Julien Duval : «Si le temps est bon c'est grâce aux quatre»

A 24 ans, Julien Duval est un vieux briscard de la piste. "J'ai commencé en cadets, ça fait huit ans" se souvient le nouveau coureur de l'Armée de Terre. Son armoire est déjà remplie de plusieurs maillots de Champion de France dont celui de la poursuite individuelle (2013) et de la poursuite par équipes Elites (2012). Il est aussi devenu Champion d'Europe de poursuite par équipes Juniors en 2008. C'était déjà avec Julien Morice qu'il retrouve dans la sélection du Championnat du Monde de Saint-Quentin-en-Yvelines.

DirectVelo : Qu'est-ce que tu aimes dans la poursuite par équipes?
Les effort au-delà de la puissance maximale aérobie, les relais, le travail d'équipe le travail en amont. S'il y a un bon temps, c'est grâce aux quatre coureurs.

En quoi consiste le travail en amont ?
Le physique peut se travailler tout seul. Mais la technique ne peut se faire qu'ensemble. Depuis son arrivée, Steven Henry essaie de faire plus de rassemblements. Le vélodrome de Saint Quentin facilite les choses aussi. C'est plus central que Bordeaux où on allait avant. La piste et le logement sont réservés à l'année.

« JE NE MONTE PAS AUSSI HAUT SUR ROUTE »

Qu'est-ce que tu n'aimes pas ?
Le dernier kilomètre ! C'est le kilomètre le plus dur. C'est un effort lactique. Si on interroge tous les poursuiteurs, ils disent tous pareil. Sur route, je ne monte pas aussi haut en intensité ou en travail cardiaque.

Quel est la technique d'un bon relais ?
Il faut d'abord s'adapter à la piste, apprivoiser le dessin, le rayon du virage qui n'est pas toujours constant.
Au moment de s'écarter pour passer le relais, il faut bien jauger son niveau de puissance quand on monte dans le virage. Pour bien tomber dans les roues, il ne faut pas trop diminuer sa puissance, sinon il faut faire un effort dans la ligne droite pour reprendre les roues. La technique permet de bien retomber dans les roues.

« LE RELAIS NE DOIT PAS RALENTIR L'EQUIPE »

Quelle est la longueur d'un relais ?
Au début de la poursuite, on fait des relais d'un tour ensuite, à partir des deux kilomètres on s'adapte au niveau physique. Les relais ne doivent surtout pas ralentir l'équipe, surtout avec les gros braquets d'aujourd'hui, c'est difficile de relancer. Si on est bien, on peut prendre des relais d'un tour et demi ou deux tours.

Comment juges-tu l'état de la poursuite par équipes en France ?
Elle est en reconstruction. Il y a deux ans et même moins, il n'y avait plus de poursuite par équipes. Avec le travail de Steven Henry et des coureurs motivés, on est sur la bonne voie.

« IL FAUT L'ACCORD DES GROUPES SPORTIFS »

De quels pays peut-on s'inspirer ?
De la Grande-Bretagne et de l'Australie. Mais la poursuite n'est pas dans la culture française. Il faut d'abord convaincre les groupes sportifs français. La moindre préparation c'est 15 jours où le coureur ne sera pas au service de son équipe. Il faut trouver un accord avec les groupes sportifs pourqu'ils libèrent les coureurs.
En France on voudrait que tout marche gratis. Depuis deux ans ça s'améliore. La FFC a trouvé un accord avec les équipes pros, mais il va falloir du temps.

Tu as été Champion d'Europe de poursuite par équipe devant la Grande-Bretagne. Pourquoi la balance s'inverse-t-elle chez les Elites ?
Il y a un manque de travail chez nous. Les Anglais sont très forts là-dessus. Ils sont toute l'année ensemble. Ils sont sur la piste trois ou quatre fois par semaine. Moi, je fais de la piste une fois par mois seulement.

« SI TU VEUX PASSER PRO IL FAUT ARRÊTER LA PISTE »

La piste est-elle un handicap pour la route ?
En France un pistard ne peut pas vivre de la piste. En France, si tu veux passer chez les pros, il faut arrêter la piste. Mais quand je suis revenu sur la piste , j'ai senti que la route permet de mettre plus gros et de tirer ce braquet.

Es-tu déjà revenu d'une Coupe du Monde, le moral dans les socquettes ?
Cela m'est arrivé, oui. Dans les années en sortant des Juniors. Tu sors de stage, t'as l'impression d'avoir bien travaillé et tu fais 13e en Coupe du Monde. Sur le coup, tu es humble, tu te dis que c'est normal. Mais au fil des compétitions, ça ne s'améliore pas. Tu arrives à te poser des questions.

Quel est l'objectif de l'équipe au Championnat du Monde ?
Un temps de 4'05", 4'04" serait correct. Rentrer dans les huit meilleurs temps serait une belle chose mais il y a de la concurrence. Le but est de progresser au niveau du temps.

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Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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