon rêve de gamin. Beaucoup de jeunes cyclistes veulent le vivre. J’ai exploité mon potentiel pendant cinq ans, je pense que j’étais un bon pro. Mais faire une carrière pendant dix ou quinze ans n’était pas forcément ce que je désirais. J’estime que j’ai donné le meilleur de moi même. Je pense maintenant que je peux réussir dans d’autres voies.

Rester sur une année blanche n’y change rien ?
Non, je ne suis pas déçu dans la mesure où c’est mon choix. Je n’ai pas de regrets. J’ai essayé de bien terminer la saison, même si dès septembre, j’avais repris mes études. Avec les chutes que j’ai connues, j’avais peur dans le peloton, peur dans les descentes. Ça devenait très compliqué. Je n’ai jamais envisagé de redescendre chez les amateurs. Même si financièrement, cette solution peut être intéressante, elle n’est viable qu’à très court terme.

Cela veut-il dire que vous avez laissé le vélo de côté ?
J’ai arrêté le sport de haut-niveau. Maintenant, je fais du sport plaisir. Je suis pas mal occupé, mais je fais du sport tous les jours. Pour le moment, je pratique des activités que je m’interdisais auparavant, comme de la course à pied ou du ski. De toute façon, ma formation m’amènera forcément à rester dans le secteur du sport.

Cette formation que vous suivez actuellement, sur quels domaines porte-t-elle ?
Je suis en licence commercialisation des produits et services sportifs à Chambéry. Je touche au monde du sport dans son ensemble, pas seulement le milieu du vélo. J’ai eu un DUT avant de passer professionnel. Le milieu du sport, c’est ma passion, c’est ce que j’aime, c’est là où j’ai acquis de l’expérience. Au niveau scolaire, je suis intéressé par le marketing, le commerce, la vente, le merchandising. Grâce à mon expérience chez Giant-Alpecin, je parle anglais. J’espère pouvoir profiter de toutes ces expériences. Actuellement, je fais tout pour réussir ma licence. Dans un second temps, j’aimerais faire un master.

Avez-vous été accompagné dans ce retour aux études ?
L’UNCP vient en aide aux coureurs qui préparent leur reconversion. On nous informe sur les possibilités qui s’ouvrent à nous. J’hésitais par exemple entre la licence que je suis à Chambéry et une école de commerce à Grenoble. En discutant, nous avons étudié chaque école, chaque formation. C’est là où je me suis rendu compte que la formation proposée à Chambéry correspondait davantage à mes attentes et à mes besoins. Je vais bientôt partir en stage en entreprise. J’ai plusieurs pistes. Je serai amené à partir, soit à Paris, soit ailleurs. Je serai fixé en janvier. Mais je reste très attaché à ma région. Je suis d’ailleurs rentré au Vélo Club Roannais en tant que conseiller sportif. J’ai des idées pour l’avenir pour développer le vélo dans ma région. J’y vois un gros potentiel.

Intégrer l’encadrement d’une équipe sportive pourrait donc vous intéresser ?
Seulement si c’est pour m’occuper des relations avec le sponsor. Pas si c’est pour m’occuper de l’entraînement. Ce n’est pas un domaine où j’ai envie d’exercer. Mais je dois bien avouer qu’à l’heure actuelle, je veux avant tout profiter des bons moments de la vie.

Propos recueillis le 1er décembre 2015.