Interview - Thomas Damuseau : «J'ai pensé à arrêter...»

Par Alexis ROSE le 15/01/2015 à 20:22

Interview - Thomas Damuseau : «J'ai pensé à arrêter...»
Photos : JMarc Hecquet‎ - RLM - Sirotti

 

Cela faisait quatre ans que Thomas Damuseau reprenait la nouvelle saison avec un maillot néerlandais sur le dos. En effet, depuis 2011, le Français était un coureur intégré à l'équipe d'Iwan Spekenbrink. Il l'a vue grandir et évoluer successivement en Skil-Shimano, Argos-Shimano et Giant-Shimano. Mais, cet hiver, le natif de Grenoble a décidé, un peu contraint et forcé, puisqu'il n'a pas été conservé par son ancienne équipe, de reposer ses valises en France, au sein de l'équipe Roubaix Lille Métropole. À 25 ans, Damuseau avait même "pensé à arrêter" sa carrière après cette belle aventure aux Pays-Bas. Mais le nouveau projet de l'équipe continentale, qui souhaite monter d'un étage dès 2016, a motivé Thomas Damuseau, qui se lance donc dans une deuxième carrière à un niveau plus bas. À l'aube de ce nouveau virage dans sa carrière, Cyclism'Actu est allé prendre des nouvelles de Thomas Damuseau. "Motivé, ambitieux et excité", il est revenu en détails sur sa saison 2014, sur sa triste fin au sein de l'équipe Giant-Shimano, sur son nouveau départ et sur ses ambitions pour la suite. Entretien !

 

Thomas, quels sont vos sentiments avant de débuter réellement, avec les courses, votre nouvelle aventure avec l'équipe Roubaix Lille-Métropole ?

À 15 jours de ma première course, j'ai plusieurs sentiments en moi. Je dirais que je suis motivé, ambitieux et excité. Beaucoup de choses ont changé !

 

"Je suis parti de moi-même, car ils étaient injoignables..."

 

imageAvant d'entrer dans le vif du sujet, revenons d'abord sur votre année 2014. Quel bilan général tirez-vous de votre dernière saison chez Giant-Shimano ?

Je retiens avant tout le positif, car je ne veux pas ressasser les problèmes passés... Mon bilan est mitigé. J'attendais plus en 2014, car la saison 2013 avait été bonne. Mais, pendant cette saison 2015, j'ai eu à suivre un traitement postural qui m'a fatigué. C'était un problème que j'avais depuis mon adolescence et qui n’était pas évident, mais tout est rentré dans l’ordre désormais. J'ai encore acquis de l’expérience, découvert de nouvelles courses. J'aurais voulu courir plus en participant à un Grand Tour, mais ça n'a pas été le choix de l’équipe. En 2014, j'ai fait 57 jours de courses. Et aucun abandon. J'avais un travail d'équipier que j'ai accepté. Ce que je déplore, c'est que l’équipe ne m'a jamais rien reproché... Ils ne m'ont jamais dit non plus s'ils voulaient me conserver. Je suis parti de moi-même, car ils étaient injoignables... Donc, je me suis rendu à l'évidence qu'il fallait aller voir ailleurs !

 

Malgré tout cela, quels ont été les points satisfaisants de votre saison 2014 ? Le Tour of California et la Vuelta a Burgos ont été vos 2 moments forts ?

Exactement. Ces courses m'ont bien réussi ! J'aime la chaleur. Je pense que j'aurais pu faire un top 10 au classement général en Californie, mais on m'a fait rouler en tant que coéquipier toute la première étape... Et puis le 2e jour, il y avait un chrono de 25 kilomètres et l’équipe n'avait pas amené mon vélo pour une question financière : 100 € en soute... Donc c'était mal embarqué dès le début ! 

 

Au contraire, quel a été le plus mauvais moment de votre saison 2014 ?

Le Tour du Pays Basque ! C'était une véritable galère... Je n'avais pas récupéré de la Catalogne et j'étais tombé 2 jours avant le départ, lors de la Volta Limburg. J'ai traîné ma misère dans le gruppetto... C'est une des courses les plus exigeantes du calendrier. Je regrette aussi d'avoir mal su gérer l'opportunité de briller au Dauphiné. Lorsque j'étais dans la bonne échappée, celle qui va au bout, je m'étais mis trop de pression et j'ai tout loupé !

 

"J'aurais préféré plus d'honnêteté, mais je ne suis pas le seul... "

 

image

Cet hiver, vous avez donc quitté l'équipe Giant-Shimano pour rejoindre Roubaix Lille Métropole. Avez-vous su réellement la raison de la non-prolongation de votre ancien contrat ?

Non, je ne l'ai jamais su. Il fallait dégraisser et j'étais en fin de contrat donc on m'a mis sur la touche... J'aurais préféré plus d'honnêteté, mais je ne suis pas le seul... Quand je vois Dries (Devenyns, ndlr) qui marchait fort ou encore notre DS Lionel Marie, qui était très bon...

 

Vous avez intégré la structure "Shimano" à la fin de la saison 2010. Par la suite, vous avez passé 4 ans au sein de cette équipe, que vous avez vu grandir. Au final, quels souvenirs gardez-vous de cette aventure à l'étranger ?

J'ai découvert une équipe étrangère, une langue, l'anglais, des cultures différentes. Il y avait un bon groupe de "Frenchies" avec Mathieu Sprick, Thomas Bonnin, Thierry (Hupond, ndlr), Yann (Huguet, ndlr), Alex (Geniez, ndlr), Warren (Barguil, ndlr), nos DS et nos soigneurs français. Nous étions soudés ! J’ai pu faire de grandes courses. J'ai pu travailler avec des leaders. J'ai aussi découvert une autre manière de s'entraîner.

 

"C'est avec le management que ça a été compliqué..."

 

On a l'impression que vous avez quitté l'équipe Giant-Shimano en de mauvais termes ?

Je suis en très bons termes avec tous les coureurs, tout le staff. L'ambiance dans l’équipe était super, et c’est ce qui faisait notre force. D’ailleurs, la direction de l’équipe devrait en avoir un peu plus conscience. C'est avec le management que ça a été compliqué... Tout simplement. Je n'ai plus jamais eu de contacts avec eux depuis juin... Sauf en novembre : ils m'ont appelé pour s'excuser de la manière dont ils m'avaient traité, mais le mal était fait. That’s it !

 

"Oui, il y a des problèmes..."

 

imageSelon vous, "il y avait trop de problèmes en interne". Vous pouvez en dire un peu plus à ce sujet ?

Oui, il y a des problèmes... Mais, je ne veux pas les exprimer en public. Il manquait tout simplement du professionnalisme à ce niveau-là... Ce n'est pas normal !

 

Avec un peu plus de recul. Vous pensez que commencer sa carrière à l'étranger, c'est un choix judicieux pour un jeune ?

C'est un choix qui se prend après une réflexion. Il y a la barrière de la langue : l'anglais est obligatoire. Une autre culture. Mais, il faut oser, il faut tenter et ne pas avoir peur. Moi, je ne regrette pas du tout. Je me suis enrichi de tous points de vue.

 

"La conjoncture est difficile aussi dans le milieu du cyclisme pro"

 

Vous avez donc choisi le projet de Roubaix Lille Métropole. Votre retour en France, c'était quelque chose qui vous tenait vraiment à coeur ?

J'avais émis le souhait de revenir en France. Mon agent, Michel Gros, a travaillé pour ça. Il y avait des pistes, mais il faut aussi être réaliste : la conjoncture est difficile dans le milieu du cyclisme pro et Roubaix a été, à un moment, la seule offre concrète !

 

a valait le coup de persévérer pour ne pas avoir de regrets plus tard"

 

imageAvant votre signature, vous avez même pensé à arrêter votre carrière...

Oui, j'ai pensé à arrêter... J'avais pris contact avec mon école de commerce, le CESNI, pour reprendre mes études en Licence. J'ai beaucoup réfléchi. Mes proches m'ont soutenu et conseillé. Soit je tirais un trait définitif, soit je continuais le vélo, mais à 100 %. Après réflexion, je me suis dit qu’à 25 ans ça valait le coup de persévérer pour ne pas avoir de regrets plus tard.

 

Comment se sont passés les premiers contacts avec votre nouvelle équipe ?

J'ai été agréablement surpris. La structure est bien plus petite, l'ambiance est familiale, mais c’est très pro ! L'organisation, la structure, le staff et les équipements... Je suis ravi. J'ai eu un stage de cohésion, qui m'a permis de rencontrer tout le monde en novembre, puis un premier stage en décembre où l'on a travaillé plus sérieusement. Actuellement, nous sommes à Calpe. Nous réalisons un stage de 15 jours, afin de préparer au mieux la saison à venir.

 

"Mon fil conducteur sera la Coupe de France"

 

imageQuels seront vos différents objectifs en 2015 ?

Mon fil conducteur sera la Coupe de France. Ensuite, je viserai les courses avec un profil accidenté. Comme le Criterium International, le Tour de l'Ain...

 

"Je serai présent sur tous les fronts de février"

 

Quel sera votre programme de courses ?

Je serai présent sur tous les fronts de février : GP La Marseillaise, Besseges, Tour Med, Tour du Haut-Var. Ensuite, je ferai un petit break avant de reprendre à Paris-Troyes, qui sera ma première classe 2 depuis bien longtemps !

 

Ce projet avec Roubaix comporte beaucoup de points positifs comme vous l'avez dit. Mais, il comporte aussi quelques inconvénients. Par exemple, vous ne pourrez plus prendre part aux grandes courses du Wolrd Tour. Vous considérez cela comme une "régression" ou plutôt comme une chance de pouvoir vous montrer en tant que leader sur des courses françaises ?

Non, je considère ça comme une nouvelle expérience. Je vais découvrir de nombreuses courses comme les manches de la Coupe de France. Je serai un peu déçu de voir le Dauphiné à Roanne, chez moi, sans pouvoir y participer, mais ça me motivera pour travailler encore et encore afin d'y être en 2016 !

 

"Je pense pouvoir beaucoup progresser"

 

imageÀ 25 ans, vous avez encore un potentiel de progression. Cette non-participation aux grandes courses du calendrier ne freinera-t-elle pas votre "ascension" ? 

Je pense pouvoir beaucoup progresser. Je travaille totalement différemment avec mon nouvel entraineur, qui est Vincent Terrier. Il me dirigeait déjà à Chambéry chez les amateurs. Nous pensons réaliser de belles choses. Je retrouve du plaisir à m'entraîner, à souffrir sur le vélo. C'est l’essentiel. C'est une notion importante dans un sport aussi exigeant. À la fin, chez Giant, je faisais du vélo, car c'était mon métier tout simplement. Mais, je ne m'épanouissais plus dans mon sport...

 

L'équipe Roubaix Lille Métropole a l'ambition de passer en Conti Pro dès 2016. C'est quelque chose de motivant et d'important pour vous cette envie d'aller plus haut ?

Oui, l'équipe à un beau projet. Le président travaille dessus. Et il y a déjà une augmentation des moyens et plus de professionnalisme cette année. Nous les coureurs, nous devrons être performants. Et le management fera son travail. Je pense que si l'équipe ne franchit pas le pas l'an prochain, avec la réforme UCI qui arrive, ce sera dur car les continentales vont "mourir" à petit feu... 

 

"À moyen terme, je souhaite revenir au moins en Conti Pro"

 

Est-ce que votre projet d'avenir peut s'inscrire durablement à Roubaix ? Ou souhaitez-vous rebondir dans une équipe du World Tour dès 2016 ? 

Pour le moment, je suis concentré sur ma saison. À moyen terme, je souhaite revenir au moins en Conti Pro. Si Roubaix se développe, je serai ravi de contribuer au projet !

 

Propos recueillis par Alexis ROSE.

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