Interview - César Bihel : «J'étais aux oubliettes»

Par Valentin GLO le 09/12/2014 à 19:09

Interview  - César Bihel : «J'étais aux oubliettes»
Photo : Sirotti

 

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Alors qu'il a passé ses trois premières années professionnelles du côté du Luxembourg, au Team Differdange, le Cherbourgeois César Bihel fait son retour en France en 2015 chez BigMat-Auber93. Il s'est confié à Cyclism'Actu à cette occasion.



César, comment s'est déroulé votre transfert chez BigMat-Auber93 ?

imageLe transfert s'est finalisé vendredi dernier. Les contacts remontent eux à la dernière semaine d'octobre. C'est comme un retour aux sources puisque j'ai déjà couru dans l'équipe réserve (ndlr, en 2008 et 2009). J'étais en alternance en BTS à l'époque avec un contrat avec une grande enseigne de distribution, ce qui m'a empêché de passer pro chez eux alors que cela aurait pu se faire. C'était deux magnifiques années et on est resté en très bons termes avec Stéphane Javalet (manager général de l'équipe).

 

Au mois de mars, lors du Tour de Normandie, vous étiez assez inquiet au sujet de votre avenir dans le cyclisme professionnel. Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ?

Il y avait effectivement une grande inquiétude de voir tout ça s'arrêter après tant d'années de sacrifices au Team Differdange. C'est une situation précaire de courir dans ce genre d'équipes étrangères où l'on touche seulement entre 500 et 600€ net par mois. C'était compliqué mais révolutionnaire. J'en ressors métamorphosé. Il y avait 12 nationalités différentes dans l'équipe, j'étais loin de ma famille même si je revenais en Normandie de temps en temps... Il fallait être solide. J'ai pris des branlées sur 200 bornes de plat aux Pays-Bas contre des colosses alors que j'étais chez les meilleurs en jeunes. On se met forcément à douter. Faut être débrouillard et très bien organisé car on disperse pas mal d'énergie. Les stages se font à nos frais. L'avantage quand on sort de là c'est que les autres directeurs sportifs voient que l'on sort du commun des mortels. Je ne suis pas un champion mais je me donne les moyens de ne pas avoir de regrets. Je suis donc ravi de signer chez BigMat-Auber93

 

Vous avez passé vos trois premières années professionnelles au Luxembourg, pouvez-vous vous (re)présenter au public français qui vous connait sûrement mal ?

J'ai un parcours "atypique" que je ne regrette pas. Je me considère comme un coureur complet avec une bonne récupération me permettant d'enchaîner les efforts, j'apprécie donc les courses par étapes et les courses dures, usantes, qui se font à la pédale. J'ai fait des résultats sur des épreuves comme le GP Pino Cerami ou sur une étape du Tour du Luxembourg de cette année où j'arrive pour la gagne avec des coureurs comme Leukemans ou Schleck. J'étais également dans les 15 premiers sur les longs cols du Tour du Roumanie où il y avait Rebellin. J'ai aussi une bonne pointe de vitesse. Malheureusement il me manquait le confort professionnel chez Differdange, ça devrait donc mieux fonctionner chez Auber.

 

C'était un choix de passer pro à l'étranger ?

imageCela a failli se faire avec Cofidis ou Bretagne à l'époque. Mais Differdange était un choix judicieux puisque c'était une équipe qui venait courir en France. Cependant, quand on part à l'étranger dans des équipes de ce niveau, bon courage pour revenir dans l'hexagone car on est trop peu suivi, on nous oublie vite. Je suis pour tenter une expérience à l'étranger mais minimum dans des équipes Continental Pro. Je pensais m'être enterré, être aux oubliettes. J'ai eu de la chance d'avoir des contacts. Car j'ai dû m'orienter vers l'étranger pour passer pro, les équipes françaises n'ont pas été très réceptives quand j'étais chez Côtes d'Armor (2011). Pourtant, j'étais chez les meilleurs dans les jeunes, je me retrouvais souvent avec Romain Bardet et j'ai même été sélectionné en Equipe de France Espoirs. C'est d'ailleurs un bon chemin pour passer pro. Mais pour moi c'était soit l'étranger, soit je devais déjà mettre un terme à ma carrière. Et quand on est jeune, que l'on travaille dur pour réaliser son rêve et que quelqu'un arrive avec un contrat pro, on dit oui tout de suite avec des étoiles dans les yeux.

 

Que retenez-vous de vos trois ans au Luxembourg ?

J'ai fait de supers rencontres humainement, j'ai découvert des cultures et des horizons différents, des choses pas faisables avec des équipes françaises. Ce fut une expérience pleine d'enrichissements, de voyages, de courses exotiques... Toute l'équipe vivait ensemble presque 24h/24 dans un même appartement. Vivre au Luxembourg c'est sympa, la vie est géniale.

 

Vous qui avez donc vécu au Grand-Duché ces trois dernières années, comment a été perçue la retraite d'Andy Schleck là-bas ?

On en parlait entre nous ou avec le staff, c'était probablement la meilleure chose qui pouvait lui arriver. C'était la solution la plus sage qu'il pouvait prendre. Je pense qu'Andy a eu des difficultés à gérer certaines choses... Il n'a d'ailleurs pas forcément une bonne presse au Luxembourg.

 

Etait-ce une volonté de revenir en France ?

Clairement, honnêtement, nous coureurs français on n'a pas à se plaindre car on est très bien encadré par la FFC, ce qui n'est pas le cas quand on court à l'étranger. Ici, on cotise pour sa retraite, on peut vivre de son métier, ça change une carrière car le statut est différent. On devient salarié d'une entreprise, ça change beaucoup de choses. Revenir en France n'était pas l'objectif mais je suis très content car les contrats sont carrés, pas incompréhensibles. Ce n'était pas ce qui était prévu puisque j'avais des contacts avancés avec une équipe étrangère, mais c'est le choix de la sagesse.

 

Quel bilan faites-vous de votre saison 2014 ?

Que je me suis donné les moyens de refranchir le Rubicon, de revenir à mes premières amours. J'ai su être constant sans pour autant faire de gros coup. La saison 2014 a été correcte, régulière, je n'ai jamais été malade ni blessé, ça présage de bonnes choses. Je pense avoir une grosse marge de progression. Je ne suis pas encore au maximum de mes capacités, je suis encore un coureur tout neuf (26 ans). Je tiens d'ailleurs à remercier Differdange, on se quitte en très bons termes, ce sont des personnes formidables. C'était important de se quitter ainsi, c'est la conclusion d'une superbe expérience. Le bilan est bon sportivement et humainement. Cette 10e place chez BigMat-Auber93 était disputée, j'ai su y croire jusqu'au bout.

 

Quels sont vos objectifs pour 2015 ?

J'espère que la saison 2015 sera révélatrice de mes capacités afin de remercier l'équipe de m'avoir fait confiance et de ne pas les décevoir. Je n'ai pas encore défini mes objectifs mais on a des échéances à ne pas louper comme les manches de la Coupe de France. Certaines m'attirent d'ailleurs, comme le Tro Bro Leon, Paris-Camembert ou le Tour du Finistère. Mais il y a des belles courses toute la saison. Je pense être capable de tenir la route sur des épreuves comme le Criterium International ou les Quatre Jours de Dunkerque. Ce sera très important d'être performant. Et pourquoi pas sur les championnats de France ? Je n'ai jamais été bien loin avec Differdange en n'étant jamais au départ dans des conditions optimales. Le maillot bleu-blanc-rouge me fait rêver. Je connais le coin, le circuit sera usant, il fera mal en fin de course et on a déjà vu des coureurs comme Florent Brard ou Dimitri Champion faire des exploits ces dernières années. On ne sait jamais...

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